Line-up sur cet Album


  • Amón López : chant
  • Vicente Payá : guitare
  • Samuel Morales : guitare
  • Andrew Spinosa : basse
  • Tomeu Crespí : batterie

Style:

Doom Metal

Date de sortie:

02 mars 2021

Label:

Xtreem Music

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10

« Jésus, portant sa croix dans la montée du Golgotha, aurait souhaité avoir un diable pour l’aider. » José Artur

Au-delà de l’aspect blasphématoire de la citation que je trouve marrante, j’en viens parfois à me dire qu’elle est juste. Lors des moments de galères, on souhaite souvent être épaulé et peu importe de qui. Bon, il est évident que si je me retrouvais à trimballer une croix gigantesque en chêne massif, je ne souhaiterais pas que tonton Adolf vienne m’aider! A la rigueur, je lui laisserais la croix et j’irai siroter une bonne bière fraiche! Mais pour redevenir sérieux deux minutes, disons que l’Homme n’est pas fait pour s’émanciper totalement de relations sociales, et la crise sanitaire qui perdure encore n’arrange rien et démontre toute l’importance pour notre espèce de faire vivre les interactions sociales! Cette franche camaraderie que l’on retrouve dans les concerts de metal, elle me manque pas mal ce soir. J’ai en plus investi dans des sweats à capuche tous neufs, il va falloir les vacciner selon les sacrosaints écrits de la bière, de la sueur et des embrassades joyeuses entre collègues dans la fosse. Mais pour le moment, on n’est pas sorti de la fange dans laquelle on baigne inlassablement jusqu’à la noyade depuis un an. Un putain d’an quoi… Mais bon dieu, quand est-ce que ça va suffire?… Bon allez Quantum, ressaisis-toi camarade! Il te faut accomplir ta mission, ton ami correcteur et collecteur de vieux, le sieur Antirouille, va s’enjailler de corriger ton pavé monstrueux habituel. Pour cette nouvelle mission, le MI5 de Soil Chronicles m’a confié un nouvel ami en release du jour qui s’appelle Golgotha. Le groupe revient aux affaires avec un EP intitulé Remembering the Past – Writing the Future.

Mais alors, à part la montagne qu’a gravie Jésus, qui est Golgotha? Un groupe de metal, pardi! Etonnant non? Pour un webzine rock et metal surtout, on ne s’y attendait pas, avouez. Non allez, j’arrête mon craquage du lundi soir. Golgotha est un groupe espagnol qui vient des Îles Baléares et qui a connu trois renaissances. La première est concomitante avec sa création en 1992 jusqu’en 1998, la deuxième de 2004 à une date inconnue, et la troisième de 2014 à de nos jours. En fait, Golgotha c’est un peu le coronavirus du metal : il officie en trois vagues et détruit tout sur son passage! Enfin… Avec le peu de productions qu’il a à son actif. Rarement un groupe avec une aussi longue existence ne m’aura offert le sentiment d’avoir perdu des miettes sur leur trajet musical… En tout, quatre albums. Quatre EPs, trois démos, et un split vidéo. C’est peu cher payé pour un groupe qui a certes connu des remous importants et des périodes de vaches maigres. On se demande bien pourquoi si peu de CDs sortis en… Vingt-neuf années d’existence cumulées. En tout cas, cet EP appelé Remembering the Past – Writing the Future est donc le quatrième et sort sous la bannière de Xtreem Music. On va bien voir si mon scepticisme a quelques éléments de réponse, et si je parviens à expliquer pourquoi Golgotha, avec un nom aussi prophétique et maudit, n’arrive pas à faire plus.

