Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10

« Charles voit ses chevaliers en grande détresse. Puis des ours et des léopards veulent les dévorer, des serpents et des guivres, des dragons et des démons. Et plus de trente milliers de griffons sont là, qui tous contre les Français … » (Chanson de Roland, vers 195.)

Cette nouvelle chronique raconte directement mon histoire d’amour pour un genre musical assez peu répandu mais qui commence à avoir son essor depuis les années 2010 et un attrait plus prononcé pour le folklore et l’ésotérisme : le Dungeon Synth. Ayant découvert ce genre musical particulier grâce à ce qui reste à ce jour comme l’un de mes albums préférés, c’est à dire « Fjelltronen » de Wongraven (alias Satyr du groupe Satyricon) accompagné de Vegard Sverre Tveitan (alias Ihsahn du groupe Emperor et actuel projet solo du même nom), je n’ai curieusement pas tellement étendu mon champ de connaissance au-delà de cet album et quelques morceaux par-ci par-là. Récemment, j’ai découvert, grâce à ma bien-adorée consœur photographe de Soil Chronicles et puits de science pour tout ce qui est Folk / Pagan, Cassie di Carmilla, le projet solo Dame Silú de Mordomoire, qui m’a donné envie de creuser davantage ce genre musical, et j’ai pu aussi découvrir Nordmaor qui s’impose comme l’un des futurs pionniers en France du genre. Ce qui différencie le Dungeon Synth et le Folk Ambient ne tient désormais pas à grand-chose mais il suffit d’écouter Fjelltronen et certains CDs actuels pour s’apercevoir de l’emprunte folk plus marquée, Fjelltronen brillant par son utilisation de synthétiseurs analogiques, tandis que les ambiances folk et ésotériques sont plus marquées avec des banques sons plus riches. C’est donc avec cette envie de briser cette frontière que j’ai choisi de faire la chronique de Hammer of the Sky et de leur album Aarni.

Hammer of the Sky ne nous délivre que peu d’informations, si ce n’est que le duo nous vient de Finlande et a vu le jour en 2018. Très jeune formation donc, sans que l’on sache exactement qui fait quoi. A peine connait-on le nom de famille des deux protagonistes. La seule chose qui est mise en avant et qui semble être l’essentiel de la situation, ce sont les inspirations du groupe que je vais vous citer ici : « The music and the lyrics are heavily bound to natural philosophical views and to paganism / heathenistic views of the world – to symbols, to the principle of « nature above all »« . C’est tout à fait ce genre de concept philosophique qui m’intéresse, au vu de l’actualité et de mes propres croyances ! Me voilà donc parti sous de bons auspices pour l’écoute de cet EP.

Petit aparté : Aarni signifie « griffons » en Finnois.
C’est ce qui m’a un peu étonné : les griffons n’étant pas des créatures à ma connaissance mentionnées dans la mythologie nordique comme le voudraient les origines du groupe. On retrouve le griffon dans la mythologie grecque, la mésopotamienne, la romaine (par l’évidence même j’ai envie de dire) ou au Moyen-Âge où les gens considéraient que le griffon existait bel et bien. Alors, OK ! Je tombe un peu dans le cliché « groupe nordique = culture nordique » mais avouez que l’incohérence est étrange. Après, la symbolique a toujours été assez vague pour cette créature donc impossible de savoir les intentions du duo finlandais. Étrange comme idée d’EP, à moins que Hammer of the Sky ait voulu intégrer dans les croyances nordiques une créature différente, c’est possible et c’est ce qui fait le charme du paganisme que de laisser une part d’individualisme.
L’artwork d’ailleurs ne fait pas mention d’un griffon : on a plutôt un décor forestier assez vu et revu, un beau ciel bleu qui va avec et le logo du groupe qui fait très nordique pour le coup. Cette ambiance bucolique a déjà été explorée maintes et maintes fois, donc je ne dirais pas que je suis conquis par cet artwork. Au mieux il est joli, au pire il est banal, on va dire.

