Line-up sur cet Album
Jan Henrik Ohme : chant / Jon-arne Vilbo : guitares / Kristian Olav Torp : basse / Lars Erik Asp : batterie / Mikael Krømer : violon, mandoline / Thomas Andersen : claviers.
Style:
Rock Progressif éthéré / Art RockDate de sortie:
17 mars 2014Label:
KscopeNote du SoilChroniqueur (Lusaimoi) : 9,5/10
La soupe froide venue d’un pays chaud.
Voilà à quoi j’ai pensé en voyant le nom de Gazpacho.
C’est tout.
Honte à moi, car le groupe norvégien s’est formé en 1996 et a sorti huit albums, tous plus ou moins affiliés au terme « chef-d’œuvre ». Une constance dans la qualité qu’ils doivent au souci de conserver leur indépendance, grâce, notamment, à la communication sur leur site Internet et leur forum. Indépendance – malgré leur collaboration avec le très bon label Kscope – qui leur permet de prendre des risques, d’expérimenter, de faire tout simplement ce qui leur plaît sans avoir derrière eux quelqu’un qui leur dit quoi faire pour mieux vendre.
En 2014, Gazpacho revient avec Demon, un album qui confirme tout ce que les connaisseurs pensent d’eux et qui va a coup sûr enchanter les fans de Rock Progressif planant.
Quelques secondes. C’est à peu près le temps qu’il vous faudra pour tomber amoureux de la formation. Ces notes délicates au piano, puis cette voix. Cette voix ! Si sensible ! Si pure ! Si fragile ! Et forte aussi ! Ces premières secondes nous embarquent directement dans un univers beau, onirique et emprunt d’une mélancolie puissante et touchante. Comme si cet album voulait faire mentir son titre.
Un démarrage en toute simplicité et pourtant d’une richesse incontestable, qui se poursuit par l’arrivée de cette guitare électrique qui vous prend aux tripes, avant que la sérénité fasse son retour. À l’image de cet album, en fin de compte.
Car Gazpacho nous offre des mélodies claires, dignes d’un Soft Rock ou d’une Pop élégante, mais les insère dans des morceaux long et tortueux, sans que l’auditeur ne soit jamais perdu. Demon se compose de seulement quatre titres, chacun oscillant entre 5 et 18 minutes, pour une durée totale de presque trois quarts d’heure. Les Norvégiens arrivent à pondre quelque chose de très simple, d’apparence, de l’étendre sur plusieurs minutes sans que l’ennui n’apparaisse, là où pas mal de groupes auraient provoqué bâillements ou désintérêt en quelques secondes. Le talent, sans doute.
En témoigne cet envol, sur « I’ve Been Walking – part one », dont j’ai déjà parlé, suivi de cette mélodie simplement sublime. Quelque chose qui surprend en étant en même temps si instinctif, naturel, quelque chose qui est apparu de nulle-part, qu’on entend pour la première fois et qu’on a pourtant toujours connu.
Gazpacho multiplie les ambiances, toujours dans un grand souci de cohérence et d’émotion. Ainsi, on peut passer d’un violon d’une grande tristesse sur la fin de « I’ve Been Walking – part one », à des notes entraînantes et joyeuses sur le début de « The Wizard of Altai Mountain ». Le voyage que nous offre Demon nous embarque ainsi – par un solo d’accordéon d’abord très français puis très slave – dans des sentiments plus mélancoliques et nostalgiques. Puis on part dans un vieux manoir hanté, par quelques notes hypnotiques et inquiétantes au piano. Le chant devient alors fantomatique, et ce ne sont pas les fredonnements qui me feront dire le contraire. Cette image se concrétise lorsqu’arrive ce vieil enregistrement faisant penser à un vinyle usé.
On peut avoir l’apparition de la guitare électrique, qui fait prendre au morceau un envol comme seuls les meilleurs groupes savent le faire, puis voir cet élan brisé par une rupture qui amène une pause totalement sereine.
D’ailleurs, la fin de « Death Room » joue constamment sur ces ruptures contrastées – entre puissance et calme – fréquentes et qui reviennent, mais qui ne perdent jamais l’auditeur. Ce dernier titre monumental de 18 minutes clôturant l’album évolue insidieusement, sans qu’on s’en rend compte, et se lie aux autres morceaux. En témoignent ce chant légèrement vocodé – rappelant le meilleur d’un Matthew Bellamy, le côté « j’en fais des caisses » en moins – se rapprochant du vieil enregistrement de « I’ve Been Walking – part two », ou ce passage marquant le retour de l’élément nostalgique amorcé dans « The Wizard of Altai Mountain ».
On n’est que dans la première partie de l’année, et je sais déjà qu’on tient là un album majeur de 2014. Il est d’ailleurs étonnant, avec ses huit albums et toute cette réputation, que le groupe ne soit pas arrivé à mes oreilles plus tôt. Gazpacho sait comment allier simplicité, d’où naît l’émotion, et complexité, grâce à la superposition de différentes couches qui confèrent aux morceaux une extrême richesse.
Le grand album d’un grand groupe. Tout simplement.
PS: à noter qu’une version limitée digibook (magnifique et en total accord avec l’artwork au look cartonné) contient un titre bonus, « The Cage ».
Tracklist:
01. I’ve Been Walking
02. The Wizard Of Altai Mountains
03. I’ve Been Walking Part 2
04. Death Room
Site officiel : gazpachoworld.com
Facebook :facebook.com/Gazpacho.Official.BandPage
Laissez un commentaire