Et question scepticisme, ce n’est pas vraiment vers l’artwork que je vais trouver un étayage suffisant. Disons, pour faire simple, qu’il est plutôt plaisant, mais il me fait plus penser à la pochette d’un groupe de dark wave ou néofolk que réellement du genre. Et il y a encore une certaine sur-accumulation de symboles qui font que cet artwork est plaisant, mais quand-même un peu chargé pour moi. On a donc des références à la Nature et à une symbolique un peu mystique, avec un serpent, des scarabées type Dynaste Hercule, une Lune, des branchages, bref. Un amoncellement de représentations qui, mélangées entre elles, ne veulent plus vraiment dire quelque chose. J’apprécie néanmoins le dessin de ce personnage féminin et cornu, comme une allégorie démoniaque de l’emprise du passé sur le présent, empêchant de se projeter dans le futur. J’aime bien, c’est bien trouvé! J’aime d’ailleurs beaucoup le titre de l’EP, plein de métaphores. Sans compter ce ton de gris un peu brumeux, qui fait penser à une sorte de fumée ou d’apparition dans la pénombre, ce sont des effets visuels que j’aime beaucoup. Bon, vous l’aurez deviné, cet artwork souffre de quelques défauts notamment sur cette habitude qui consiste à accumuler compulsivement des symboles et qui donnent un côté lourd à l’ensemble sur le plan visuel. Mais il n’en demeure pas moins qu’il est plaisant, c’est donc un bon oui pour moi.

Quand je suis passé à la première écoute de cet EP, j’y suis allé avec prudence pour l’analyse que j’ai pu faire de la carrière du groupe. La surprise aura été à la hauteur de ma réticence, c’est à dire avec un effet immédiat et exponentiel avançant sur l’écoute! La musique de Golgotha est d’une très grande qualité et jouit d’une profondeur mélodico-atmosphérique qui laisse pantois. De fait, l’étiquette de doom death metal est un peu vraie mais il y a une écrasante domination d’un doom metal très vieux jeu, avec des accords typiques et l’incorporation de quelques mélodies guitares qui sont tout simplement sublimes. Cet EP me fait penser au dernier album d’Eclipse of the Sun avec des claviers en nappes de fond en plus, et quand on se souvient de la note que j’avais mis à l’album des hongrois, on se dit qu’on est largement bien parti pour bien noter ce Remembering the Past – Writing the Future. En tout cas, une musique très centrée sur le doom metal avec juste une légère accentuation d’un son lourd et un chant qui parfois amène du growl medium. Une très bonne première écoute tant les morceaux sont excellents.

La production est l’un des gros points forts de cet EP. J’ai immédiatement balayé les incertitudes que j’avais sur l’avenir du groupe rien qu’en décortiquant l’intelligence du travail qui a été fait en studio. En soi, la production jouit d’un son moderne, avec cette touche death metal dans le son encore plus lourd qu’à l’accoutumée sans être toutefois dans le trop-plein de lourdeur et surtout, cette part belle qui est faite à d’une part des mélodies de guitares envoutantes et qui gagnent une belle place dans le spectre sonore de l’ensemble, et des claviers qui oscillent entre des chœurs et des nappes classiques, avec donc une utilisation très old school. On dirait une production d’un album qui aurait très bien vieilli avec les années, constat que je commence à faire de plus en plus dans le genre doom metal. Quoiqu’il advienne donc, les espagnols ont vraiment mis beaucoup de moyens dans la réalisation de cet EP. Ils auraient pu se contenter d’une vulgaire production comme cela est légion dans les EPs, mais ici, tout est propre et tout est à sa place. On dirait presque un album dans l’intention! A la lumière donc de ce gros point fort qu’est le son, je me demande pourquoi le groupe a de la peine à se trouver une stabilité. Parce que tous les ingrédients sont réunis!

