Idolos – Ajchikaj

Le 28 juillet 2023 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • MgRcH : guitares, basse, chœurs, paroles, programmation
  • NnK : chant, concept

Style:

Black Metal Atmosphérique / Krautrock

Date de sortie:

18 mai 2023

Label:

Acid Vicious

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10

Je me suis gardé de faire de la vérité une idole, préférant lui laisser son nom plus humble d’exactitude.” Marguerite Yourcenar

Et si les martiens existaient? Cette question effleure notre imaginaire depuis longtemps, et moi qui suis de la génération E.T, je n’échappe pas à la règle, d’autant que ce film m’a littéralement traumatisé, au point encore aujourd’hui, à trente-trois ans, d’avoir du mal à regarder ne serait-ce que le début dans la forêt. Oui, certains comme mes parents ont été traumatisés par l’Exorciste, moi ce sera le petit automate qui jouera E.T qui m’aura traumatisé… La honte. Bref. Et donc, imaginons un seul instant que les extra-terrestres existent, à votre avis : quel style de musique ils aimeraient? Si l’on considère que les autres peuples de l’espace peuvent avoir des années, voire des siècles d’avance sur notre civilisation, auraient ils inventé un autre genre de musique, encore plus universel que la musique la plus universellement mainstream que l’on ait à notre époque sur la Terre? Bon, je divague pas mal ce soir, mais l’interrogation concernant une potentielle vie extraterrestre m’agite sincèrement depuis toujours. Parfois, moi qui adore bayer aux corneilles les nuits d’été sous les étoiles, je m’imagine ce qu’il y a derrière ces petites loupiotes qui brillent dans l’immensité noire et infinie. Chacune des étoiles étant un vraisemblable soleil, pourquoi la vie, qui certes correspond à des conjonctures toutes aussi miraculeuses les unes que les autres, ne pourrait pas être possible ailleurs? Et puis, ce bon vieux Raël, peut-être que c’est un homme incompris depuis des années. Peut-être est-il réellement monté dans un vaisseau spatial où il a rencontré de nombreux prophètes en même temps ! Après tout, qu’est ce qui vous prouve le contraire? Non, sur ce point précis, je déconne. Heureusement d’ailleurs, n’accordons pas de crédit à cet enf**** qui n’est qu’un vil escroc. Mais en tout cas, je prends progressivement sur le ton de l’humour cette interrogation extraterrestre pour une raison simple : dans la musique Metal, il y a de plus en plus de références en la matière, de groupes qui traitent de ces sujets précis, parfois de manière décalée et drolatique, parfois le plus sérieusement du monde semble-t-il. Et puis, vous avez des groupes dont vous ignorez s’ils agissent soit d’un côté, soit de l’autre, ou s’ils sont tout simplement inclassables dans l’intention première. J’avais fait la chronique d’un de ces fameux groupes, tout en ne tarissant pas d’éloges sur le précédent EP. C’est donc encore une énième fois en bouleversant mon éternelle habitude de ne pas chroniquer deux fois le même groupe et qui s’étiole bien progressivement désormais, que je vous parlerai ce soir d’Idolos et de son dernier EP nommé Ajchikaj. Difficile nom n’est-ce pas?

