Line-up sur cet Album
Rick Hagan : guitare, chant Mags Johansen : claviers, piano, orgue Hammond, orgue d’église, clavier Moog, mellotron Are Gogstad : basse Matt Hagan : batterie
Style:
Doom Metal ProgressifDate de sortie:
22 octobre 2021Label:
Fresh Tea RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10
« Le charme et la beauté c’est la fleur de la peau, la danse qui flambe dans un œil, la lumière que porte un sourire. » (Yvon Paré)
Ce soir, ma commune a choisi de faire un feu d’artifice pour le marché de Noël. Vous me direz, c’est une très belle initiative, et en l’état je trouve la démarche fort poétique pour finir tout doucement cette année de merde. Mais comme ce soir, je suis un peu en « bad mood », je me suis immédiatement souvenu cette diatribe incroyablement criarde de vérité sur la condition humaine, avec une once importante de pessimisme. Enfin bon, de quoi alimenter les avis misanthropes et nihilistes. Pourtant la citation est du groupe Les Ogres de Barback, qui brille souvent par ses morceaux optimistes et poétiques. Je vous laisse lire la citation et partager ma thymie tellement basse qu’elle en toucherait le noyau terrestre. Voici : « Dans un millénaire, on parlera encore de ce millénaire. On ne sait jamais ce que le passé nous réserve, mais l’avenir ne reviendra pas. Et dans ce millénaire, c’est ce siècle qui fera date, et qui fera tache. Un siècle de turpitudes. Nous en sortons exténués, inhibés, esquintés. La queue entre les jambes de l’humanité… Nuit et goulags. Charniers et brouillard. Dans la nuit, les feux d’artifice projettent les ombres de la Kolima, d’Hiroshima, et des trépas à Auschwitz plutôt que le premier pas d’un homme sur la Lune. Einstein tirant la langue ; ou la beauté d’Ava Gardner. Mais l’une des ruses de l’histoire veut que les siècles commencent et finissent là où ils veulent. Ainsi, de Sarajevo à Sarajevo, notre siècle a pris fin dans les débris de la chute du mur de Berlin. Fini le siècle des grandes impuissances, voici venu le siècle de l’évidence. Fin de l’histoire. Pensée unique. Nouvel ordre mondial… Plus rien à voir, circulez. Nous avons obtempéré. Nous circulons, sans rien voir… » Bon, je sais que je ne suis pas très joyeux mais j’amorce ce soir une chronique en espérant que la musique que je m’apprête à découvrir me redonnera du baume au cœur. Et j’ai choisi Hex A.D. et son album appelé Funeral Tango for Gods and Men.
Hex A.D. est un groupe qui a vu le jour probablement vers 2014, date de la sortie du premier album. Il semblerait, car nous disposons de peu d’informations, que le groupe a été créé par le batteur Rick Hagan et un producteur nommé Chris Tsangarides. Ce n’est pas banal qu’un producteur fonde un groupe, surtout pour le quitter en 2016. Etonnante démarche ! Entre les cinq albums à l’actif du groupe avec ce fameux et bien nommé Funeral Tango for Gods and Men, il y a une flopée terrible de singles. Six au total ! Et c’est tout, pas d’EP ni compilation, pas de split non plus. Un groupe discret dans sa création, qui est signé chez un label que je ne connaissais pas et qui est Fresh Tea Records. Autant vous dire que le label en question ne produit quasiment que Hex A.D. au passage. On baigne dans un contexte surprenant quand-même. J’avoue que je suis perplexe avec toutes ces informations que j’ai récoltées moi-même puisque le label nous a fourni une explication de l’album plus qu’une biographie. Mais je vous avoue qu’outre le style qui m’est désormais plus familier depuis que je me suis « spécialisé » (je suis toujours en cours de doctorat), le nom de l’album m’a achevé de le prendre. Funeral Tango for Gods and Men, ce n’est pas banal quand-même!
