Godsend – As the Shadows Fall

Le 3 février 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Erik Oskarsson : basse
  • Benny Larsson : batterie
  • Tomas Steinscherer : guitare
  • Dan Swanö : chant, claviers
  • Gunder Audun Dragsten : guitare, basse

Style:

Doom Metal

Date de sortie:

27 novembre 2020 (réédition)

Label:

Hammerheart Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10

La vieillesse a ses charmes.” Marc Lévy

On se faisait la réflexion récemment avec notre Serenissimi Uicem Geris Christianissimus Metalfreakus que les labels, en ce temps de crise, avaient une énorme nostalgie, au point de sortir des rééditions d’albums. Et pas qu’un peu! On se demande parfois pourquoi d’ailleurs. Moi j’y vois un intérêt matériel, la possibilité d’acheter un album « rare » à un prix raisonnable, plutôt que de devoir vendre un testicule (dont notre chef suprême apprécie l’efficacité, puisqu’il parle souvent du fait que nous éjaculions, Antirouille et moi, en poudre) (NdMetalfreak : d’ailleurs, les scientifiques cherchent toujours la cause des particules fines et récurrentes dans la région Grenobloise) sur le darknet et ainsi payer un album rare cent euros. Mais il y a sûrement aussi une sorte de démotivation des groupes actuels et semi-professionnels, qui à défaut de pouvoir défendre leurs albums en concert, restent tristement à la maison et n’ont rien à défendre du tout. Les concerts étant importants (pas toujours, Angellore et Abduction sont de parfaits exemples) pour se montrer, se faire connaître, et pouvoir vendre du merch, j’imagine sans peine les groupes en train de se démotiver et donc, ne pas voir leurs compositions sorties par des labels aux abois. Bon, j’extrapole un peu puisque nous avons reçu pas moins de … productions à faire en chronique ce mois-ci. C’est donc selon moi un intérêt centré sur le nostalgisme et la volonté, peut-être en renouant avec des CDs ayant fait le bonheur d’un public aujourd’hui vieillissant, de redonner le sourire. C’est donc moi-même avec le sourire que je me lance dans une réédition. Celle de l’album As the Shadows Fall, du groupe Godsend, sorti en… 1997. Pour l’anecdote, j’avais sept ans.

Godsend n’est plus de nos jours. Le groupe venait de Norvège, de Trondheim pour être plus précis. Six années d’existence, entre 1991 et trace de sa dernière sortie en 1997, ont permis aux cinq membres de l’époque, de sortir trois albums et deux démos. Un parcours assez court, et qui quelque part me surprend surtout lorsque je découvre qu’il y a eu une réédition du premier album, sorti en 1993. Loin de moi l’idée de dire que le groupe norvégien ne la mérite pas, étant donné que je ne connaissais pas du tout le groupe, je ne jugerai aucunement la démarche de réédition. Mais est-ce le reflet d’un grand succès qu’il y a eu à l’époque et qui m’échappe? Et qui justifie encore plus la brièveté? J’ai souvenir du groupe Forbidden Site (de notre Grenoble) qui a connu une durée similaire et qui a durablement marqué son époque. Il est important de savoir que Godsend avait dans ces rangs un grand musicien du metal : Dan Swanö, qui a officié dans un nombre assez fou de groupes, parmi lesquels Bloodbath, Edge of Sanity, Demiurge, etc. Cela attire davantage ma curiosité d’autant qu’il officiait au chant et aux claviers. Je me lance donc dans cette réédition d’ As the Shadows Fall sortie chez Hammerheart Records.

En fait, cette réédition concerne la production elle-même, sans toucher à l’artwork. Pour les connaisseurs du groupe, c’est donc exactement le même artwork qui est utilisé ici. A savoir une photographie forestière assez belle, un ciel sur un ton grisâtre, nuageux mais que je trouve apaisant (j’adore les cieux orageux), cet astre extrêmement lumineux qui me font penser sans suspense au Soleil, et cette photographie, si elle est ancienne, est pleine de poésie. « Comme les Ombres Tombent », on voit bien ces fameuses ombres tombées à travers ce nuage noir, et j’y vois deux sens : la Nature et sa puissance destructrice, et / ou une métaphore des ombres maléfiques, les anges tombés du ciel. J’aime beaucoup ce genre d’artworks, anciens mais mûrement choisis. A l’époque, on n’avait pas toutes ces techniques graphiques pour sortir des beautés, mais une simple photographie et vous faisiez toute une histoire. Le logo du groupe très simple et l’écriture du titre une peu féérique, cela transpire une époque lointaine pour moi, qui me rend nostalgique. Bien joué le label! En tout cas, pas de changement concernant le design et j’ai envie de dire haut et fort Forrest Gump : « tant mieux! Une chose de moins! »

Et effectivement, comme je disais en haut, c’est bien la production qui a changé. Au départ, le son de l’album en 1993 était bien « garage », avec un son très rock, c’est à dire nasillard, sans réelle épaisseur. Je trouvais, pour avoir écouté la version 1993, que le groupe sonnait bien doom mais que l’appartenance au metal devait en être à ses balbutiements parce que je ne retrouve pas du tout l’agressivité caractéristique du metal. L’aspect doom avec la langueur des morceaux était présent, mais sans crever le plafond quoi. Disons qu’à l’époque, cela devait être une tuerie d’innover sur des riffs aussi lents mais bien rock. Là, le Toneshed Studio a surtout mis le son de l’album aux goûts plus modernes. C’est à dire un son plus épais, plus metal, avec des tonalités graves et ce que l’on connait surement tous du doom metal, même injustement estampillé old school. En fait, je pense que le doom a eu une époque bien plus old school que ma génération connait. Et cet album de Godsend, s’il a subi un coup de jeune, a gardé son côté ancien dans cette nouvelle version. C’est un très beau boulot de fait par Erwin Hermsen qui semblerait être un fin connaisseur du genre, au vu de son travail studio.

