Line-up sur cet Album
- Angel : tous les instruments
- Raúl Weaver : chant
Style:
Doom MetalDate de sortie:
14 avril 2021Label:
Satanath RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 6.5/10
“Mon berceau a de ma tombe, ma tombe a de mon berceau.” François René de Chateaubriand
« Espoir… Je suis désolé, mais je ne veux pas être empereur, ce n’est pas mon affaire. Je ne veux ni conquérir, ni diriger personne. Je voudrais aider tout le monde dans la mesure du possible, juifs, chrétiens, païens, blancs et noirs. Nous voudrions tous nous aider si nous le pouvions, les êtres humains sont ainsi faits. Nous voulons donner le bonheur à notre prochain, pas lui donner le malheur. Nous ne voulons pas haïr ni humilier personne. Chacun de nous a sa place et notre terre est bien assez riche, elle peut nourrir tous les êtres humains. Nous pouvons tous avoir une vie belle et libre mais nous l’avons oublié. L’envie a empoisonné l’esprit des hommes, a barricadé le monde avec la haine, nous a fait sombrer dans la misère et les effusions de sang. Nous avons développé la vitesse pour nous enfermer en nous-mêmes. Les machines qui nous apportent l’abondance nous laissent dans l’insatisfaction. Notre savoir nous a fait devenir cyniques. Nous sommes inhumains à force d’intelligence, nous ne ressentons pas assez et nous pensons beaucoup trop. Nous sommes trop mécanisés et nous manquons d’humanité. » Ce discours de Charlie Chaplin, dans le film Le Dictateur, me fait un énorme écho en moi ce soir. J’avais juste envie de vous partager ce discours émouvant, sans aucune autre motivation. On passe tout de suite à la chronique de Graveyard of Souls et son septième album.
Graveyard of Souls ne vient pas d’un cimetière précis, mais d’Espagne, à Burgos. Groupe créée en 2012, les espagnols ont à ce jour sept albums dans leur discographie, pas un de plus ou de moins et surtout « seulement » des albums. C’est étonnant, on est habituellement en présence de groupes qui font du merchandising à gogo, avec des singles, des EPs, des splits, etc. Et en plus de cela, tous produits par un label. Majoritairement chez Endless Winter, avec une accroche pour « Todos los caminos llevan a ninguna parte » qui a été produit chez Concreto Records, et ce dernier album qui se nomme Infinity Equal Zero me ravit au plus haut point puisqu’il est produit par un label que j’aime beaucoup : Satanath Records! Une belle surprise pour moi, et les productions de ce label m’avaient jusqu’à présent fait énormément de bien. Entre Stromptha et Eclipse of the Sun, j’avais vraiment pris mon pied. J’espère que ce septième album de Graveyard of Souls, qui est un duo de musiciens, perpétuera la tradition qui consiste à adorer les sorties de Satanath Records!
La pochette n’est pas tout à fait celle à laquelle je m’attendais. En fait, je reconnais un peu le style de dessin à la Stromptha, celle de l’artiste et musicien Vladimir Prokofiev, et en lui-même l’artwork est très bien! J’aime vraiment beaucoup ce style. Mais je le trouve simplement un peu inapproprié à la musique. Le constat de départ prévalait sans écoute, donc j’ai été plutôt conquis par ce dernier, même si les nuances grises comme celles-ci ne m’enchantent plus comme avant, j’aime bien la concordance avec le symbole de l’infini et le titre. Ce symbole qui est aspiré, ou à l’origine d’un vortex au-dessus d’une terre désolée, lunaire presque, j’aime bien l’idée! Il y a un côté fin du monde très marqué et très accentué par le fait que, quand tout se jouera dans notre système solaire, ce sera inéluctable comme la mort du Soleil par exemple. C’est un artwork un peu coup de poing! Seulement, c’est après la première écoute que je me suis fait la réflexion selon laquelle la pochette ne collait pas du tout à la musique. Vous comprendrez, je l’espère, pourquoi un peu plus bas, mais de base quand vous contemplez ce genre de pochette, vous vous attendez plus à une musique agressive, tranchante, ou froide. Que nenni dans le cas de Graveyards of Souls! Et c’est pour cela que si je restais stricto facto sur l’étude de l’artwork, cela ne poserait pas de souci du tout. Mais comme l’on recherche quand-même de la corrélation entre les différents éléments des CDs, là cela ne colle pas. Désolé.
Alors, Graveyard of Souls nous propose un genre de metal dont je dois admettre ne pas avoir entendu souvent. Pourtant, sur le papier de départ, c’était assez alléchant pour moi! Du doom death metal, j’imaginais déjà des riffs bien couillus, bien racés, avec de l’épaisseur et de la lenteur catastrophiques, une batterie avec beaucoup de réverb’, etc. Eh ben… Non. Pas du tout. Ou alors c’est moi qui aie officiellement un souci avec mon appellation d’origine contrôlée! J’ai eu beaucoup de mal à situer le genre de metal sur lequel surfait les espagnols. J’allais sur des versants plus doom metal old school, mais comme il y a énormément de mélodies guitares, limite bien lead, très peu d’accords frontalement déposés, une batterie qui dicte un tempo beaucoup moins lent que ce que j’ai coutume d’écouter, un son épais mais pas tant que cela au final, j’ai eu bien du mal à savoir sur quels pieds danser. En fin de compte, je pense que l’on est sur une sorte de « doom mélodique« , je ne sais pas si l’appellation est bonne. Cela n’enlève en rien que l’album est plutôt pas mal, je trouve toutefois qu’il y a une surabondance de mélodies et passages lead, un peu trop de variations dans les compositions, un certain abus des montées en puissance progressives et un clavier qu’on entend parfois un peu trop selon quel support d’écoute l’on a. Vous l’aurez saisi, cette première écoute n’a pas permis de pleinement me satisfaire, il y a de bonnes choses à n’en pas douter, mais aussi pas mal de défauts.