Et question banalité, la pochette ne l’est pas du tout non plus! Le travail effectué par Dave Patchett (designer des pochettes de Cathedral entre autres) est colossal. On devine dans tout ce bordel que l’on a une sorte de réception avec d’un côté des personnages dorés que l’on pourrait apparenter à des divinités, et de l’autre des personnages violacés que l’on pourrait comparer sans conviction sincère à des humains. Mais très honnêtement c’est tellement vaste comme pochette que mon affirmation n’est pas des plus fiables. Je me suis simplement basé sur ce titre original pour essayer après d’interpréter l’artwork. En tout cas, cela ressemble bel et bien à une réception géante. Un peu comme sur le Mont Olympe mais à la sauce moderne avec notamment un train qui passe, des planètes, etc. Ce mélange improbable entre religion et science donne surtout une atmosphère dérangeante au possible, on ne se sent pas à l’aise face à cet arrêt sur image d’un rassemblement bordélique et épars. Mais j’en conviens que sur tous les fronts, la pochette est superbe. Les couleurs sont intelligemment éparpillées, le style un peu carnavalesque est prenant et très bien peint, les personnes sont toutes aussi hideuses les unes des autres dans des rictus qui frôlent l’expression cadavérique, bref! On a donc une pochette sublime qui suit parfaitement la ligne de conduite imposé par Hex A.D. dans son titre Funeral Tango for Gods and Men, et surtout, cet album qui est annoncé comme l’un des plus sombres et profonds jamais composé par le groupe, on a sans peine le décorum de déposé. Super boulot!
J’ai donc été un peu étonné de découvrir une musique relativement old school, même si je ne savais pas vraiment pourquoi mais mon instinct m’avait légèrement préparé à avoir ce style. Pourquoi? Parce que l’appellation doom metal sans réelle accroche derrière sent bon l’old school. C’est le cas! La musique de Hex A.D. est un bon doom metal, avec des références anciennes au heavy metal, aussi bien dans les riffs mélodiques que dans les rythmes, ainsi que le chant. Sur le papier, il y a pourtant deux petits changements, originalité n’étant pas le mot non plus. Une approche effectivement un peu progressive de la musique, avec des morceaux qui sont sur des montées en puissance caractéristiques, des passages en clean ou aux claviers simples, un chant qui se veut tantôt calme et tantôt plus énergiques. Le doom metal est toujours lent mais avec cette approche légèrement plus progressive, ce dernier se voit offrir quelques passages courts ou pas, d’accélérations soudaines et bienvenues surtout. Cela donne une coloration un peu plus agressive à la musique, sans pour autant tomber dans l’extrême. Après, ma seule réelle attirance pour cet album résidait dans ce que décrivait le groupe dans son line up : le dénommé Mags Johansen joue de l’orgue, du piano, des claviers Moog et même un Mellotron ! Le souci c’est que si l’on ne tend pas bien l’oreille sauf sur l’introduction de l’album, on n’entend pas vraiment les instruments. C’est dommage parce que j’adore les claviers en général, donc j’ai attendu tout l’album d’avoir de véritables incorporations dignes de ce nom avec tous ces instruments, pour au final des miettes à grignoter. Mais bon, passant cette déception, la première écoute s’est avérée harmonieuse, agréable et très intéressante. Même si le style doom metal progressif n’est pas propice à une musique innovante, au moins Funeral Tango for Gods and Men remplit son rôle d’album de perpétuation d’un genre musical au top! Et c’est tout ce qu’on lui demande de toute façon alors pourquoi s’en priver?
Honnêtement sur la production, je n’ai pas grand-chose à relever de particulier, en tout cas de mauvais. On est sur quelque chose comme je l’énonçais précédemment de très old school, donc un doom metal moins lourd que ce qui se fait actuellement, avec une dimension moins extrême et de facto plus d’époque. Un son quasiment neutre pour moi, ce n’est évidemment pas le bon terme mais je ne suis pas technicien de studio donc je fais comme je peux (je rigole tout seul de ma connerie, tiens). Non mais ! Quoiqu’il en soit, la production est de grande qualité, chaque instrument me paraît être à sa juste place, aucun n’étouffe les autres. Comme je disais toutefois, je suis un peu déçu de ne pas entendre suffisamment de parties claviers sur les pistes de l’album, je ne sais pas si c’est volontaire mais il me semble qu’il y a un léger défaut d’utilisation dans le mixage des claviers qui pourraient effectivement gonfler l’ensemble instrumental, un peu comme des chœurs, ou tout du moins planter le décor, mais il s’avère qu’on ne les entend pas. Déjà qu’en plus de cela, ils ne sont pas omniprésents loin de là, alors si en plus on doit tendre les tympans pour les trouver audibles, c’est un peu idiot. Mais rien de méchant, en soi les parties metal suffisent à mon bien-être ce soir. Enfin, mon mieux-être surtout. La production est donc bonne!
