Note du SoilChroniqueur (Fast Freddy) : 7/10 

Godfrost n’est autre que le projet solo de Frost, guitariste au sein de Gods of Decay, groupe nippon mélangeant le post grunge, le metal alternatif, gothique et la fusion, tout un programme. A l’instar du groupe dans lequel il officie, Frost affiche clairement sa volonté de s’éloigner de la musique japonaise en général et des clichés, que celle-ci véhicule souvent dans le metal, en particulier… Donc, pas de manga metal dans son premier album éponyme qui sort chez Sliptrick Records en ce début d’année 2024 ! Maintenant, lorsque l’on voit la ribambelle d’invités conviés, on peut se poser des questions quant au côté solo du projet. 

C’est une dizaine de morceaux au total, qu’il convient de qualifier de metal industriel mais dont le contenu est bien plus complexe que ce seul qualificatif ne le laisse transparaitre. Forcément avec une envie de créer une musique qui ne ressemble à aucune autre, le chemin qui y mène est tout sauf une ligne parfaitement droite, l’association de plusieurs influences est nécessaire pour décupler sa créativité et arriver à bon port.
Certains verront ici une quête de sa propre personnalité non encore arrivée à échéance (je sais que des psychologues nous lisent !), d’autres la fougue d’une jeunesse qui ne veut en aucun cas suivre les sillons creusés par leurs anciens. La vérité est peut-être quelque part au milieu de tout ça !

Une chose est sure, c’est qu’il faut avoir les chakras bien ouverts pour aborder l’écoute de cet album aux ambiances tantôt électro, tantôt futuristes, aux rythmes variés et aux approches surprenantes.
« Mental Breakdown » sonne très electro-indus par exemple et on y retrouve l’âme d’une certaine Anne Clarck, dans le chant notamment, qui excellait dans les années 80 dans le domaine de la musique expérimentale new wave. 
On retrouve cette approche expérimentale et cette atmosphère dans plusieurs morceaux, l’écoute de « Darkness Phobia » ou encore de « RRRR » ne venant qu’appuyer ce propos. 
Les voix féminines qui apparaissent à plusieurs reprises ont quelque chose d’envoutant, voire sont en capacité à déstabiliser l’auditeur. En effet, leur mélodie globalement calme et fluide semble parfois en décalage ou en opposition avec la partie instrumentale plus tourmentée.

« Abnormal Sadness » se démarque clairement du reste de l’album. Il se présente sous la forme d’une belle balade acoustique, mélancolique et dont la douceur de la voix associée aux arpèges lents amènent une once de tristesse, le titre le laissant deviner au passage.
C’est une atmosphère très dark electro que l’on retrouve sur « Simple Madness », qui a travers le côté martial de son rythme et la voix étouffée pourrait presque être addictif.

On notera également de temps à autre des passages dont les riffs lourds et simples pourraient s’apparenter à une sorte de heavy rock comme c’est le cas sur « Lament of Sheep », moments d’intensité immergés au sein de passages plus planants ou sur « Ephemeral Symphony » qui est probablement le titre se rapprochant le plus d’un metal classique. En effet, le bon travail de la guitare, que ce soit pour les riffs comme pour la partie mélodique et les soli au feeling, milite en ce sens.
Ce premier opus se termine par un angoissant et sombre « Unstable » dont une fois encore, la voix parlée n’est pas sans rappeler celle d’Anne Clark.

Vous l’aurez compris, Godfrost est tout sauf linéaire ! Il emprunte les méandres tortueux de différents styles musicaux dans ce qu’ils ont souvent de plus sombre pour créer sa propre approche musicale avec une capacité à surprendre. Cet album s’adresse à une audience élargie bien au-delà de la sphère metal.

Tracklist :

1. Mental Breakdown 4:00
2. Darkness Phobia 04:03
3. Insane Delusion 02:52
4. Abnormal Sadness 04;14
5. Awaken To The Presence Of God 02:46
6. Falling Asleep 02:56
7. Simple Madness 03:04
8. Lament Of Sheep 03:29
9. Ephemeral Symphony 03:50
10. Unstable 02:55