Line-up sur cet Album
- Sully Erna : Chant, Guitare
- Robbie Merrill : Basse
- Tony Rombola : Guitare Lead
- Shannon Larkin : Batterie
Style:
Hard Rock/Rock/Metal alternatifDate de sortie:
27 Avril 2018Label:
Spinefarm RecordsNote du SoilChroniqueur (Forlorn) : 7,5/10
Ce qui s’avère être le plus intéressant n’est pas ce que nous avons là en soi, mais plutôt comment nous en sommes arrivé là. Godsmack, dans l’industrie musicale, c’est pas n’importe qui. Groupe créé depuis 23 ans à ce jour. Presque tous leurs albums se sont faufilés pour plus ou moins de temps en numéro 1 des ventes aux USA. Quand on parle de métal traditionnel, le nom de Godsmack finit toujours par être cité et c’est rarement en mal et, franchement, c’est pas pour rien.
Godsmack c’est imposé aujourd’hui comme une des références du métal new wave au même titre que Metallica est une référence du Thrash Metal. Et d’un point de vue plus personnel, Godsmack est le groupe avec lequel j’ai découvert le Metal, le premier morceau de Metal que j’ai écouté dans ma vie était « I stand alone » de l’album Faceless et c’est en parti grâce à eux (ou à cause d’eux, ça dépend du point de vu) que je suis devenu moi même musicien de profession.
J’ai donc un affect personnel particulier envers ce groupe. Je sais que vous ne vous passionnez pas forcément quand je raconte ma vie mais c’est important pour contextualiser la suite de cette chronique. Comprenez bien que je devrai nuancer mes propos en faisant bien la distinction entre ce que j’ai ressenti en tant que fan hardcore de la première première heure de Godsmack et ce qu’il en est d’un point de vue un peu plus « objectif ».
Mais avant toute chose, une fois n’est pas coutume, je vais me permettre le luxe de faire une petite rétrospective de leur discographie. Car, comme je l’ai dit plus haut, ce qui est intéressant n’est pas cet album mais… comment on en est arrivé là ? Car comme dirait quelqu’un que je respecte beaucoup mais que je ne citerai pas parce que je sais pas comment ça s’écrit* : « même si il est très intéressant d’observer les étoiles tomber, il l’est bien plus encore d’essayer de comprendre pourquoi elles tombent. »
*(je déconne : c’est une citation de Karim Debbache ; si un jour je ne sais pas par quelle satanerie tu tombes sur cette chronique, sache que je suis fan de ce que tu fais.)
Passons sur les débuts du groupe et commençons avec leur 1er album, Godsmack, un album éponyme donc, sorti en 1996 sous le nom All Wounds up, puis rebaptisé Godsmack lors de sa réédition en 1999. Dès le début, le groupe pose un métal très lourd. La prod très saturée n’est pas toujours au rendez-vous mais contribue au charme de leurs débuts. Très agressif et saccadé, cet album sent les débuts. Il y a là toute la touche expérimentale qui fait le charme d’un groupe qui se cherche.
Néanmoins il n’y aura pas besoin d’attendre plus longtemps pour voir trois des motifs qui reviendront dans toute leur discographie. Premièrement, ça groove à tout les niveaux, c’est de la musique qui bouge et qui donne envie de bouger. Deuxièmement, l’amour sans retenue de Tony Rombola pour la Wha présente dans quasiment tous les soli de tous les albums. Et troisièmement, il est à noter que Sully Erna est un adepte et pratiquant de la religion Wicca, dixent par exemple les titres vaudous présent dans cet album et, plus tard, avec des titres comme « Voodoo too », « Spiral », etc. Une religion qui inspirera grandement Sully Erna tout au long de sa carrière et donnera notamment cette touche ésotérique qui plane au dessus de la musique de Godsmack.
Novembre 2000 sort Awake et, concrètement, c’est l’évolution naturelle de leur premier album. Plus propre, plus cohérent, le style s’affine et s’assume. Un album très sombre dans sa production, toujours aussi saturée. Les gimmicks/motifs du groupe sont au rendez-vous. Nous avons droit au premier morceau instrumental du groupe, « Vampire », ce qui est généralement une preuve de prise de confiance. Une évolution certaine et marquée : essai transformé, comme on dit.