J’ai une difficulté qu’un jour, il va falloir que je corrige et qui est totalement inhérente à mon approche du doom metal old school et de mon expérience d’auditeur de musiques plus extrêmes. C’est que j’ai du mal à cerner le dispositif censé être sombre dans cette musique. Je veux dire que Hex A.D. vend cet album Funeral Tango for Gods and Men comme l’un des plus sombres qu’il ait jamais créé. Pour moi, sombre, ce n’est pas cela. Ce ne sont pas ces riffs « positifs » ni ce chant clair qui donnerait plus envie de bomber le torse! C’est vraiment une approche que je ne comprends pas encore à ce jour, au même titre que certains groupes comme Black Sabbath par exemple. Mais je ne doute pas qu’il y a un choc générationnel dans cette problématique. Aussi, ne trouve-je pas malsain la musique pour un sou. Plus une sorte d’ambiance festive et malsaine, où j’imagine sans peine des créatures faire un tango démoniaque mais pas particulièrement dépressif ou pervers quoi. Je dois donc encore approfondir ma connaissance et mon recul sur le style doom metal pour totalement m’imprégner. Mais en lui-même, Funeral Tango for Gods and Men fonctionne bien. Le réécouter plusieurs fois aura été un réel bon moment musical, avec en prime quelques bonnes accroches sur certains morceaux! Pas mon album référence en la matière mais au moins l’un que je pourrais acheter sans souci. C’est déjà bien!
Pour le chant, c’est clairement le motif qui a fait pencher Hex A.D. sur mes faveurs. Doté d’une technique vocale en chant clair avec de petites clairvoyances gutturales mais très édulcorées, le chant fait un boulot rythmique remarquable sur ce doom metal lancinant et énergique à la fois. J’ai adoré les parties chant pour cette énergie outrancière, et cette pêche dans les vocalises sans tomber dans le trop-plein. Un chant là encore old school, très heavy metal, et qui amène ce travail rythmique de pair avec le côté progressif de la musique. Le chant doit sans arrêt s’adapter aux variations riffiques, et il le fait très bien. J’ai été franchement étonné! Et je dois dire que pour en arriver à alambiquer mes propos ainsi, c’est que le chant vaut largement que l’on s’y intéresse, et plus encore! Alors, à vous d’aller écouter! Le chant est remarquable.
Je met un point terminal à cette nouvelle chronique. Je dois dire que je partais mal comme vous avez pu le comprendre, mon moral étant ce soir au plus bas. Mais Hex A.D. a su, avec Funeral Tango for Gods and Men, m’apporter un regain de forme non négligeable et je lui en suis reconnaissant. La raison provient de cet album vraiment très bon, doté d’un doom metal progressif avec une dimension old school qui fonctionne toujours aussi bien! La production est très bonne également, hormis ce petit souci pour les claviers, je n’ai effectivement pas trop de souci à relever. Il serait toutefois prudent de considérer cet album comme du genre à complaire les nostalgiques d’une époque un peu révolue, aussi est-il prudent de conseiller Funeral Tango for Gods and Men aux amateurs du genre doom metal old school. Pour les autres, soyez audacieux, nom des Dieux !
Tracklist :
1. Naadegave 02:38
2. Seven Blades 05:15
3. Got the Devil by the Tail 08:25
4. One Day of Wrath, Another Gesture of Faith 08:27
5. Painting With Panic 03:04
6. Hell Hath No Fury 06:49
7. All the Rage 04:55
8. Positively Draconian 08:34
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