Line-up sur cet Album
- N.R.W. : batterie
- V.B. : guitare, chant
- J.T. : basse
Style:
Death Doom MetalDate de sortie:
30 septembre 2022Label:
I, Voidhanger RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10
« La lumière était d’acier noir mais, de temps à autre, un étincellement s’allumait … sur la bordure vernie d’un pigeonnier, sur une girouette, sur une cage de fer. » Jean Giono
Il y a des chroniques que vous faites sur un point de départ tout petit. C’est vrai que je vante beaucoup mes choix d’albums sur un mode fortuit. En vérité, parfois, rarement même, c’est dû à mes choix bizarres aussi. J’accroche des fois avec un petit détail! Par exemple, dans le cas présent, le nom du groupe m’a fait penser à un film qui m’a beaucoup marqué quand j’étais petit, et qui me reste en mémoire alors qu’en fait je n’en ai que peu de souvenirs. J’en conclue que ce film, qui est Un Hussard sur le Toit, m’a donc durablement marqué. Je vais d’ailleurs, me connaissant bien, probablement le regarder une énième fois. Cette petite introduction me fait penser que nos choix sont dictées par tout un tas de raisons, voilà en partie la raison pour laquelle je ne crois pas au hasard. Le hasard pour moi est une excuse pour justifier des malheurs de la vie, tout comme le principe fondamentale de la notion de Dieu. Le hasard a bon dos, vraiment. Je déteste entendre « c’est le hasard » parce que cela me donne l’impression que les gens ne cherchent même pas à comprendre ce qui leur arrive, ce que la vie leur amène. Se dissimulant derrière ce heaume invisible, l’Homme va tout droit à sa perte en croyant au hasard. C’est mon point de vue, mais je préfère me dire que nous avons tous un destin, qui est façonné par nos expériences et nos traumatismes, et que l’ensemble de nos choix est dicté par notre vécu. C’est tellement facile! Vous regardez un film, et pof! Vous prenez le risque de vous créer un état de conscience fulgurant, ou un traumatisme intense qui va laisser une trace dans votre comportement et votre appréhension de la vie. Voilà donc en ce qui me concerne la raison pour laquelle ce soir, j’ai opté pour cette future sortie qui est le groupe Hussar et son album nommé All-Consuming Hunger[/b]. Vous saurez désormais, grâce à cette introduction pompeuse – mais vous en avez l’habitude – comment je choisis potentiellement mes chroniques. Maintenant le challenge est de trouver tout le temps la raison. Le premier qui y parvient, je lui paye un tacos! Foi de grenoblois d’adoption!
Mais d’abord, avant de parler de ce délicieux met parfumé qu’est le tacos, l’équivalent grenoblois de l’ambroisie divin, voici venu le temps de vous présenter [b]Hussar. Il s’agit d’un groupe originaire du Canada, et de la ville de Toronto. Le nom Hussar serait en anglais non pas la métaphore que je connaissais avec les corbeaux, mais la traduction de hussard qui est en fait un soldat de cavalerie légère, encore présent de nos jours dans certains corps d’armée comme chez les canadiens! Bon, honnêtement, je ne pense pas que le trio canadien ait voulu se nommer en cet hommage précis, mais pourquoi pas! Ce qui faut retenir de très important ce soir, c’est que le groupe sort son tout premier album comme j’expliquais, avec en préambule dans la discographie une démo, un album live (avant l’album tout court, jamais compris ce concept), un EP, un single et donc ce fameux All-Consuming Hunger. Mais pas que! Le groupe sort ce premier album directement signé chez un label que j’adore, et qui ne m’a jamais déçu : I, Voidhanger Records. Ce qui est très étonnant d’ailleurs puisqu’à ma connaissance, le label en question n’a jamais sorti d’albums de cet acabit musical. C’est donc sur un mood de surprise et d’exaltation que je m’en vais découvrir cette première galette. Et quelque chose me dit que cela va sentir bon la poussière et le sang! Hussar avec All-Consuming Hunger, c’est parti!