2003, Faceless, on rigole plus. Carton total et absolu ! Le groupe perd en saturation pour gagner en groove, en propreté et en ésotérisme. Pour beaucoup le « meilleur album du groupe », je ne suis pas d’accord mais, clairement, c’est l’album qui laissera une marque indélébile dans le tournant de la carrière de Godsmack. À noter que leurs morceau « Straight out of line » et « I stand alone » feront parti de la BO du jeu vidéo Prince of Persia : the Warrior within, ce qui contribuera grandement à la popularité du groupe et à faire découvrir le groupe en dehors des USA. « I stand alone » était par ailleurs un morceau composé l’année précédente pour la BO du film Le roi Scorpion, très mauvais film s’il en est mais qui, lui aussi, contribuera à faire découvrir le groupe. En dehors de ça, cet album est une réussite à tout les niveaux : plus posé, comme quand un groupe n’a plus besoin de se cacher derrière une agressivité et a suffisamment confiance en son talent pour proposer une musique plus mature et plus efficace.
En 2004 vient se greffer un petit EP acoustique sous le charmant nom de The other Side, reprenant des titres de leurs précédentes productions en acoustique, avec évidemment des morceaux inédits. Pour ma part, je trouve que les versions acoustiques des morceaux « Keep away », « Awake » (renommé « asleep ») et surtout « Spiral » dépassent de loin les versions originales. Une touche de fraîcheur plus que bienvenue dans leur discographie
Paradoxalement, c’est l’album disque d’or IV sorti en 2006 qui pour moi est la tache noire de la discographie de ce groupe. Un pas en arrière dans l’évolution du groupe, la production reste équivalente à celle de Faceless mais la musique jongle entre une agressivité qui fait suite à Awake, mais beaucoup trop tard. Et si la « touche » ésotérique reste agréable, la formule s’est essoufflée, les morceaux sont moins inspirés. Loin d’être un mauvais album, il n’arrive pas à égaler le précédent qualitativement parlant. Mais reste à porter à leur crédit les deux excellents morceaux « Temptation » et « Voodoo too ». Même les meilleurs ont leur passage à vide et je resterai inflexible sur le fait que c’est sans conteste en présence de IV que nous avons le passage à vide de Godsmack.
Retournement de situation : 2010, The Oracle… PUTAIN QUE CET ALBUM EST BON !!! Le meilleur album du groupe selon moi : plus groovy, plus chaleureux que Faceless, la production est sans le moindre défaut. La musique respire une maturité sereine tellement plus légère, profonde et sincère que l’album précédent. Un album qui, au jour où j’écris ces lignes, ne sera jamais égalé (désolé, spoiler). Ce n’est pas un album qu’on décrit avec des mots donc le seul conseil que j’ai pour vous, c’est d’aller écouter cet album. Les titres « Devil’s Swing », « Shadow of a Soul » et mon préféré entre tous, « Love, Hate, Sex, Pain », la quatrième piste de cet album que je pourrais écouter en boucle à tout jamais ! Probablement l’un des meilleurs morceau composé par le groupe, bien que trop méconnu dans leur discographie à mon sens.
