Line-up sur cet Album
- Christophe Ferreira : chant
- Antoine Leboisselier : guitare
- Alain Arcidiacono : guitare
- Mathieu Jarrot : basse
- Mayline Gautié : violon
- Jean-Philippe Ouamer : batterie
Style:
Death Prog Mélodique EpiqueDate de sortie:
28 octobre 2013Label:
Send the WoodNote du Soilchroniqueur (Lusaimoi) : 8,75/10
En 2011, Idensity sortait son premier album, « Serenity », et semblait arriver un peu de nulle-part. Un peu de nulle-part, car le groupe n’était pas passé par la case démo ou EP, nous offrant directement un long format. Alors oui, il s’était formé en 2008, oui, il avait pas mal tourné – et dans des salles pas vraiment dégueulasses, ouvrant même pour Decapitated, Zuul FX, Fractal Gates ou encore Dreadful Silence. Oui, il le sextet était loin d’être inactif, pourtant il semblait rester confiné à la capitale et sa région.
Mais ce premier album, sorti en auto-production, lui a permis de se trouver un deal avec Great Dane Records et d’étendre son nom un peu partout sur le territoire. Et même au delà, plusieurs concerts étant prévus en Belgique pour cet automne.
Et pour cause. Se présentant comme des héritiers d’Opeth, Devin Townsend, Nevermore et Katatonia, les dix titres de ce CD montraient un mélange de puissance, de technicité – avec ces soli qu’auraient pu pondre les frères Amott –, et d’émotions, proches du mouvement romantique. En plus, le tout était magnifié par une production claire et imposante, surtout pour de l’auto-prod.
L’album n’était pas parfait. On reprochait certaines longueurs, certaines influences un poil évidentes, des soli trop démonstratifs et un violon un peu trop en retrait. Mais tout cela fonctionnait de manière remarquable. Idensity possédait, malgré les dires, quelque chose de bien personnel, quelque chose qui permettait à l’auditeur de l’identifier dès les premiers instants. Quelque chose qui passe notamment par la voix claire, pour le moins originale, et par le violon qui, s’il n’était pas autant présent que les autres instruments, conférait à certains passages un côté épique que bien des formations leur envierait (cf. la fin de « Picture », qui clôturait l’album).
En fait, Idensity, ça pouvait se résumer à son nom. Un groupe qui alliait une identité propre à une intensité prenante.
Il aura fallu deux ans aux Parisiens pour nous offrir un successeur à « Serenity ». Deux ans pour peaufiner leur musique, équilibrer l’importance de chacun… Ce successeur, c’est « Chronicles », et s’il se situe bien dans la continuité du premier rejeton, il s’en montre bien différent.
Pourtant, c’est un début similaire, qui lie ces deux albums. « Chronicles », une entrée cinématographique, aux cuivres, aux chœurs et à la voix lyrique – qui reviendra sur « Sekhmet », « The Seven Seals » ou encore « Islam » et « Mantra » avec un côté très oriental –, sur un fond de batterie martiale et de riffs rares, mais écrasants laissant s’instaurer une ambiance guerrière.
Mais là où « Let’s Introduce… » ne faisait qu’introduire « Serenity », « Chronicles » passe doucement de l’instrumental à un vrai titre tout en lourdeur, dont les ambiances épiques s’insufflent jusque dans les ruptures.
Idensity s’affirme, clairement. Groupe qui cachait sa jeunesse derrière une technique parfois un peu trop présente et masquant, de ce fait, certaines émotions produites, semble ici plus posé. Il n’hésite plus désormais à prendre le temps pour installer ses ambiances, avec des introductions dépassant parfois la minute. Les soli, même, sont moins présents, assez courts, parfois placés en arrière plan et intégrés dans les compositions avec soin. D’ailleurs, le vrai réel solo apparaît sur « Mantra », le dixième morceau, où il est amorcé par des riffs criards. L’aspect technique, toujours présent néanmoins, est ici totalement au service des ambiances, qui étendent leurs influences jusqu’aux terres orientales (comme nous le montrent certains titres, issus de diverses religions et ethnies), avec « Over the Abyss » et ce qui ressemble à un shehnai, « Mòfa » et son didgeridoo (à moins que ce ne soit des chœurs très bas), ou « Mantra » et son sarod.
Pour autant, plus posé ne signifie pas que le groupe a abandonné sa hargne. Car, toujours aidé par un production puissante à souhait, dont le mix a été confié à Dan Swanö, c’est une œuvre pachydermique de bout en bout que nous offre Idensity. Et cette lourdeur, tout comme la technique, se montre au service des ambiances. « Sekhmet », après un début à la fois mélancolique et inquiétant, devient très lourd et fastueux. On imagine alors sans peine se dessiner dans notre esprit les esquisses de châteaux monumentaux.
« Antikhristos », et ce n’est qu’un exemples parmi tant d’autres, déploie un riff principal plutôt lent et massif, mais celui-ci est sans cesse soutenu et contrebalancé en même temps par une batterie assez audacieuse et subtile, au jeu varié et, on peut le dire, par instants tentaculaire.
On pense parfois à la scène polonaise, sans que ça soit trop visible, non plus.
D’autres influences apparaissent d’ailleurs, sans rien gâcher à la personnalité du combo. « Mòfa » possède un riffing très Arch Enemyien dans l’esprit. « Annunaki » débute comme du Modern Metal, avant un refrain ressemblant à du Dark Tranquillity. Celui-ci n’est pas le plus convainquant de l’album, à mon sens, car il dénote face au style du groupe, ainsi qu’à cause d’une arrivée un peu trop abrupte à mon goût. Mais le titre, devenant de plus en plus prenant, par une rupture, d’abord, puis en reprenant l’intro de « Chronicles » jusqu’à l’explosion de la guitare saturée, est une réelle réussite.
D’ailleurs, si cet album se montre épique dès le début, cette sensation va s’accentuer vers la fin, avec le triptyque débutant au « Annunaki » sus-mentionné. Ainsi, « Mantra » démarre fort, avec un matraquage de la batterie, puis devient très fou, captant notre attention de tous les côtés.
Mais c’est définitivement « Loki », véritable monstre chevaleresque, qui assoit Idensity comme une sorte de Hans Zimmer du Metal. Le morceau débute pratiquement de la même manière que l’album, une lourdeur suit alors, mais cet aspect massif prend un sacré envol grâce à la batterie et aux instrumentations entourant ce duo, la musique s’approchant ainsi d’un Black Symphonique. C’est un titre fougueux, rempli de retournements de situation – comme pas mal de morceaux de ce CD, malgré une durée moyenne de 5 minutes par plage. Le refrain, assez posé à la base, devient de plus en plus puissant, les couplets sentent de plus en plus le film d’aventures grand spectacle, jusqu’à un final qui nous achève. Littéralement.
Avec « Serenity », Idensity posait les bases de sa musique. Un Metal puissant, mélodique, prenant et personnel, malgré des influences affichées. « Chronicles » enfonce le clou. On reconnaît la patte du groupe, notamment par le violon, qui devient bien plus qu’un simple atout, et la voix claire, principalement – car si les growls sont maîtrisés, ravageurs et efficaces, ils se montrent plus communs –, qui gagne en confiance et nous livre quelques poussées pas dégueulasses du tout (« Typhon »).
En 2011, Idensity avait impressionné en étant un peu sorti de nulle-part. En 2013, il prend réellement confiance en lui et installe pleinement son statut de groupe à suivre. De près.
Site officiel: www.idensity-metal.com/
Facebook : www.facebook.com/pages/Idensity/
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