Note du SoilChroniqueur (Wilhelm von Graffenberg) : 8.5/10

Cinq fruits et légumes par jour, un repas varié et équilibré… Cela semble être la devise de Gargantua, groupe francilien qui, dans son premier EP intitulé Avant Propos, nous prépare un mets digne de l’abbaye de Thélème : le « savoir jouir de tout ».

Tradition rabelaisienne ou pas, dans cette formule entrée + plat + salade + dessert, on passe du Thrash au Prog au (Hard/Metal/Death)Core au Black Metal au Gothic au Death mélodique dans ce joyeux foutoir musical fait de quatre morceaux, mais qu’importe l’ordre. Un soupçon de genres éloignés viennent par pincée agrémenter le tout (tchatcha me semble-t-il, mais aussi jazz). Si on devait chercher une similitude spirituelle, j’invoquerais les japonais de Dir en Grey, aptes à passer de la tendresse à la schizophrénie la plus totale en l’espace de deux riffs (c’est en particulier sur le pont central de « Threshold Pt1 » que l’impression m’a été flagrante)… Mais pas que, car le dernier morceau « Ne mot dire », chanté en français, évoque quant à lui plutôt des inspirations de Misanthrope, dans les arrangements comme dans le timbre du chanteur qui fait penser à celui de SAS de L’Argilière. Ma petite préférence va évidemment à celui-là, mais il s’agit du fait que j’apprécie Misanthrope et que peu de groupes, français ou internationaux, ne semblent vouloir s’en inspirer.

Pour rester dans la francophilie, on peut aussi noter la présence de claviers – et là, vous allez me rétorquer « en quoi c’est bien français d’intégrer des sons d’orgue Hammond, de lead square, de piano électrique ? » mais attendez un peu – en particulier celui d’un accordéon de type musette (cliché ou pas ? volonté de signer son identité musicale française ?) pour le coup très bien joué et écrit, qui ajoutent une ambiance « balloche » assez étonnante – dans le sens « surprenante » – par moments.

La production sonore est bonne et équilibrée également, ce qui rend les victuailles et leur mélange plus digeste – oui, là, ça fait beaucoup d’un coup, on risque de ne plus savourer à force de passer d’un gout à l’autre, même si, comme les couleurs, ça ne se discute pas. Qui plus est, passer du coq à l’âne de cette manière, tant vocalement qu’instrumentalement, nécessite de grandes capacités de maitrise (culinaire, pour rester dans l’allégorie).

Un festin pantagruélique que ce premier coup d’essai qui comme son nom laisse présager, n’est qu’un Avant Propos. Un groupe qui, à l’instar de son patronyme, veut voir grand et appétissant… à suivre, donc. A écouter quand on ne sait que choisir entre la poire et le fromage, après une bonne escalope avec une salade.

[Ndl’A : attention, un groupe de Prog polonais, ainsi qu’un autre de Thrash canadien portent le même nom ; ici, rien à voir]
Tracklist:
1. A delightful Sense of the Absurd (8:03)
2. Threshold of Death Part I (8:00)
3. Threshold of Death Part II (4:52)
4. Ne mot dire (4:41)

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