De fait, je trouve que ce Remembering the Past – Writing the Future constitue une sorte de jonction temporelle entre le doom metal old school que l’on avait du temps de Godsend par exemple, et le doom metal moderne actuel que l’on a chez Atavisma ou Void Rot par exemple là encore. Et c’est là que je suis épaté, parce que cet EP s’écoute tellement facilement que cela en devient fou. Les cinq morceaux sont d’une part un inédit de l’année 2021, et d’autre part les autres sont en fait des compositions destinés à être produits en 2020 et qui ont été repeints à neuf. Du coup, on a des compositions teintées de l’ancien temps en quelque sorte, avec un son moderne et tout neuf! Moi, je dis bravo! Parce que parvenir à trouver cet équilibre, cette quintessence optimale pour ravir l’auditoire, c’est du très bon boulot. Typiquement le genre de pistes que j’aime, qui rassemble énormément de bons souvenirs et de bons augures pour nous donner envie de perpétuer la valeur musicale du doom metal. Je suis convaincu désormais d’y revenir et je maintiens que cette discographie famélique n’est qu’un pâle reflet qui cache la lumière incroyable qui constitue le potentiel du groupe des Baléares.

Et qui dit potentiel, dit forcément talent. On n’en vient donc à cette question qui m’anime depuis le début de ma découverte de Golgotha : qu’est-ce qui cloche donc pour que le groupe soit aussi peu productif? Ce n’est pas la production, ni les compositions excellentes, alors serait-ce un manque de talent? Assurément non. Certes il semblerait que le line up a beaucoup changé, mais concernant celui qui a élaboré ce Remembering the Past – Writing the Future est assurément une belle prise! Parce que les musiciens sont dans une belle maitrise des instruments, surtout pour tenir un tempo aussi lent. Il en vient d’ailleurs à dire que le batteur est le musicien qui m’inspire le plus de respect dans le style doom metal parce que, allez tenir un rythme aussi lent sans dériver d’un yota! Cela relève du génie pour moi, même si je peux m’emballer! Et puis, j’adore les accordages des cordes sur du doom metal. C’est un peu comme un ensemble orchestral concentré sur quatre ou cinq cordes, cette ambiance lancinante sur un même ton me plait toujours autant. Bref, on ne peut donc pas dire que le talent des musiciens est absent, et si je m’enjaille totalement sur cet EP, je me demande en arrière-plan pourquoi ce Golgotha n’a jamais réussi à faire plus… C’est comme ça, je suis ardéchois, je suis donc têtu.

Et le chant… Qu’est-ce qu’il est bon! En fait, c’est mieux que cela, il est très varié techniquement et offre une panoplie suffisamment large pour me satisfaire. Le chanteur parvient à produire un chant majoritairement clair, avec quelques envolées légèrement lyriques sans aller jusqu’à des octaves qui m’auraient agacé, mais aussi en growl medium qui fait un peu death metal (en effet), une voix féminisée qui intervient avec parcimonie et quelques épisodes narratifs. En gros, un chant terriblement efficace et qui se veut raccord avec chaque passage des compositions qui nécessitent tantôt un chant posé, tantôt un chant saturé. J’adore!

Bon, c’est le moment de mettre un point final à cette chronique. Cet EP intitulé Remembering the Past – Writing the Future du groupe espagnol Golgotha me fait beaucoup penser à celui d’Eclipse of the Sun que j’avais chroniqué l’année dernière et pour lequel je ne tarissais pas d’éloges! Un EP de doom metal très bon, bourrés de qualités présentes et surtout futures, une belle (sur)prise pour moi qui découvre encore chaque fois que le genre doom metal vieillit très bien en se morfondant dans la sphère moderne. Du coup, Golgotha s’impose à moi comme un groupe éternellement prometteur au vu de ses années d’existence. Il serait temps de maintenir une bonne fois pour toutes ce line up qui offre un EP d’une excellente alchimie, pour enfin confirmer. Enfin. Golgotha mérite largement de se hisser sur un podium de groupes de doom metal excellents. Cet EP est en tout cas une franche réussite, à bientôt l’album j’espère, et pourquoi pas un vrai concept album bien rôdé pour enfin aller de l’avant!

Tracklist :

1. Don’t Waste Your Life
2. Helpless
3. I Am Lost
4. Elemental Changes
5. Lonely

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