J’aimais bien ma présentation d’Idolos sur ma précédente chronique, alors je l’ai reprise. La voici : Idolos n’est pas de notre monde.
Enfin, si ! D’adoption, Idolos est un citoyen de la Terre, et a choisi comme terre d’exil la France ! Mais si vous écoutez ce noble conteur qu’est le dossier presse, vous découvrirez que les gonzes viennent de la planète Vénus. « Nous sommes des IDOLOS, entités membres du Royaume des Cieux, gardiens de l’antique science traditionnelle Atlante et originaires de Vénus. Nous sommes similaires au prototype physique humain mammifère auquel vous appartenez, mais nous avons la faculté psychique de pouvoir nous incarner et contrôler des corps véhicules transitoires vivants. » De quoi faire passer Sylvain Durif pour un perdreau de trois semaines. Et pourtant, Dieu sait qu’il fallait y aller franco pour surpasser ce génie incompris du cosmos. Du reste, Idolos nous explique qu’il a choisi la musique comme mode d’expression et d’épandage des ondes sonores, au travers de deux humanoïdes répondant aux doux noms de NnK et MgRcH.
Belle inspiration des parents pour les prénoms, hein ? En tout cas, mieux que la Rencontre du Troisième Type et sa musique bien connue, Idolos nous sert sur une soucoupe en argent deux EPs, « Ahi Cab » et le fameux « Náa » qui nous intéresse ici. Nous pouvons officiellement dire que Soil Chronicles est l’un des plus grands adeptes de la secte à en devenir des Idolos, puisque nous répandons la bonne parole depuis l’incarnation terrestre dans notre deuxième millénaire. La date exacte, on ne l’a pas! Mais qu’importe.
Aujourd’hui, nous en sommes donc au troisième EP nommé Ajchikaj et nous attendons encore la bonne parole et la date exacte. On se contentera de la productivité d’Idolos pour patienter encore le temps qu’il faudra !

Et comme souvent, le groupe nous gratifie d’un artwork surprenant, mais finalement à l’image même de son aura de groupe insondable et céleste. J’ai cherché la signification d’Ajchikaj, mais je n’ai rien trouvé. Ce qui signifie probablement que le groupe a fait un néologisme pour appeler son album, et cela renforce encore ce que je décrivais concernant Idolos. En tout cas, l’artwork est constitué par une iconographie qui me semble être maya, et qui ressemble à s’y méprendre à une gargouille, mais n’étant pas un fin connaisseur du mythe du peuple Maya, je ne saurais dire de quoi il s’agit précisément. Je retrouve néanmoins les nuances de couleurs qui rappellent la nature et donnent un aspect de jungle à cet artwork qui ne me déplait pas le moins du monde, loin s’en faut ! C’est l’une des grandes originalités et la récurrence chez Idolos que de proposer des imageries qui évoquent cet aspect très nature, qui contraste par ailleurs de manière saisissante avec la revendication d’un attrait mythologique voire divin ou céleste. D’aucun y verrait une incohérence, et on pourrait effectivement être partagé sur la question, mais je considère au contraire que faire ce choix, assumé par le groupe ou simplement interprété subjectivement par ma modeste personne, de représenter l’atout divin et mythologique d’Idolos par de la nature ou ce qui y ressemble, est non seulement loin d’être inadapté, mais en plus permet au groupe de se démarquer tout d’abord visuellement de ce qui se ferait usuellement dans ce style de musique extrême. Résultat : chaque artwork du groupe est une forme de contemplation nécessaire pour s’imprégner de l’ambiance conceptuelle de l’album Ajchikaj et de ses ancêtres. C’est pourquoi je clame que ce choix précis reste dans la lignée des autres : intelligent, péremptoire et magnifique. Bref ! Tout ce que l’on attend d’un artwork de cette trempe-ci.

