Note du SoilChroniqueur (Arno) : 11/10

Peu de mots seraient en mesure d’évoquer le génie absolu déployé par Gorod sur son nouvel album « A Maze Of Recycled Creeds ». Déjà que chacun des disques précédents montait à chaque fois le niveau, tant de la technique que de l’inspiration, le quintette est désormais arrivé à un degré d’excellence qui pourrait bien écoeurer tous les ténors internationaux de la scène Death Métal Technique mais également Progressive.

En effet, si Gorod ne s’est jamais caché d’un amour certain pour les structures inventives défiant les lois de la pesanteur, le groupe transcende ses influences au cours de dix titres majestueux écrits pour la postérité. Il serait vain de tenter une description par le menu détail de toutes les richesses que contient « A Maze Of Recycled Creeds » mais il y a cependant deux points qui me semblent fondamentaux pour comprendre comment ce disque renouvelle totalement le genre.

Tout d’abord, il y a ce choix d’une production incroyablement claire, pure, limpide, qui va totalement à contre courant de la surenchère compressée actuelle. « Air De L’ordre » saute à la gueule, déstabilise mais s’impose vite comme une évidence. Ce parti pris est une réussite totale car il rend à merveille toute la finesse des instruments. Bien entendu, avec un tel son, il n’y a pas de place pour l’approximation mais qui a un jour pensé que Gorod avait besoin d’effets afin de masquer des lacunes techniques ?

Le second point est la grande diversité de l’inspiration. Parvenir à faire un clin d’œil à Debussy (« Temple To The Art-God »), à intégrer le générique de The Persuaders (« From Passion To Holiness ») ou à faire valser les Métaleux (« Rejoice Your Soul »), cela demande plus que du talent et le groupe atteint le niveau des meilleurs improvisateurs de Jazz. D’ailleurs, outre le fait que le travail d’écriture pour les instruments est complètement ahurissant, les lignes de chant ne sont pas pour autant en reste. En effet, Julien Deyres propose un registre vocal beaucoup plus varié que par le passé, toujours Death mais souvent à la façon de Joe Duplantier, plus hurlé que growlé.
Pour le reste, tout n’est que bourrasque, changements brutaux de direction, cassures, breaks, solos étourdissants, rythmiques déchenillées, éclats solaires, créativité constante, perfection harmonique, etc.

Que cet album arrive en fin d’année est une bénédiction pour l’auditeur mais une peste noire pour la concurrence (jeu de Noël : deux noms de groupe sont utilisés dans la phrase précédente, sauras-tu les retrouver ?) car, après avoir écouté « A Maze Of Recycled Creeds » tout semble insipide. La claque ultime de 2015, le concert du 11/12 au Divan du Monde en compagnie de Kronos risque d’être une sacrée fessée. Messieurs, merci d’avoir composé un tel album. C’est une des plus belles pièces de Métal que j’ai pu écouter…

Tracklist :
01 : Air De L’ordre
02 : Temple To The Art-God
03 : Celestial Nature
04 : Inner Alchemy
05 : The Mystic Triad Of Artistry
06 : An Order To Reclaim
07 : From Passion To Holiness
08 : Dig Into Yourself
09 : Rejoice Your Soul
10 : Syncretic Delirium

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