Line-up sur cet Album
Anoji Matsuoka - guitare, chant Fumio Takahashi - guitare Masashi Momota - clavier Oyama Tetsuya - basse Gaku - batterie
Style:
Metal progressif expérimentalDate de sortie:
10 octobre 2008Label:
Season Of MistD’une manière générale, le rock japonnais m’a toujours fait penser à une assiette de sushis. Posé comme ça, prêt à consommer, on ne sait jamais trop à quoi s’attendre, dissimulé sous une tonne de fard et de maquillage, le résultat n’étant que trop souvent nippon ni mauvais. Pays de toutes les excentricités et de l’exotisme par excellence, le cul toujours entre deux chaises, le Japon nous a habitué au meilleur comme au pire, partagé entre traditions d’un côté et mangas et autres japoniaiseries de l’autre. Depuis l’avènement du manga-TV, il n’est plus choquant d’écouter sa J-Pop vautré devant Naruto, la place de la dernière Japan-Expo fièrement encadrée au-dessus de la cheminée, sous l’œil bienveillant du Yoshi en peluche de rigueur.
Soit.
Ce que j’ignore en revanche, c’est la manière dont fonctionne Season Of Mist pour leurs découvertes. Toujours est-il qu’en signant Gonin-Ish et en rééditant ce « Naishikyo-Sekai » (la sortie japonaise datant de trois ans déjà.) dans nos contrées, le label français a une fois de plus eu le nez creux. Le quintette ne dérogera pas à la règle en terme d’excentricité ni d’exotisme, c’est sûr. Mais lui au moins mérite qu’on appuie sur la touche pause de son lecteur et qu’on s’exclame, médusé : « waaaahôôô !! Y’a du level, bordel !! »
Car pour maitriser ainsi un sujet aussi technique que déjanté, non seulement il faut une imagination débordante, mais la mise en pratique doit également être au quart de poil. Surtout lorsqu’au niveau des influences on en arrive à citer pèle-mêle Dream Theater ou Pain Of Salvation (pour certaines structures), Cynic (pour la basse jazzy), Sigh (parce que ça fait bien) ou encore Unexpect (pour un sens inné de la composition barrée). Et bien dites-vous que Gonin-Ish, c’est un peu tout cela à la fois. Agrémentez le tout d’une approche typiquement nipponne, ajoutez-y un piano totalement exalté et un chant alterné entre grunts féminins et parties typiquement japonaises et vous aurez alors un semblant d’esquisse de la musique pratiquée. On est prog ou on ne l’est pas, le combo pousse d’ailleurs le concept jusqu’au boutisme, parsemant ses textes de japonais ancien à peine compris par une poignée de personnes de nos jours.
Musicalement et comme le laisse transpirer l’artwork, c’est sur les longues compositions dites ‘à tiroir’, que le groupe se plait à exercer son art. Notes et sonorités se croisent et s’entrelacent en une fantomatique et mystérieuse flore musicale. Impénétrable végétation aux premières tentatives (‘Narehonate’), la musique du combo ne demandera à l’auditeur qu’à s’armer de détermination afin de prendre l’avantage sur, de premier abord, cette trop luxuriante trame végétale, s’il veut s’en laisser dévoiler les jardins secrets, moments d’intimités ou les ambiances se font plus douces, éthérées et intrigantes (‘Shagan no tou’, ‘Muge no hito’). Joie, tristesse, se fondent avec une déconcertante légèreté en un tentaculaire patchwork bigaré. Chaque détail revêt ici une importance particulière, le côté alambiqué des structures justifiant alors pleinement le patronyme des japonais (littéralement ‘afin de créer des chansons par cinq membres’).
Vous l’aurez compris, infatigables amis mélomanes toujours en quête de nouvelles sonorités fraiches et atypiques, voici donc une excellente surprise en provenance d’Asie, qui frôle de près le 9/10 (chipotons sur le mixe des guitares un peu en retrait), mais qui s’en tire tout de même avec les honneurs. C’est la concurrence qui va rire jaune …
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