Godisdead – II

Le 6 octobre 2013 posté par Lusaimoi

Line-up sur cet Album


  • Alex : basse, chant
  • Pascal : guitare
  • François : guitare
  • Mathias : batterie

Style:

Thrash/Black de taré

Date de sortie:

juillet 2012

Label:

Autoproduction/Black Wave Promotion

Note du Soilchroniqueur (Lusaimoi) : 8,5/10

 

Quand Black Wave Promotion me propose une chronique CD, je ne peux que répondre par l’affirmative. C’est comme ça. Jusqu’à maintenant, quelque soit le groupe, ce label a fait preuve d’un sens aiguisé de la qualité. À chaque fois, la découverte a été, au pire, simplement bonne (Lo! par exemple), au mieux, tout bonnement exceptionnelle (ah ! Zapruder). Alors quand j’ai entendu parler de Godisdead, une fois encore, et même si j’avais déjà plusieurs albums en attente, je n’ai pu me résoudre à refuser. Mais jugez-en plutôt les raisons.

Godisdead (oui, en un seul mot) s’est formé en 2008 dans la région d’Avignon (décidément, après Mudbath, ma ville pond pas mal de bons groupes). En 2010 sort leur premier album éponyme. Et puisqu’ils ont l’air de vouloir sortir un CD tous les deux ans, c’est en 2012 qu’arrive un « II », dont le nom, aussi simple que celui de son prédécesseur, cache bien le jeu de ces gaillards. Parce que concernant la musique, Godisdead est assez loin de faire dans la sobriété, avec un bon mélange entre Black, Stoner et Punk. Ceci est d’ailleurs observable dès l’artwork du CD, présentant, dans une pénombre mystérieuse, les membres du groupes attablés en cercle autour d’un crâne de bouc, des verres en étain et des bougies disposés sur un pentagramme. Un mélange des genres visible jusque dans les textes – crachés dans un hurlement rauque et criard à la fois –, qui reprennent les symboles sataniques pour leur faire prendre une dimension plus revendicatrice et engagée, comme peut nous le faire voir le leitmotiv « I am symbolic, not a religion » issu de « Lucifer ».

Une description de style qui peut faire penser à Kvelertak, groupe qui, depuis leur premier album, ne cesse de faire parler de lui. Mais là où les Norvégiens font davantage ressortir le côté Hard Rock du mélange, qui se voit boosté au BM, c’est plus les côtés sombres et inquiétants de l’Art Noir, qui apparaissent chez nos compatriotes.

Et on le ressent dès « At the gate of… », comptine macabre que la basse et les sonorités stridentes font ressembler à une cérémonie vouée au Malin. L’un des moments calmes de l’album. Car pour le reste, c’est une violence malsaine qui nous prend à la gorge. Un Thrash/Black dissonant et tordu, parfois massif et plombant, comme « Hate », ou « No Song » qui devient vraiment triquant à 2min30 avec son envolée sur laquelle vient se poser une série de soli. Un Thrash/Black qui fait naître sans cesse des images cauchemardesques dans notre esprit (la fin de « Lucifer », juste avant des lignes vocales qui devraient fertiliser l’imagination des religieux paranos).
Un Thrash/Black soutenu par une production qui souligne la puissance du propos, tout en restant dans une crasse propre au Punk le plus sale. Une production parfaitement adaptée au style, puisqu’elle permet de savourer chaque maltraitance d’instrument, notamment la basse.
Instrument ô combien relégué à l’arrière plan habituellement et qui prend ici toute sa valeur, puisqu’elle s’émancipe de la guitare pour venir créer la mélodie, comme sur le timbré et violent « Deaf, Dumb & Blind ». L’instrumental « Fenrir’s Tribe », deuxième moment de calme (enfin… calme…) du CD, lui semble même dédié, notamment grâce au solo.
Et cette mise en avant, c’est justement ce qui donne le côté Stoner à la musique de Godisdead. Ce style prend même la part belle dans la deuxième moité de « Follow the Wake, part 1 » en forme de lueur d’espoir avant un retour dans les abysses de cerveaux dérangés. Du coup, on a bien l’impression de se trouver dans les terres d’une Amérique profonde, mais plus dans celle de Massacre à la tronçonneuse ou La Maison des 1000 Morts, que dans une paisible bourgade campagnarde.

À vrai dire, on pourrait très bien s’imaginer le groupe nous jouer un concert dans une maison abandonnée et délabrée dans le seul but de tous nous sacrifier à la fin pour se baigner dans notre sang (si cette idée vous a plu, pensez à voir un psy). Même les soli semblent avoir été faits par des guitaristes schizophrènes. Quelquefois mélodiques (« Sine Dogma »), souvent tarés (« Deaf, Dumb & Blind », « Follow the Wake, part 1 », « Hate »), ou un bon mélange des deux (« Brainwashed »), aucun ne se ressemble et aucun n’est posé là pour de la pure démonstration.

Si Godisdead nous sert parfois de moments d’accalmie, comme le faussement opethien « Follow the Wake, part 2 », ce n’est que pour que la violence nous apparaisse décuplée par la suite, que pour nous redonner un semblant de lumière avant de nous replonger dans les méandres de leurs esprits instables.
« II » est un album paradoxal. Se détournant des clichés habituels du BM, il en devient presque plus inquiétant. Énormément travaillé et offert par des musiciens qui maîtrisent leurs instruments, mais urgent comme un cri de rage, il apparaît presque improvisé, comme craché un soir après une répet’ trop arrosée.

Ou lors d’une nuit de Sabbat.

 

Facebook : www.facebook.com/pages/Godisdead
Bandcamp : godisdeadmusic.bandcamp.com

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