2014 : 1000HP. Ça sent la bière et la moto. Porté par l’excellent titre « Something different », un morceau plus rock que les autres mais qui est tellement entraînant, l’album n’atteindra pas la qualité de The Oracle ou d’un Faceless mais reste une écoute très agréable, bien supérieure à celle de leur quatrième album. Et s’il est peut-être moins inspiré, il ne sonnera pas pour autant comme un échec ou un retour en arrière… simplement un album un peu plus détente, un peu plus facile pour le groupe qui en est quand même à son sixième album (sans compter l’EP). Très clairement le groupe n’a plus rien à prouver à personne. Ils sont lancés dans une course inarrêtable au succès et rien ne pourrait les dévider de leur route. À part eux-mêmes…
Et c’est dans la surprise générale qu’en 2018 arrive When Legends rise, un album teasé peu de temps avant sa sortie par les titres « Bulletproof » et « When Legends rise ». À contre courant de tout ce qui aurait pu être prédit, le groupe entame un virage à 180 degrés. Eux qui avaient réussis à imposer leur touche personnelle inégalable et inimitable, ils décident de sortir un album qui tire sur le Rock commercial. Beaucoup plus « positif » que leurs productions précédentes… mais ce n’est pas tout à fait vrai : l’idée de cet album est de faire du « comme tout le monde mais à notre sauce ». Pour ma part, j’ai été extrêmement surpris. À la première écoute de leur single « Bulletproof », je suis tombé de ma chaise en me disant : « ça y est Godsmack est mort… Ils ont mélangé mon groupe préféré avec un ersatz de Nickelback pour adolescents… » Ce qu’il faut savoir sur moi, c’est que, généralement, quand je chronique un album, je l’écoute une ou deux fois, je me fais mon opinion et j’attaque. Je n’ai pas besoin d’écouter trente fois un album pour savoir ce qu’il vaut. Mais dans ce cas présent, tout aura été plus compliqué. Pour être honnête, j’ai du écouter l’album une bonne vingtaine de fois, et ce n’est pas un euphémisme, avant de trouver les mots justes. Cet album est bon. C’est très surprenant mais c’est un bon album. Une fois passées les 5-6 premières écoutes et mon ressenti à chaud de puriste hardcore, j’ai accepté de lui laisser sa chance. Alors, certes, cet album à des défauts, il est loin d’égaler The Oracle ou Faceless, mais il vaut bien son 1000HP.
Dans un live sur je-ne-sais-plus quelle plateforme de stream, Sully Erna disait : « si nous continuons à faire ce que nous faisons, le groupe ne sera pas capable d’évoluer. Nous continuerons juste à faire ce qu’on sait faire et à produire les mêmes sons et les mêmes morceaux et nous ne voulons pas de ça. Nous savons que ce changement de direction en surprendra plus d’un, mais c’est un choix mûrement réfléchit, une prise de risque et une étape indispensable dans l’évolution de notre carrière ». Bien évidemment, je paraphrase car je n’ai pas retrouvé le live en question et je ne savais pas que j’en ferai la chronique au moment où j’y ai assisté donc je n’ai pas pris de note. Je dois reconnaître que je n’ai rien à reprocher à cette logique. Au contraire, je suis de ceux qui soutiennent la prise de risque et la remise en question.
Alors quid de cet album ? C’est un très bon « premier » album. Il est parfois répétitif comme certaines transitions assez clichés qu’on trouve dans trois voire quatre morceaux de l’album. Et si on veut le prendre en tant que septième album du groupe, il a de quoi décevoir mais, personnellement, j’ai décidé de ne pas le prendre comme tel, plutôt de le prendre comme le premier album du « nouveau Godsmack ». Ils découvrent un style qu’ils n’avaient pas exploré jusque là, avec de nouveaux codes, une nouvelle manière de travailler. Alors, forcément, ils tâtent le terrain, ils avancent doucement. Il y a des choses un peu répétitives, d’autres moins inspirées, d’autres totalement WTF, ce qui est normal : ils expérimentent. Par moments, on ressent la touche Godsmack traditionnelle. Il y a toujours la Wha dans les soli de guitares avec le même son qu’avant, le coté ésotérique à été néanmoins grandement mis de coté en faveur d’un groove plus accessible et moins mélancolique.
C’est l’album qui divise, l’album du renouveau, l’album de la prise de risque. Avec leur expérience, je pense que celui-ci sera la première pierre d’un nouvel édifice et j’attends avec impatience de savoir ce que donnera la suite de leur carrière après cette restructuration massive. Il est très intéressant d’observer les étoiles tomber, il l’est bien plus encore d’essayer de comprendre pourquoi elles tombent… Eh bien, elles tombent volontairement, elles lâchent prise pour mieux se relever sous un nouveau jour. Le roi est mort, vive le roi ; Godsmack est mort, vive Godsmack !
Tracklist :
01. When Legends rise
02. Bulletproof
03. Unforgettable
04. Every Part of Me
05. Take it to the Edge
06. Under your Scars
07. Someday
08. Just one Time
09. Say my Name
10. Let it out
11. Eye of the Storm
Site officiel : https://www.godsmack.com/
Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCe9rl8k6yymUeVzzXfFGWwA
Facebook : https://www.facebook.com/Godsmack
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