Mais c’est la musique qui m’intéresse évidemment le plus et les noms des morceaux sont un peu à rallonge donc je vais avoir du mal à les retenir (nous connaissons tous les fameux mots à rallonge en Finlande qui sont parfois gigantesques). Je vais en faire la traduction tout de suite : « Armure saisonnière », « Le patronage du roi d’or », « Dans le sang du loup » et « Frêne blanc ». On est quand-même assez peu cohérent avec le nom de l’album mais qu’importe. Rien que les noms signent en quelque sorte le style que l’on va explorer et les photos des deux musiciens que l’on trouve sur Facebook ou Bandcamp ne laissent place à aucun doute possible : il s’agit de Folk Ambient aux accents paganiques. Mais la particularité des morceaux (qui me font dire qu’on est plus sur du Dungeon Synth qu’autre chose), c’est la simplicité des compositions : assez peu sophistiquées, peu d’instruments utilisés, des ambiances très solennelles pour ne pas dire guerrières mais sans tomber dans la grandiloquence, les instruments sont d’ailleurs très probablement des claviers plus que de vrais instruments folkloriques… Pour moi, et ce n’est que mon opinion, on est quand-même plus sur du Dungeon Synth, ce qui, vous l’aurez deviné, me fait très plaisir !

Je dois d’ailleurs admettre que les quatre morceaux, d’une longueur raisonnable chacun, sont très appréciables à l’oreille, assez « zen » pour nous faire passer un moment agréable où l’on se croirait revenu aux temps où l’Homme respectait la Nature. Et c’est exactement ce type d’atmosphère qui me plait ! Le fait qu’il n’y ait que quatre morceaux laisse d’ailleurs un peu sur la faim, j’aurais intimement voulu qu’il y en ait plus.
L’autre point que je voulais aborder avec vous et qui est à mon sens, l’un des meilleurs points forts du Dungeon Synth en général et de cet album sans dérogation à la règle, c’est cette recherche de méditation : si vous fermez les yeux et que vous êtes initiés à l’auto-hypnose ou à la méditation transcendantale ou autre, ce genre de musique très ambiancée vous fera aller loin, dans une autre dimension spirituelle à coup sûr ! Typiquement le genre de CD que j’utilise quand j’ai envie de m’évader dans ma pensée. Fjelltronen est celui qui me fait le plus cet effet et je pense, sans me tromper, que Aarni n’est pas loin d’y parvenir aussi ce qui est un excellent point pour parler de cet EP. Pour le reste, il me sera compliqué de détailler chaque morceau tant ils sont différemment construits.

J’ai cru repérer du chant diphonique à pratiquement chacun des morceaux. Étant l’un de mes chants préférés et, selon mon opinion, l’un des chants qui se rapproche le plus d’une recherche paganique, très utilisé chez des groupes comme Heilung par exemple, je ne peux que là encore accorder mon avis le plus positif pour cette démarche. C’est extrêmement plaisant à entendre, ce chant de gorge comme un faisceau sans fin, qui englobe par sa gravité les autres instruments. Que du bonheur vraiment !

C’est assez court comme chronique (ou pas, je ne m’en rends plus compte à force), mais quatre morceaux d’à peine cinq minutes chacun ne peuvent que déboucher sur une chronique courte (NdMetalfreak : WTF ??). Mais alors, quand l’évidence même d’avoir un très bon premier EP s’impose, alors, il n’y a pas à tricoter davantage. Je suis en tout cas très emballé par ce CD qui donne totalement envie de s’initier pour de bon au Dungeon Synth, de perpétrer encore plus l’attrait moderne pour les croyances païennes et ésotériques et, si possible, respecter un peu plus la Nature par ces hommages musicaux que sont les EPs comme Aarni. Belle découverte pour moi, espérons que ce soit la même chose pour vous !

Tracklist :

1. Vuodenaikojen panssaripeite
2. Kultaisen kuninkaan kaitselmus
3. Sudenveressä
4. Valkoista tuhkaa

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