Note du Soilchroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 8/10

Intéressant ce quintette parisien de Glowin Shadows… Avec leur album Ghosts, Fools & Fakes, je pense que les amateurs déç(h)us de Fall out Boy vont pouvoir se refaire une santé.

Je n’hésite pas à faire ce comparatif tant leur Rock/Metal alternatif (avec une petite touche émo, cependant, mais ne partez pas tout de suite…) m’y a fait penser ; on retrouve dans cet album principalement comme teneur générale le groove boogie qui a fait les heures de gloire des américains dont on entendait le bip censeur chaque fois qu’ils prononçaient le mot « goddam »… Nos français n’auront pas à subir cette censure… Déjà parce qu’il sont français et qu’on peut dire « merde » ou « putain » sans risquer la main de fer dans le gant de latex, sans vaseline, de nos autorités régulatrices bien-pensantes qui assument de diffuser la vulgarité à heure de grande écoute au vu et su de tous, mais surtout parce que quoiqu’il en soit, leur musique, toute entrainante soit-elle, ne sera surement pas diffusée sur des média généralistes, vu qu’ils ne parlent pas de trucs à la con, mais proposent une vraie réflexion et une suite d’idées dans leurs textes – ça, ça dépasserait le péquin lambda qui se contenterait d’un « si, si, wesh gros » ou d’une jeune fille en fleur qui penserait davantage au tuto make-up d’Enjoyphenix et au nombre de squats qu’elle peut faire pour avoir le cul de Nicki Minaj plutôt que de lire Baudelaire… De la réflexion et de la légèreté, c’est plutôt un bon point, non ?

Bref, c’est un BON album, pas du tout extrême… Enfin, je vais loin en disant pas du tout parce que c’est aussi un gros fourre-tout – non, là, y a pas d’allusion vulgaire ou misogyne. On peut y déceler des tonnes de genres, des plus accessibles pour un auditeur non aguerri à la brutalité sonores mais allant même jusqu’au Death mélo bien lourd en fin d’album. Eux-mêmes s’amusent de cette variété dans leur livret, citant pêle-mêle des influences dans le rock, le Metal, la musique symphonique, le jazz, la pop, l’électro, le mambo, l’opéra baroque… ce qui est fondamentalement vrai, mais toujours en formant un ensemble cohérent… Et franchement, cette homogénéité dans l’hétérogénéité, ça fait du bien.

Au point d’ailleurs que cet album mérite d’accompagner vos déplacements matinaux en temps que musique de fond qui vous donnera ce qu’il faut de réveil et de bonne humeur pour passer au moins les premières heures de la matinée – enfin celles avant le café salvateur – de bon poil sans vous l’être encore fait hérisser par la première situation perturbatrice cette comédie dramatique qu’est la Vie, qu’elle soit dans une personne que vous avez envie de baffer ou une situation foireuse comme il en arrive tous les jours… Les fameux « aléas »… Je n’utilise pas cette référence théatreuse en vain non plus, car cette divine comédie italienne fait parti du message qui sert d’approche au groupe, déjà par son artwork de Janus moliérisant, la bipolarité de l’humain, une duplicité paradoxale qu’on trouve déjà dans le nom – typé émo – du groupe avec son oxymore – non : des ombres n’émettent pas de lueur ! Bon, j’avoue que ce n’est pas le point le plus réussi, contrairement à l’équilibre de la balance générale de cet album, franchement plus enthousiasmant. Celui-ci termine par des versions balade folk/acoustique/pianistique de 3 titres de l’album, la référence certaine au penchant pop du groupe, mais qui ne détériorent pas davantage la qualité des morceaux, en proposant juste une version… bah, comme dans l’étiquette : « alternative ».

Bon, vous allez me dire : « Ouais mais ils se sont pas faits chier : ils ont juste fait une édition Deluxe combinant leurs deux précédents EP remasterisés et ajoutant quelques bonus ! » Oui… c’est vrai… mais c’est bien fait – et pas pour leur gueule. Qu’ils soient actuels ou actualisés ne remet aucunement en question le travail fourni et la recherche – et puis moi je découvre, donc je ne peux me faire un avis qu’en l’état actuel des choses, d’abord ! Na !

Cet album vaut largement son simple coup d’oreille, sa simplicité et son efficacité faisant mouche (si on, a envie de fredonner des refrains, très souvent, c’est que le pari est gagné). Je pense que le seul reproche que j’aurais à adresser est encore un manque de maturité au concept musical – logique en un sens : sorti du remastering, pas de nouvelle compo –, encore en épanouissement mais non encore abouti car si beaucoup d’idées s’enchainent, elles mériteraient d’être encore plus poussées, entre autres au niveau du timbre vocal, trop banal et déjà entendu, qui aurait bien besoin d’une recherche plus approfondie pour éviter de tomber dans un poncif mainstream désolant au profit du Dieu Bifton – démarche que je crains à terme au vu de la multiplication des média développés par le groupe.

A écouter avec un clown en compagnie de lueurs mortes ; CA en vaut la peine…

Tracklist:
1. You Need To Talk… (3:54)
2. Schizophrenia (4:00)
3. Fleeting Delight Act I (0:42)
4. Requiem (4:07)
5. What’s Going on? (3:44)
6. Fleeting Delight Act II (0:48)
7. Halloween Party (4:16)
8. Glowing in the Shadow (3:24)
9. Fleeting Delight Act III (1:09)
10. Liars Die (3:35)
11. Unleash Your Shadow (5:22)
12. We Need to Talk… [Acoustic Version] (3:12)
13. What’s Going on? [Piano Version] (4:53)
14. Schizophrenia [version originale] (4:00)

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