Line-up sur cet Album
- Roberto Brussato : guitare, piano, claviers
- Giorgio Brussato : basse, chant, claviers, boite à rythmes
Style:
Pop Rock / New WaveDate de sortie:
21 mai 2021Label:
EpictronicNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.5/10
« Le grand frère peut remplacer le père, non pas en autorité, mais en exemplarité. » Szczepan Yamenski
Cette chronique est l’occasion pour moi de parler d’une personne qui m’est chère et qui me manque terriblement ce soir : mon frère. Loin des tumultes de la comédie musicale « Les Dix Commandements », notre relation est vraiment à part. Lui est parti faire sa vie au Canada, moi je suis resté en France, mais la distance n’a jamais affecté notre relation, il est d’ailleurs le parrain de ma fille. Alors, si vous aussi, vous avez des frères et sœurs et qu’ils vous manquent, dites-vous que cette chronique pourrait être une marque de souvenance. J’ai toujours été fasciné par les associations familiales dans la musique. Loin de faire l’unanimité en parlant de qualité musicale, la symbiose qui s’en dégage m’a toujours marqué. Prenez le groupe Redemption que j’ai fait en chronique par exemple : trois membres d’une même famille, un père et ses deux fils, et une véritable magie sur scène, je me dois de le reconnaître car je n’accroche pas du tout musicalement. Mais j’ai toujours aimé les voir évoluer sur scène avec la même patate ! La musique en famille c’est vraiment cool. Autre souvenir : le groupe de chez moi, Le Clan, qui évoluait avec un père à l’accordéon, la fille au chant et guitare, le fils à l’harmonica et à la guitare sèche, avec d’autres musiciens. La même osmose, le même bonheur d’être sur scène. Bref ! Je suis inspiré ce soir à cause du groupe Hermanos et de son premier album appelé « A Different Love« . Simplement parce qu’il s’agit d’un duo de frangins.
Hermanos est un terme qui signifie « frères et sœurs » en espagnol, mais n’y voyez pas un quelconque lien originel avec le groupe qui nous intéresse ce soir puisqu’ils ne sont pas espagnols. Il s’agit d’un duo de musiciens italiens, deux frères qui portent le nom de Brussato et qui proposent une première collaboration fraternelle pour leur projet Hermanos. Du reste, on ne connaît pas grand-chose sur la biographie du groupe. Pas de date de création, ni d’une trace d’une discographie. Il faut donc en déduire qu' »A Different Love » est leur premier album. Après, sur le papier, j’avais un groupe de darkwave, j’ai lu par la suite la petite présentation que le duo m’a fournie, et j’ai lu des mentions comme new wave / rock des années 80, U2, The Rockets, etc. Et je me suis dit un truc du genre « what the fuck ? » Mon Sublime Oiseau de Miel et de Murçon Chris Metalfreak m’aurait menti sur la marchandise ? Je pense évidemment que non, c’était une boutade ! Mais en vérité, ce n’est pas la première fois qu’un label se plante dans son dossier presse, et je ne serai pas étonné de voir que Epictronic s’est lourdement trompé. Mais ne brûlons pas les étapes et de toute façon, il pleut ! Donc allons plutôt à la rencontre de Roberto et Giorgio Brussato et leur conception de l’amour différent.
Bon, autant il y a erreur potentielle sur la marchandise, autant l’artwork fait franchement plaisir ! Cela peut sembler surprenant venant de moi et mon côté tatillon, surtout quand les pochettes sont (trop) simples, mais je trouve que celle qu’a choisi Hermanos est plaisante, avec ce côté vintage très prononcé, cette vieille voiture en noir avec ce fond bleu cyan et crème, le logo du groupe en violet avec un trait rose. J’aime bien ce style assez simple mais avec une identité propre, une sorte d’hommage indirect ou pas à une époque musicale ancienne. On dirait vraiment une vieille pochette de vinyle, c’est très caractéristique. Si on ne connait pas le groupe, on penserait qu’il s’agit d’un vieux 33 tour chiné dans une brocante. Voilà, c’est assez court à décrire mais j’ai presque envie de dire que cela se passe de commentaires en trop. Hermanos a créé un bel apéritif visuel qui donne clairement envie de se plonger dedans, avec cette dédicace graphique aux groupes des années 80 qui avaient autrefois leurs heures de gloire. Très bon choix !
Mais oui, je ne m’étais pas trompé. De darkwave il n’y a point, ou alors si l’on compte les samples et arrangements aux claviers, mais la darkwave constitue un style à part et plus sur un domaine gothique, comme Antivote ou Hekate par exemple. On a certes un thème centré sur l’amour avec tous ses travers, mais de là à cataloguer Hermanos de musique darkwave, il y a un fossé de la taille du Grand Canyon tout de même. En revanche, et c’est la très bonne nouvelle, la musique de Hermanos est excellente… Quand on aime la pop. On est quand-même vraiment beaucoup sur du pop rock avec effectivement quelques petites touches de wave. Ce qui rend la première écoute très appréciable, j’ai noté qu’au moins la moitié de l’album m’avait bien plu, l’autre étant un peu trop tiré à quatre épingles pour me plaire pleinement. L’ensemble est bien harmonieux, les compositions sont très planantes, on sent bien les inspirations qui émanent de U2, avec parfois aussi du Depeche Mode et quelques apports parcimonieux de Sisters of Mercy. On parle de groupes ayant eu leurs temps dans les années 80 voire 90, mais aujourd’hui que nous sommes entrés dans le 21ème siècle, quelle place a le pop rock / new wave ? Je me suis souvent demandé, et Hermanos m’a amené un semblant de réponse, largement suffisant ceci dit. La place est encore à prendre, le public peut aussi se retrouver dans cette musique subtile et romantique que les frangins italiens nous proposent. La première écoute en tout cas est intéressante, m’a permis de constater que les deux frères travaillent impeccablement bien ensemble et ce « A Different Love » est une belle trouvaille ! Chouette découverte !