Et comme souvent quand il y a une sortie chez I, Voidhanger Records, on a un artwork ultra complexe et très centré sur l’occulte. Ce qui m’étonne un peu au vu du style incorporé à l’album [b]All-Consuming Hunger[/b], et si on compare le roster du label avec celui-ci. Personnellement, je n’aurais pas spécialement fait ce choix de pochette pour l’album, mais pourquoi pas. En tout cas, vous le détailler serait trop long, je vais donc vous énoncer ce qui m’a marqué. C’est indiscutablement le mélange total et absurde de tout un tas de référence, comme ces anges-serpents, ce contour rouge avec des figures démoniaques qui font penser à des figures asiatiques, des caducées, un champ de bataille à l’époque moyenâgeuse probablement, en tout cas avec des références chevalières, ces chaînes en haut que je trouve pour le coup franchement étonnantes dans ce choix, et le casque de ce crâne géant qui apparaît avec un mélange de plein de trucs. Stylistiquement parlant, comme chaque fois chez ce label, et Hussar ne fera pas exception, j’aime beaucoup. Ce coup de crayon est vraiment intéressant, toujours généreux et le jeu de lumière et contraste est toujours du plus bel effet. Mais voilà, pour moi, c’est trop. Beaucoup trop chargé, l’image devient indigeste et on se doit de froncer les sourcils pour distinguer quelques détails. Le côté absurde, sinon grotesque, ne me dérange pas outrageusement même si pour le coup je trouve que l’on est sur un truc totalement indigeste dans le fond, la forme étant elle-même trop riche, trop copieuse pour être assimilée. Voilà donc un artwork qui ne me permettra pas de faire bosser mes méninges, histoire d’en dégager un sens caché qui permettrait d’illustrer les tous débuts de découverte de ce All-Consuming Hunger. Hussar a fait un choix un peu trop facile pour moi, celui de tomber dans le « trop-tout » pour se la raconter et faire genre que ce premier album ne laissera personne indifférent. Mission à moitié rempli : il attire le regard et se montre plutôt beau, mais demeure bien trop rempli de trop de choses différentes. A revoir.
Pour la musique, c’est une autre paire de manches, et croyez-bien qu’elles sont très très sales ces manches! Hussar nous propose une musique estampillée death doom metal, l’ordre étant important dans la mesure où les compositions, six au total, sont dans la même veine que ce qui se fait de mieux dans le style. A savoir une musique pas suffisamment lente pour être du doom metal, ni trop rapide pour être du death metal, une musique qui se situe sur un entre-deux en termes de tempo qui laisse à penser qu’il s’agit bien d’un death doom metal. Du reste, l’épaisseur sonore et l’utilisation des instruments ne laisse aucun doute sur la nature principale de la musique des canadiens. Cela tabasse à mort! L’ensemble instrumental se compose d’un trio classique, guitare / basse / batterie qui pourtant apporte autant d’épaisseur que si la guitare était accompagnée de plusieurs autres. D’autre part, je note que cette dernière ne reste pas sur une démarche rythmique mais bien d’apporter quelques lignes mélodiques, en particulier en blast beat, et permettant ainsi de planter un décor globalement macabre et malsain. D’ailleurs, Hussar va user de passages en clean très profonds et marquants, et de quelques mesures en saturé plus légère, histoire encore de mettre mal à l’aise son auditeur. Une musique bourrine mais pas trop! Avec donc quelques subtilités mélodiques et de légers apports divers comme des samples ou ce qui ressemble à un instrument à cordes frottées, c’est somme toute très intéressant et tentant pour la suite! Franchement, pour un premier album, le groupe a mis la barre relativement haute! Sans compter ce chant dantesque sur lequel je reviendrai plus bas. L’album All-Consuming Hunger est une petite bombe dans l’univers death metal! Loin de donner sa part aux lions, Hussar nous envoie dans la figure une musique death doom metal extrêmement agressive et puissante, le tout remonté par une rythmique plus lente que la moyenne en death metal ajoutant par ce procédé un soupçon de « macabritude » extrême et poussif. Je commence un peu à cerner la corrélation entre le nom de l’album et la musique, une faim qui consume tout sur son passage comme la musique décime tous les doutes possibles! Le niveau de ce premier album des canadiens de Hussar est impressionnant et, je le redis, plus qu’intéressant! Belle petite baffe!
Production au top niveau également pour cet All-Consuming Hunger. On voit que le groupe a mis ce qu’il faut quand il faut pour se doter d’un premier album qui doit faire parler. Bien aidé je pense par le label. En tout cas, la production est impeccable, tout ce qu’il faut pour que cette musique soit une expérience sonore adéquate. Le son est donc bien épais comme il faut avec un petit plus de mis sur le rôle rythmique de la basse qui accompagne fièrement la batterie et qui en plus enrobe la guitare pour lui donner une place de choix dans le mixage. On voit que chaque instrument remplit son rôle comme il faut, puisque la guitare est mis en avant de manière pérenne, bien aidé par le reste. Le chant est très caverneux, avec pas mal d’effets dessus pour lui donner là aussi une place méritée. Bref! Je n’ai pas grand-chose à redire sur cette production. Le son est typique d’un bon gros death metal bien old school et un peu moderne sur les bords, conjugué au tempo moyen on a clairement l’impression de se prendre des coups de pieds pachydermiques à chaque arrivée de riffs. Ce qui me frappe aussi, c’est la complexité composale d’All-Consuming Hunger. Il y a pas mal de riffs destructurés, en particulier sur les fins de pistes, qui permettent de donner une touche de subtilité autre que mélodique, mais également technique. Décidément, ce premier album de Hussar n’a pas fini de vous surprendre et moi de même!
