Host – IX

Le 23 mars 2023 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Greg Mackintosh – Guitares / Nick Holmes – Chant Guest : Jaime Gomez Arellano - Batterie

Style:

Gothic Rock / Synthpop / Darkwave

Date de sortie:

24 février 2023

Label:

Nuclear Blast Records

Note du SoilChroniqueur (Seblack) : 9/10

 

Les têtes pensantes de Paradise Lost que sont Greg Mackintosh et Nick Holmes ont toujours été assez imprévisibles. On aurait pu penser les deux compères pleinement accomplis par leur retour en grâce au sein de la scène Metal, que ce soit avec Paradise Lost ou avec leurs groupes respectifs de Death Metal (Strigoi pour Greg MackintoshBloodbath pour Nick Holmes). Ces deux groupes ayant, en plus, sorti un album en septembre 2022, on aurait pu penser que, si actualité il y avait, elle concernerait Paradise Lost.
Mais non, car Greg Mackintosh avait en réserve une petite surprise dont il a le secret et c’est bien évidemment vers son complice Nick Holmes qu’il s’est d’abord tourné pour en assurer la mise en voix.
Ce nouveau projet répond au nom de Host. Les connaisseurs du groupe d’Halifax, tiqueront tout de suite, il s’agit bien d’une référence au sixième album de Paradise Lost sorti en 1999, cet opus très Electro Pop qui a fait tant couler d’encre en son temps. Revenu, depuis, dans des sphères plus métalliques, le groupe n’a pour autant jamais dénigré Host, le considérant au contraire comme un de ses disques les plus aboutis, Greg Mackintosh en tête.

Plus de vingt ans après, le guitariste a donc décidé de renouer avec la composition de morceaux s’écartant ostensiblement du Metal. Et connaissant le large spectre musical de cet amoureux des ambiances tristes, on ne peut même pas dire qu’il sorte de sa zone de confort ou se mette en danger. Host sonne de manière très naturelle, très fluide et dégage cette mélancolie et ce coté tragique propres à toutes les œuvres du guitariste britannique, que l’on parle de Paradise Lost, de Vallenfyre autant que de Strigoi.

Toutefois ce IX n’est pas non plus à prendre comme une simple redite ou un prolongement de l’album Host. Certes, les deux proposent des chansons avec une accroche mélodique assez simple et efficace sous une allure électro. Mais stylistiquement, les deux albums sont tout de même assez différents. Là ou l’album Host voyait s’entremêler un nombre incalculable de lignes de guitares, IX se distingue par un dépouillement le rapprochant davantage d’un Gothic Rock mêlant des éléments de Darkwave ou de Synthpop. Par ailleurs Host (l’album) sonnait assez moderne pour son époque, IX joue un peu plus sur la fibre de la nostalgie avec des ambiances tirées des années 80. Une nostalgie totalement assumée, cet album se voulant un hommage à cette période que les moins de quarante balais (voire cinquante) n’ont pas connu. Une période qui correspond, pour Greg Mackintosh et Nick Holmes, à cette période de la jeunesse où on commençait à forger ses goûts musicaux, à s’imprégner de ce qui passait à droite à gauche ; en rappelant tout de même qu’on était encore loin de l’avènement d’Internet et qu’il fallait composer avec ce que l’on pouvait trouver depuis son bled, avec pas grand-chose dans sa poche. C’était le temps du tape trading, des listes tapées à la machine à écrire, de la chourave de timbres mais aussi des clubs ou bars aussi improbables qu’éphémères qui accueillaient tout ce que la musique avait de plus bizarre, assez loin des standards radiophoniques : punks, gothiques, métalleux, j’en passe et des meilleurs. Dans ce microcosme, personne ne pouvait se blairer (ou faisait au moins mine de cultiver une détestation réciproque) mais pas le choix, il fallait aussi cohabiter et se farcir une bonne dose de Cold Wave avant de pouvoir s’éclater à son tour sur les premiers riffs de Napalm Death ou d’Extreme Noise Terror. Pour beaucoup d’individus, ce bouillon de culture musical s’est effacé comme le souvenir d’une énième cuite. Pour d’autres il s’est, au contraire, imprégné en eux et les a accompagné tout au long de leur vie, resurgissant de diverses manières dans leur musique, comme cela semble le cas pour nos deux acolytes de Paradise Lost avec ce nouveau projet.