Pour un premier, Hermanos s’est doté d’une excellente production. Franchement, cela frôle le sans-faute avec des instruments abondants mais bien à leur place, aucun n’envahit l’autre plus que de raison et les ensembles industriels et électro sont raffinés, intelligemment distillés pour être parfois de simples accompagnants ou parfois de vraies instrumentations à part entière ! On pourrait presque croire que l’on a affaire à un groupe ultra commercial, sorti de je-ne-sais-quel label grandiloquent, et qui nous offre un énième chef d’œuvre acoustique. Après, comme je disais, on est plus sur du pop rock donc rien d’étonnant en soi d’avoir un duo de musiciens qui officie dans un registre commercialisant. L’étonnement demeure toutefois sur ce son très moderne sur une musique très old school, les claviers et tout le travail de sample fait autour ne sonnent pas comme les albums d’antan, et quelque part c’est à double tranchant. Cela plaira à une nouvelle génération d’auditeur et un peu moins peut-être à nos illustres prédécesseurs comme nos parents. C’est donc sur un constat bilame que je clos ce paragraphe, retenez que la production est de toute beauté et l’ensemble se veut audible pour tous. Vous aurez donc compris de quelle démarche musicale l’on cause, je suppose.
Je suis confirmé dans l’idée, après plusieurs écoutes, qu' »A Different Love » est un album largement accessible à tous. Les clips témoignent bien de cet état de fait, et l’on pourrait donc sans peine cataloguer la musique de Hermanos de pop rock mélangée à de la new wave. Depeche Mode power ! Les rythmiques ne sont pas trop achalandées, on est sur un domaine plus dansant que réellement enivrant, avec des parties de batterie calmes, des guitares tranquilles, et ce gros travail bicéphale fait aux claviers et à la programmation qui donnent cette coloration très subtilement pop et new wave. C’est clairement ces derniers qui confirment mon hypothèse de départ, l’ensemble instrumental typiquement rock n’étant là que pour accompagner rythmiquement les samples. En soi, il faut ne pas être un grand puriste ni un drogué de l’underground pour aimer un album comme « A Different Love« , il faut plutôt aimer les glorieuses épopées musicales des années 80, les mêmes qui étaient largement commerciales et remplissaient les stades. Je pense que j’ai bien résumé la chose, il faut prendre cet album comme il est sur le papier : commercialement et avec une bonne dose d’ouverture d’esprit. Sinon, gare aux critiques ! Chez moi, ça matche du tonnerre ! Un vrai bon album dans les styles que j’aime en secret (dire à des metalleux chevronnés que je suis un grand fanatique d’Indochine y compris dans sa période années 80, ça fait tâche).
Un mot pour décrire plus en détails ce lien fraternel qui confère une musique bien chiadée. Les deux musiciens sont extrêmement bons, encore faut-il une fois de plus reconnaître que commercial ne rime pas toujours avec musique simpliste. Je leur trouve au-delà du talent commun, une immense alchimie que l’on doit aux liens du sang. Les deux frangins composent et jouent les yeux fermés, en confiance aveugle, et cela s’en ressent. Il faut donc saluer ces groupes qui sont l’œuvre de liens fraternels. J’ai pour exemple un groupe aux antipodes de leur style pop rock, mais qui selon moi résume bien l’importance de ce lien quand on monte un groupe « familial » : Archgoat. Le groupe composé par deux frères (jumeaux je crois) est un bel exemple de réussite. Voilà, je voulais faire un petit aparté dans mon analyse car pour une fois que l’on a un groupe fait de frères, et qui en plus distille une musique plaisante, c’est bon de le souligner. A bons entendeurs !
Le chant est un petit bonheur, dans le sens où j’ai toujours préféré de loin les voix graves avec peu d’envolées pompeuses en chant clair, exactement ce que Hermanos propose ici. Un timbre de voix posé, presque charmant, avec une tonalité grave qui me rappelle un peu Cunnie Williams et Dave Gahan (aucun rapport je sais) et qui se situe donc sur une mouvance new wave. On devine derrière le micro une certaine prestance chez le chanteur, même si sur les clips ce n’est pas réellement ce qui saute aux yeux. Mais en tout cas, ce chant qui frise la mélancolie et la lassitude offre un vrai bon moment vocal. Sans prétention particulière je dirais, simplement pour correspondre l’ensemble instrumental avec ce qui s’apparenterait au mieux avec, soit une voix claire et posée.
Pour conclure, Hermanos m’a été injustement vendu comme de la darkwave, je pense qu’il s’agit d’une erreur d’appréciation du label puisque l’album « A Different Love » est catégoriquement sur une musique pop rock et new wave. Mais bon, faisons fi des convenances ! Hermanos nous amène une très belle entrée en matière, un album plein de poésie sans plus d’entrain, juste un soupçon d’industriel qui apporte cette touche typique de ces productions qui ont bercé les soirées de nos parents. Hormis donc cette erreur d’étiquetage, le premier album des frères Brussato est un quasi sans-faute et ravira les amateurs de new wave d’avant peut-être, mais surtout actuels, car je sais qu’il y en a encore. C’est en tout cas une très bonne surprise, un vrai bonheur !
Tracklist :
01 Your Words
02 A Rainy Day
03 I would be with you
04 All Your Lines
05 Blinding Love
06 Rage
07 A Different Love
08 Sliding Lights
09 That Moment
10 Sand & Water
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