J’étais resté sur un constat très positif dans ma chronique de l’avant-dernier EP, qui flamboyait d’un Black Metal Atmosphérique avec par moment quelques écarts de conduite Post-Black Metal, et surtout des incorporations qui se situaient habilement entre la musique industrielle et le Krautrock. Eh bien, sans vergogne aucune, Idolos perpétue encore cette fantastique musique très cosmotique et un brin psychotique, psychédélique. La musique n’a pas bougé d’un poil ! Ce sont exactement les mêmes ingrédients qui avaient fait le franc succès de l’avant-dernier méfait, et Ajchikaj continue sur cette belle lancée. L’EP est en revanche plus court, avec quatre morceaux d’une longueur somme toute raisonnable pour le genre Black Metal atmosphérique. La musique est loin d’être linéaire, Idolos s’amusant à changer les riffs au gré de ses envies, offrant donc un Black Metal rarement voire jamais en mid tempo, plutôt sur un versant Post-Black Metal avec de vraies belles et profondes atmosphères, le tout agrémenté par des samples spatiaux, électroniques et quelques fois de la narration qui finalement montre toute la cohérence du groupe qui construit sa musique autour d’un principe prophétique ! Difficile néanmoins de décrire avec précision la musique d’Idolos tant elle est complexe, travaillée, recherchée. Il convient toutefois de dire que l’on retrouve dans le son des guitares notamment cette forme caractéristique du Post-Black Metal, ou du Black Metal Atmosphérique comme certains préfèreront, et il va de soi que même le chant reste fidèle à ce style qui ne souffre ainsi d’aucune contestation possible. Cela me semble presque un peu court toutefois pour les néophytes qui découvriraient la formation, tant j’avais moi-même eu besoin de plusieurs écoutes pour apprécier à sa juste valeur le précédent EP. Mais au moins, étant cette fois-ci particulièrement rôdé à l’exercice, je peux affirmer que ma première écoute a été un franc succès ! Ajchikaj comme je l’expliquais, perpétue fidèlement et justement ce qui faisait l’originalité et la beauté de la musique d’Idolos, avec donc des parties Black Metal Atmosphérique qui sont superbes tout en étant complexes, et des éléments de musique industrielle ou Krautrock qui confèrent un aspect vintage absolument pas désagréables, accentué lui-même par un chant en retrait et des narrations opportunes. Voilà donc de quoi satisfaire nos tympans curieux et difficiles. Encore faut-il aimer les ouvrages qui ne se reposent pas sur de l’oldschool insipide et qui recherche à améliorer davantage ou repousser ses limites. Idolos a en tout cas encore trouvé un auditeur / chroniqueur plus que satisfait !

Toutefois, un petit bémol est à noter comparé aux anciens opus. Là où je trouvais la production étrange, j’appelais cela une sorte de son hybride entre le moderne et l’old school. C’était là encore plutôt compliqué à décrire puisque, par ce procédé un peu hyperbolique, je ne savais probablement pas à l’époque expliquer par des mots clairs comment était la production d’Idolos. Tout en lui reconnaissant un vrai pouvoir sonore en jouant habilement aussi sur le côté prophétique. Mais ici, je ne sais pas pourquoi, il m’a semblé détecter quelques erreurs de mixage assez manifestes. Pour vous la faire courte : le son grésillait un peu à de rares moments, comme si le son était trop saturé notamment sur certaines parties de guitares. Du coup, craignant un problème avec mon casque et n’ayant pas constaté d’erreurs de ce genre avant, j’ai réécouté sur d’autres supports audio qui finalement vont me montrer sensiblement la même chose. Alors quoi? La réception était mauvaise à la station satellite? Le son de Vénus devenait à ce point inaudible? J’ai été surpris quand-même parce qu’il me semblait que le groupe brillait par son sérieux, même si la production pouvait prêter à confusion. Passé ce moment d’égarement loin toutefois d’être rédhibitoire, je dirais qu’au moins Idolos continue là aussi de mettre en exergue ses samples, ce qui offre de véritables atmosphères spatiales et spirituelles, et le Metal derrière appuie allègrement ces derniers plus que l’inverse, et cela, j’adore. Maintenant, je relève encore les défauts de l’autre fois, à savoir : la batterie programmée qui s’entend trop, la basse un brin mise en avant, et donc comme je disais, cette production générale qui aura deux poids deux mesures. Mais globalement, cela reste correct. Je pense simplement qu’Idolos mériterait soit de s’offrir les services d’un autre studio d’enregistrement pour faire évoluer son son, soit de s’offrir les services d’un vrai batteur.