Après, pour ceux comme moi qui ne connaissent pas Godsend, l’album est assez étrange dans sa conception. Je ne sais pas si c’était l’époque qui voulait ce genre de démarche artistique, mais sur les neuf morceaux, plus de la moitié sont des espèces de compositions sorties d’une cathédrale, avec des réverbérations dans le chant qui sont poussés à l’extrême, et un chant limite un peu grégorien. J’ai souvenir de l’époque de Candlemass où le frontman était habillé en moine. La moitié des pistes sont très doom metal donc, avec ce chant très religieux. Et l’autre moitié sont des morceaux plus rock, un peu plus rapide mais à peine. Une création clivante donc, puisque clairement je préfère les morceaux « religieux ». Ceux qui sont plus rapides me parlent moins, surtout que même le chant est mixé autrement, plus naturel et donc moins arrangé. Pour ce qui est des instrumentations, on est toutefois sur du classique, du old school, avec le minimalisme que j’aime beaucoup. Les accords n’ont guère variés avec les années, pour mon plaisir. Les claviers sont super par contre! Je les ai toujours adorés comme cela, analogiques ou mystiques, et je me retrouve pleinement dans ce jeu de claviers qui fait la part belle à des atmosphères lourdes mais célestes. Echo à la pochette donc. Tout est cohérent dans cet album, hormis donc cette alternance de compositions que je trouve un peu bizarre, sans me déplaire mais trop illogique. En gros, pour résumer : j’aime bien cet album!

Là où j’ai été assez bluffé par contre, c’est dans le chant. Voir Dan Swanö officier dans un registre de chant clair, cela me laisse très surpris et surtout un peu perplexe. D’ailleurs, je ne l’ai pas reconnu sur l’instant. On ne va pas se mentir, le chant n’est techniquement pas brillant. Cela ne veut pas dire qu’il est mauvais en soi, mais il est juste très simple. Je ne lui trouve pas vraiment de présence, de charisme. D’ailleurs, je soupçonne cet hyper arrangement du chant sur les morceaux « religieux » d’avoir un rôle de compensation plus que de vrai effet chant. Je veux bien que le doom metal soit injustement vu comme un style mou, mais delà à proposer un chant aussi basique, c’est presque un peu insultant. On est quand-même sur une base rock, donc je m’attendais à un chant présent, sans être forcément agressif ou avec de la punchline, mais au moins un peu de coffre quoi… Là, le gonze colle ses lèvres sur le micro statique et force à peine. Bon, enfin cet album a vingt-sept ans, autres temps autres époques… Le chant, vous l’aurez compris, n’est pas ma tasse de thé du tout, même si je lui reconnais un intérêt sur les pistes doom atmosphériques mais l’intérêt est concomitant avec les arrangements piégeurs qui ont été proposés. Et puis, le nom du groupe me fait penser déjà de base à un office religieux, alors si en plus le chant s’y met… C’est mon avis.

Bon, je vais finir ici mon propos en vous expliquant pourquoi il faut vous procurer cette réédition. Je m’adresse à deux types de personnes : ceux qui ont connu Godsend en 1993 et ceux qui vont découvrir avec cette sortie de 2020. Pour les anciens, si vous n’avez rien contre le bon coup de peinture qui rafraîchit et qui donne une seconde jeunesse à un CD vieillot, alors foncez parce que cette réédition donne cette touche moderne et actuelle qui rajeunit ce bel album qu’il était avant. Pour ceux qui découvrent, n’ayez pas peur de vous confronter à l’époque où vous jouiez encore à Colin-maillard dans les testicules de vos paternels, parce que cet As the Shadows Fall garde son identité old school, propose un doom metal encore bien poussiéreux mais avec cette odeur pleine de nostalgie que l’on sent quand on ouvre un livre ancien et que l’on renifle l’intérieur des pages avec délectation. Cet album devait être une bonne sortie pour les années 90, la réédition est une bonne manière pour découvrir l’essence du doom metal avec pour treizième note de ce parfum la modernité. La réédition est très bien faite et donne envie en tout cas. Ce n’est pas l’album du siècle, mais c’est un bon album quand-même.

Tracklist :

1. Slaydream (03:24)
2. As the Shadows Fall (08:27)
3. With the Wind Comes the Rain (02:46)
4. Autumn Leaves (05:22)
5. Spiritual Loneliness (04:11)
6. Beyond the Mist of Memories (03:52)
7. My Lost Love 05:15)
8. Walking the Roads of the Unbeheld (01:56)
9. Silence of Time (07:12)

ITunes

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