Line-up sur cet Album
- Alex : chant, basse
- Francois : guitare
- Pascal : guitare
- Mathias : batterie
Style:
Thrash/Black/Punk...Date de sortie:
24 mars 2015Label:
Black Wave PromotionNote du Soilchroniqueur (Lusaimoi) : 8,5/10
Il y a quelques semaines, lorsque je suis revenu sur leur premier album éponyme, je vous disais que Just … Die, troisième CD des tarés de Godisdead, était attendu avec une belle impatience. Et bien aujourd’hui, réjouissons-nous ! Car il est bien là, en chair et en os, ou plutôt, en plastique et en carton, parce qu’il nous arrive accompagné d’un digipack très réussi.
En fait, si le premier album posait déjà avec une réussite certaine les bases du groupe, c’est surtout le carton plein que constituait II, qui a accentué mon impatience. Véritable auge de violence malsaine, il affirmait une personnalité forte, par un mélange des genres – Thrash/Black, Punk et Stoner – bien digéré et particulièrement réussi.
Ainsi vient alors la question légitime : ont-ils réussi à faire mieux ?
Eh bien le truc, c’est que Godisdead est bien plus malin que ça. Car au lieu de s’enfermer dans leur style, et de nous pondre un II-2, qui aurait forcément été comparé à son prédécesseur, les gars ont décidé de passer à autre chose, sans non plus se renier. Pour résumer, on pourrait dire que Just … Die se situe entre Godisdead et II, et en même temps totalement ailleurs.
On retrouve cette production qui nous avait flatté l’oreille sur le deuxième CD, synonyme de crasse et de fureur, même si, au premier abord en tout cas, elle semble un peu plus étouffée ici. Et puis, pas mal d’éléments reviennent et nous rappellent à qui on a affaire. Certains riffs sont devenus typiques du groupe, comme si, en deux albums seulement, il était parvenu à inscrire sa patte, sans pour autant nous servir la même chose à chaque fois.
Ensuite, il y a ces digressions, ces passages instrumentaux à la limite de l’atmosphérique où les membres semblent presque improviser sans se soucier du reste, tout en restant cohérent et en évitant soigneusement l’ennui – celui de « In Chains » développant une montée en puissance surprenante. Un élément qui prend une grande importance ici, puisque ces passages reviennent sur trois pistes maitresses, qui frôlent les dix minutes. On sait que les Avignonnais n’avaient que faire du respect des structures, ici, cette sensation est démultipliée.
Enfin, Godisdead, c’est aussi cette voix ; les hurlements d’Alex (aussi à la basse, qui tient toujours un rôle primordial), qui ne seraient pas les mêmes sans cette haine viscérale qui les caractérise. Une haine qui se prolonge sur l’artwork aux traits nerveux, que l’on retrouve dans les paroles – souvent directes, elles donnent envie de se les graver au fer rouge sur la peau – ainsi que dans le nom de cet album. Il ne doit d’ailleurs rien au hasard. Jusqu’à ces points de suspension qui symbolisent une colère si forte, si intense qu’elle va jusqu’à bloquer les mots dans votre gorge, vous obligeant à les cracher pour les sortir.
Cette rage est toujours là, mais se montre moins frontale ici que par le passé, même si des titres comme « Hypocrits » – du Thrash/Death rapide et primitif mais pas dénué de subtilités, jusqu’au refrain plus typé Black épique –, ou « Siensisar of Death » – tout aussi rapide, rageur et titanesque que son prédécesseur, mais dans un tout autre style – sont là pour nous foutre sur la gueule. On peut aussi citer « Fucking Assholes », basé sur des soli (aussi bons ici que sur II) qui ne se présentent jamais comme de la pure démonstration, mais décuplent au contraire la hargne véhiculée.
Mais dès le premier morceau, « Just … Die », on sent un groupe plus insidieux, plus porté sur une certaine complexité et sur la surprise. On voit alors ce riff d’intro – lent avec un certain côté grandiose auquel Godisdead ne nous avait pas habitué – repris par la suite dans le refrain, mais enrichi pour lui donner plus d’impact et (d)étonner. Puis le titre part dans l’une de ces digressions que le groupe apprécie tant, où la guitare tient le rôle principal sans délaisser la basse et la batterie. Se développe alors un décor toujours empreint d’une certaine lourdeur, mais nettement moins typé Amérique profonde qu’auparavant.
Oui, les ambiances prennent encore une place aussi importante, en témoignent les nombreuses interludes qui parsèment le CD, mais celles-ci sont bien différentes de celles qu’on retrouvait sur l’album éponyme et, surtout, II.
Ainsi, on a un « Extatic State » plus typé Death Atmo (chose aidée par l’intervention de Vincent Taïani, de Synopsys et Clone Shop), malgré une rythmique qui cogne bien, avant un passage ambiant rappelant un Swallow the Sun période Ghost of Loss.
« In Chains », lui, montre un aspect expérimental, avec à des touches Electro qui viennent modifier/perturber une base plus classique. Après un passage revenant à quelque chose de plus typique du groupe, un calme arrive. Puis la guitare revient, tout comme les éléments électroniques, faisant monter la pression. Pression qui atteint son paroxysme lorsque les machines de The Unik (aka Adrien Sauvaget, aussi à la prod’) prennent le pouvoir et transforment ce morceau en sorte de Dubstep( ?). Un passage complètement hors-sujet et pourtant tellement à sa place, puisqu’on est loin d’un son Dancefloor pour cas soc’ avides de tuning. Ici, ça donne une idée de ce qu’aurait été le groupe s’il s’était lancé dans la Techno, avec toute cette colère qui le caractérise. Le résultat me rappelle ce qu’a fait Dark Tranquillity sur « Archetype » (de l’EP Enter Suicidal Angels), tout en restant bien plus agressif et sacrément différent.
La haine de Godisdead est plus diffuse sur Just … Die qu’auparavant, mais elle reste bien présente et, finalement, aussi forte et viscérale. Le quatuor est toujours autant remonté contre l’espèce humaine et nous le fait savoir tout au long de cet album. D’ailleurs, celui-ci se termine par deux titres étonnamment calmes, dont « Illusory Illusions » (que « Earth » annonçait déjà) où Alex étonne par son chant clair très maitrisé. Mélancolique, ce morceau donne l’impression que son prédécesseur a vidé toute la rage du groupe et que celui-ci n’a plus d’autre choix que d’accepter tristement la médiocrité de ses semblables.
Sur ce nouvel album, les Avignonnais dévient de leur chemin sans se perdre. Ils gardent les bases de ce mélange qu’ils se sont approprié, mais ajoutent nombre d’éléments qui viennent l’enrichir.
Godisdead confirme là tout le bien qu’on pensait de lui. Just … Die se hisse sans peine au niveau de son génial grand frère et, à vrai dire, il m’est difficile d’en choisir un. Tout dépend de l’envie, de l’état d’esprit… Preuve qu’ils ont réussi à conserver leurs qualités, sans se répéter.
Tracklist:
1. Just… Die
2. Mercury
3. Hypocrits
4. Siensisar Of Death
5. Venus
6. Fucking Assholes
7. Extatic State
8. Earth
9. In Chains
10. Illusoiry Illusions
11. Mars
Bandcamp: godisdeadmusic.bandcamp.com
Facebook: www.facebook.com/pages/Godisdead
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