A commencer, dans la case « défauts », par la production. J’avoue avoir été un peu étonné de tomber sur un son plus strident que d’habitude pour le genre doom metal. Un son anormalement mid, mais qui s’explique justement par cette surutilisation de passages mélodiques au détriment des accords balancés, et bien entendu pour que les mélodies soient audibles il faut les mettre en avant via le procédé sonore un peu blackisé. Moi, je n’ai pas trouvé ce choix judicieux du tout. Au contraire! Il dénature bien comme il ne faudrait pas l’ensemble, la batterie qui n’est déjà pas hyper présente, se voit noyée bien seule instrument en tonalité grave, la basse étant quasiment absente des débats. Je disais également que je trouvais les claviers un peu trop mis en avant, c’est dommage parce que, même si dans certaines productions old school on entend fortement ces derniers, comme chez Godsend par exemple, il n’en demeure pas moins que le clavier doit être surtout une sorte d’ornement, surtout dans le genre doom. Alors bon… Que dire de gratifiant sur la production? Pas grand-chose hélas. Un mauvais choix de mixage, et un mastering un peu à la ramasse pour ce septième album, ce qui va malencontreusement un peu décidé de ma note finale, je le crains.
Dans la case « qualité », je voudrais les compositions en elles-mêmes. Autant leur redorer le blason tout de suite vu qu’elles souffrent d’une production qui ne les fait pas luire de bonheur! Mais franchement, si vous parvenez à vous accommoder de ce son, je pense que vous pourriez sincèrement adorer cet album. On sent que derrière il y a un travail important, un septième album ne se composant pas comme cela, avec autant de maturation et de maturité! Du coup, cela reste forcément un moment de plaisir quand on aime le doom metal, parce que les compositions suivent la logique d’un tempo lent et gracieux, il y a cet aspect mélodique qui, par moment certes est trop abondant, mais offre quelques instants très plaisants, voire même carrément emballants. Cela reste avec une certaine parcimonie mais l’on pourrait se projeter facilement et se dire qu’au final, un album peut être adoré dès lors qu’un ou deux morceaux fonctionnent bien sur nous! C’est vrai que l’on aime parfois des albums uniquement pour un morceau! Non? Il n’y a donc que moi?… Je ne sais pas en fait! Mais je sais que cet album jouit d’une certaine richesse dans la composition, qu’il faut juste essayer de passer outre ce son moisi. On en arriverait même à aimer les claviers, c’est vous dire!
Je vais rapidement passer sur les musiciens, et me concentrer sur le chant. C’est selon moi la seule étiquette valable pour justifier de celle du fameux chainon inexistant du style prédominant au départ : le death metal. Cela ne tient qu’à la technique growl medium de Raúl Weaver, l’autre protagoniste étant le multi-instrumentaliste de la bande. Après, le tempo est assez banal, sans parler de la rythmicité assez peu recommandable dans le sens où cette dernière me semble un peu trop variante à mon gout. Par contre, la profondeur vocale est bien mise en valeur par le mixage, et j’apprécie bien de l’entendre à quelques endroits stratégiques qui fort heureusement sauvent les apparences! Techniquement parlant d’ailleurs, il n’y a pas grand-chose à redire, le chant est agréable sur le plan sonore et le growl medium est bien fait. Un chant en demi-teinte pour moi, mais qui plaira à coup sûr!
Bon, pour terminer cette chronique qui est un release du jour, je ne sais pas si je serai aussi emballé par le label qu’auparavant. Je tiens probablement la seule, à ce jour, réalisation du label qui ne me sied guère plus qu’un constat idiot de banalité. Graveyard of Souls a de très bonnes idées, sûrement un potentiel encore un peu enfoui mais qui a déjà percé sa coquille, et qui a franchi le stade des balbutiements. Mais il n’en demeure pas moins que cet Infinity Equal Zero reste comme une œuvre brouillonne et souffrant d’un manque de cohérence sur bien des aspects. Un album qu’il conviendrait de prendre avec des pincettes et une bonne dose de patience, sinon gare au crash! Je considère en tout cas qu’il faudrait surtout revoir la production et le placement rythmique du chant pour offrir une belle bouée de sauvetage à cet album qui risque plus d’entrainer le duo espagnol vers le fond que vers les cieux. Un album moyen, qui ne mérite qu’une note moyenne et rien de bien plus glorieux, hélas.
Charlie, si tu me lis, pardonne-moi…
Tracklist :
1. Madre 05:35
2. Your Children Will Be the Last 06:36
3. Mil planetas te dicen adiós 09:03
4. Distant Star 08:31
5. Eres libre 09:29
6. Entre el todo y la nada 06:26
7. Time to Leave 05:56
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