Comme à l’habitude, les mélodies tissées par Greg Mackintosh sont limpides autant que touchantes. En quelques notes classieuses de guitare ou de clavier, les motifs mélodiques et mélancoliques s’impriment et font resurgir toute une époque entre ambiances Darkwave et Gothic Rock. Les sonorités froides Synth et Electro côtoient celles un peu plus chaleureuses de la guitare. Les parties électroniques mêlent à la fois beaucoup d’aspects très ‘80 mais aussi d’autres plus contemporains (le Sound Design qu’ils appellent cela). Le chant clair de Nick Holmes est d’une pertinence et d’une justesse remarquables. N’en faisant ni trop ni pas assez, ses modulations rappellent immanquablement celles de One Second, Host ou Believe in Nothing.

L’album IX renferme son lot de petites pépites bien accrocheuses comme « Tomorrow Sky » ou « Hiding From Tomorrow ». D’autres pistes s’étirent et s’épanouissent dans des ambiances à la fois plus mornes et langoureuses (« A Troubled Mind », « My Only Escape »). Certaines comme « Wretched Soul », « Divine Emotion » n’auraient pas dépareillées sur un album de Paradise Lost avec leurs introductions acoustiques de guitare ou de piano. Enfin certains titres (en fin d’album notamment) empruntent des sentiers plus aventureux, plaçant leurs pas dans des univers plus Dark Ambient. La version digipack ou coffret de IX permet de prolonger le voyage avec une reprise aux accents désenchantés du titre « I Ran » du groupe de New Wave A Flock of Seagulls et deux remix (l’un par Lustmord, l’autre par GosT).
Alors, au final, comment résumer en peu de mots l’essence de ce projet ? Dans une récente interview accordée à Metallian, il était demandé à Nick Holmes si les univers du Metal et de la New Wave étaient complémentaires. La réponse du britannique semble en tout point pertinente, et c’est pourquoi je la reproduis telle quelle : « Il y a, à mon sens, un pont entre ces deux univers : le côté sombre . Le Death Metal et le Gothic des années ‘80 sont différents sur la forme, mais ils partagent un aspect très sombre. Les premiers albums de The Cure sont d’une noirceur absolue. Sont-ils appréciés des fans de Death Metal ? Probablement pas, ce qui est logique puisque la forme de la musique est diamétralement opposée, mais ils n’en sont pas pour autant moins lugubres ». Pourtant ce grand écart apparent, Greg Mackintosh en a fait, depuis longtemps, son miel et l’assume aujourd’hui plus que jamais avec Host pour la partie la plus mainstream, Strigoi pour le versant plus extrême et Paradise Lost au milieu de tout cela.

Habile mélange du passé et du présent, riche d’influences habilement imbriquées, ce premier opus de Host sort incontestablement du lot et des sentiers battus. L’album parlera probablement beaucoup à ceux qui aiment s’affranchir du carcan des styles musicaux et apprécient sous toutes leurs formes les sombres divagations nocturnes. Accessible, sans pour autant céder à la facilité, IX est une œuvre remarquable et laisse entrevoir le vaste univers sonore de deux artistes qui, décidément, n’ont de cesse de nous surprendre.

 

Tracklist :

1. Wretched Soul (04:22)
2. Tomorrow’s Sky (04:30)
3. Divine Emotion (04:17)
4. Hiding From Tomorrow (03:45)
5. A Troubled Mind (03:59)
6. My Only Escape (04:21)
7. Years of Suspicion (04:20)
8. Inquisition (04:59)
9. Instinct (04:00)
10. I Ran (03:24)

 

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