Maintenant, le concept reste à mes yeux LE point fort exponentiel d’Idolos qui brille par son originalité et assume encore sur cet EP Ajchikaj ses origines vénusiennes et descendant des Atlantes. Rien que cela ! J’étais toujours curieux de voir comment le groupe allait présenter la chose, car les possibilités ne me paraissaient pas si infinies que cela. Et sur le papier, le choix du Black Metal Atmosphérique noué de musique industrielle ou de Krautrock n’auraient probablement pas été le mien. Mais force est de constater que le groupe joue parfaitement bien son rôle et a su trouver le truc imparable pour développer son concept étrange, un peu à la Neptunian Maximalism pour ne citer qu’eux. J’avais noté ceci, je pense que cela résume encore bien la musique présente ici : « Pour la suite des réjouissances, je dirais que là où Idolos est très fort, c’est dans sa perception de la musique. Je m’explique : Idolos joue clairement la carte du « décalage » dans le sens où tout son univers artistique repose au départ sur quelque chose de farfelu, sinon qui relève d’une forme de spiritualité hors des cases. « Náa » fonctionne donc avec habileté comme un manifeste musical d’une idéologie certes un peu floue, mais qui s’anime vraiment à chaque morceau. Le Black Metal Atmosphérique est devenu par effet de mode un genre musical qui permet l’expression de nombreux états d’âme ou de certaines philosophies tout en gardant le côté agressif et froid du Black Metal normal. Ce n’est donc pas étonnant qu’Idolos ait choisi ce genre pour parler de ce qui l’anime à la fois intérieurement et extérieurement avec « Náa« . Il faut à mon sens prendre ce deuxième EP comme un éloge à la pensée, pas que comme un CD lambda de Metal ! » Et je parlais de connivence, c’est clairement cela. Et ce soir, le palier a été franchi. Malgré les lacunes identifiées plus haut, je crois que je suis tombé en osmose avec la musique d’Idolos. Une très belle confirmation, pour un groupe prometteur et qui nous conduira un jour aux confins de sa planète.

Pour ce qui est du chant, j’avais marqué une légère déception sur une technique vocale qui n’évoluait guère sur le précédent EP. Ici, je dirais que l’effort a été accompli, même si cela reste modeste. Au moins, ce dernier varie un peu et sort de sa zone de confort en high scream pour explorer un peu d’autres choses. Mais je pense que le groupe aurait tout à gagner à mettre encore plus en avant son concept génial en mettant un chant compréhensif, pas forcément macabre comme c’est le cas ici, et ainsi l’on pourrait sans peine s’imprégner des diatribes prophétiques qui émanent de cet EP. Je ne vois pas quoi rajouter de plus.

Conclusion de cette nouvelle chronique, Idolos revient aux affaires avec ce troisième EP nommé Ajchikaj. Toujours pas d’album donc pour la formation qui est sur le papier de Limoges, mais qui s’avère être un groupe des descendants des atlantes, rien que cela ! Mais loin de ne pas s’être assimilé à une vie terrestre, le groupe de Vénus n’en demeure pas moins un très bon groupe de Black Metal Atmosphérique, ou Post-Black Metal selon les coutumes. Avec des rajouts géniaux de musique industrielle et selon moi, de Krautrock, le duo spirituel continue donc sur sa lancée des fois précédentes. Pas de progression à noter, mais la confirmation d’une musique qui se veut complexe, originale et qu ne se repose pas sur ses lauriers. Allant sur des changements rythmiques en pagaille, délaissant la linéarité redondante du Black Metal Atmosphérique pour en faire un ouvrage unique et technique, Idolos pourrait bien être un jour le premier groupe mi- terrestre, mi- extraterrestre à faire une nouvelle conquête spatiale, voire universelle. C’est bien naturellement ce qu’on leur souhaite chez Soil Chronicles qui les suit depuis leur début avec plaisir. Belle ouvrage !

Tracklist :

1. Prolog 02:21
2. Faces Revealed 07:55
3. Into the House of Bats 07:52
4. The Sun and the Moon 06:26

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