Maintenant si j’avais un petit quelque chose à redire sur cet album, c’est son manque de concept concret. Je m’explique : n’ayant pas accès aux paroles, je me suis penché sur la traduction des noms des morceaux. En vérité, il n’y a rien de franchement intéressant sur le papier, avec des noms comme « Castration rituelle des lâches faibles d’esprit », ou « Une coquille vile et creuse », on se demande en fin de compte où Hussar veut en venir… Moi, je pense que l’album n’était pas spécialement destiné à suivre un concept précis, soit. Et comme le death metal dans sa globalité aime suivre une voie macabre mais surtout gore, je me dis que rien n’est si anormal que cela finalement. Sauf que mon intuition me dit que ce qui ressemble à la normalité cache sûrement un creux de vague dans l’élaboration de l’album. Du genre « qu’est-ce qui fera parler l’auditoire? » et pour cela, il faut que ce soit bien gore et bien dégueulasse. Je considère à tort peut-être que pour un premier album, il faut aller au-delà de cela, ne pas tomber dans la facilité et essayer de faire un album plus raccord. Avec un artwork pareil, difficile de faire dans le macabre pur quoi! On croirait un truc occulte alors que l’ambiance générale de l’album All-Consuming Hunger demeure plus malsaine et horrible que réellement ésotérique. Dans mon fort imaginaire, j’aurais vu soit une pochette plus dans le style Autopsy ou Cannibal Corpse, ou alors l’inverse soit une musique plus occulte. Le résultat est que même si j’ai vraiment beaucoup aimé ce premier album puisque le death doom metal proposé est musicalement parlant tout à fait à propos et surfe sur ce qui se fait de mieux dans le milieu, premier album que je considère au passage comme auteur de belles promesses pour la suite, je me dis que Hussar a été un peu trop brouillon pour le concept général, et pour cela, mon constat final n’en sera que édulcoré. De pas beaucoup, rassurez-vous! Mais au vu de la note finale, c’est vous dire si cet All-Consuming Hunger méritait bien plus encore… Dommage quelque part. Mais la suite sera sûrement excellente, j’y crois!
Si vous cherchez un point plus positif encore, venez vous frotter à l’analyse du chant. Franchement, en un mot comme en cent, le chant est énorme. J’adore tellement cette voix gutturale extrêmement caverneuse et profonde, ce grunt grave que l’on retrouve à merveille dans le funeral doom metal mais qui, accroché au bouchot du death doom metal ne peut que donner des résultats encore plus dantesques. Surtout quand en plus de cela les riffs ne sont pas aussi lents qu’attendus, compliquant sur le papier la tâche ingrate du chant de se calquer à la perfection sur la musique. Mais sincèrement, si la rythmique demeure souvent la même sur l’album, la technique vocale est indubitablement excellente. Elle se marie quasiment parfaitement avec la musique épaisse et rapide, montrant donc que la rythmique chant lente peut se marier à la rapidité du death metal avec beaucoup de brio. Du reste, je trouve que c’est même un mariage étonnant ici présent car le chant est vraiment lent comparé aux restes des instruments. Mais ce n’est pas tout. Notre ami chanteur se targue également de s’essayer sur d’autres tessitures vocales, judicieusement choisies pour ne pas étouffer le chant principal et restant majoritairement sur un growl medium qui ne contraste pas trop avec le grunt grave lent et macabre. Avec même quelques sursauts en growl aigü qui font un sacré bel effet! Bref, un chant largement à la hauteur des espérances.
Pour conclure ici, Hussar n’est pas tellement sur les toits du monde mais commence tout doucement et déjà, à gratter quelques mètres précieux dans son ascension. All-Consuming Hunger, premier album du trio canadien, signé pour l’occasion chez I, Voidhanger Records, excusez du peu, se présente à nous dans une forme musicale bestiale et un brin mélodique. Un death doom metal très bien composé, avec beaucoup de talents et de logique dans l’élaboration. Peu de fioritures pour une musique résolument bourrine mais un peu malaisante, propre à un registre death metal dominant de la tête et des épaules la lenteur pathologique du doom metal pour un résultat final excellent! Petit bémol sur le manque de recherche sur un concept potentiel, mais rien qui ne peut dénaturer l’entrée dans les corridors de l’horreur le jeune groupe Hussar. A suivre à tout prix notamment pour Antirouille et Migou!
Tracklist :
1. Ritualistic Castration of the Feeble-Minded Cowards
2. Blind Charge Into Gunfire
3. All-Consuming Hunger
4. Citadel
5. Dissonant Weeping of a Thousand Widows
6. A Vile and Hollow Shell
Laissez un commentaire