Ignis Fatuus – Under Command of the Leviathan Cross ...
Line-up sur cet Album
Daniel Frédéric : guitare Arnaud Jeannet : batterie Yves Mikes : chant Mathieu Roger : basse Pierre-Emmanuel Fischer : guitare
Style:
Thrash / Death MetalDate de sortie:
11 Novembre 2019Label:
AutoproductionNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.5/10
“Le suicide, c’est la ressource des hommes dont le ressort a été rongé par la rouille.” (Pierre Drieu La Rochelle)
Cette fois-ci je me suis lancé un défi à moi-même : faire la chronique d’un groupe de Thrash Metal. Probablement l’un des styles de Metal qui me parle le moins et pour lequel j’ai le moins de chance de m’identifier, c’est surtout celui que j’ai le plus de mal à comprendre. C’est le style dont j’ai le plus de mal à situer l’historique, tant les revendications de nombreux groupes sont nombreuses et les amateurs du genre ont tendance à ne pas arriver à se concerter pour donner un pionnier. J’en ai entendu un paquet : le Big Four, Kreator, Sepultura, etc. Mais le souci, c’est que je suis issu de la scène extrême depuis des années et mes références ne sont pas les mêmes que le commun des gens que je rencontre en concert ou les « anciens » qui citent les groupes ultra connus comme référence. Donc, faire la chronique d’un groupe de Thrash Metal revient pour moi à prendre un train en marche sans me casser la figure lamentablement en courant. Je vais bien voir ce que cela donne avec le groupe Ignis Fatuus et son troisième album intitulé Under Command of the Leviathan Cross.
Alors, attention à ne pas vous tromper ! Des groupes appelés Ignis Fatuus, il y en a, selon Metallum, sept ! Sept feux follets puisque c’est la signification en latin d’ »ignis fatuus » ; pour des groupes brutaux, cela sonne comme un oxymore incroyable mais bon… Celui dont nous allons étudier le CD nous vient de France, de Montbéliard exactement. Eh oui, à Montbéliard, il n’y a pas que des vaches et des usines Peugeot ! Il y a aussi un groupe qui existe depuis 1995, excusez du peu ! Seulement voilà, dans l’histoire du groupe, il y a un trou béant entre 1997 et… 2012. Le néant total, comme si vous présentiez votre CV avec un trou de dizaines d’années et qu’il faudrait le justifier pour ne pas faire croire au chasseur de têtes que vous avez été en prison pour homicide. Depuis 2012, par contre, le groupe a sorti trois albums jusqu’à aujourd’hui, on peut dire donc qu’il n’a pas chômé depuis pour nous entraîner dans sa musique.
Et pour un troisième album, le groupe a mis le paquet dans sa pochette ! Comme pour les précédents d’ailleurs, les pochettes sont en effet chaque fois très réussies et donnent vraiment envie d’aller à l’écoute. A un détail près : si je devais comparer les trois albums, l’artwork ici est le moins attractif de tous pour moi. Étant plus « dessin » que les autres, avec ces tons grisâtres voire noir et blanc et où seuls le logo du groupe, le nom de l’album et la croix de Léviathan (que je ne connais pas) sont en rouge, ce graphisme manque cruellement de recherche, pour moi. Après, l’intention est là puisque l’on devine tout de suite que l’on va entrer dans le royaume de Léviathan et que ce dernier aspire le monde comme un trou noir, étoiles comprises. Si, cependant, j’étais tatillon, je dirais que le Léviathan, ce n’est pas tout à fait cela comme imagerie… Mais bon, le groupe a droit de mettre l’iconographie qu’il veut. Par contre la cohérence vient bien de la croix de Léviathan, appelée aussi croix de Satan, qui symbolise, avec sa double croix, l’équilibre et le symbole de l’infini en bas, l’éternité. Le groupe respire donc le satanisme ou, mieux encore : le Chaos. Pochette réussie, quoiqu’un peu moins que les autres en somme.
On est partis pour dix morceaux d’une brutalité sans fin. Ce CD est un concentré de violence à lui tout seul et je suis agréablement pris de court par ce contenu qui ne présageait rien de tel tant je partais avec de la réticence. Et immédiatement quelque chose me saute aux yeux : le groupe Ignis Fatuus me semble très très influencé par le groupe Possessed que j’avais bien aimé au Hellfest. En fin de compte, je me rends compte vers la moitié de l’album que ces riffs, je les ai déjà entendus plein de fois, un peu au hasard de mes écoutes ou quand je me suis un peu attardé sur des groupes très mainstream. Et que j’aime bien ces riffs-là, bien bourrins, teintés de temps en temps par des mélodies très accrocheuses et des soli bien placés ! C’est peut-être en cela que le Thrash a été la base de beaucoup de groupes de Metal extrêmes, parce que ces mélodies, on les entend partout ou presque. La vraie question qui demeure est la suivante selon moi : est-ce qu’Ignis Fatuus cherche à se démarquer de ses glorieux prédécesseurs ou, au contraire, cherche-t-il a rester dans la même mouvance et perpétrer une sorte de lignée ? C’est une question que je me suis toujours posé quand un groupe part en croisade sous le drapeau du « old school ».
Et après avoir décortiqué en deux ou trois écoutes intensives l’album, je dirais que le groupe a choisi le deuxième chemin mais je ne peux l’affirmer à cent pour cent. Je suis parti ainsi de cette hypothèse, et j’ai beaucoup apprécié, en conséquence, l’écoute d’Under Command of the Leviathan Cross : c’est un album énergique, brutal, sans prétention autre que la dévastation totale de ce qui nous entoure ! Une vraie machine d’extermination de masse qui donne envie de sauver ces miches en combattant avec eux. J’ai beaucoup aimé le jeu qui est fait d’une guerre, avec le commandement de la croix du Léviathan comme d’un état-major. En soi, il n’y a donc rien d’innovant mais ce CD sent mauvais le Chaos et ce n’est pas pour me rebuter, bien l’inverse !
J’ai réussi à isoler deux polarités sur cet album, qui se valent comme une symétrie parfaite : le mixage final et le chant.
Le mixage final est tout simplement dantesque : il y a une lourdeur qui fait que le groupe frôle de très près le Death Metal et c’est typiquement ce son que j’adore pour du Metal (si l’on exclut le gros son death suédois bien entendu mais celui-là finit deuxième dans mon ordre de préférence). Je suis extrêmement étonné, donc, de découvrir que le groupe s’est produit lui-même et qu’en plus c’est l’un des musiciens – Pierre-Emmanuel Fischer – qui s’en est occupé. A moins que ce dernier soit un ingénieur son et que je l’ignorais, je peux dire sans l’ombre d’un doute que le mixage est le point fort de ce CD et probablement ce qui donne un léger avantage sur les CDs plus anciens et renommés. Au top !
Le chant par contre est l’antithèse parfaite du précédent. C’est simple : je ne comprends pas. Pourquoi ce type de chant, un grunt grave classique, sur des riffs aussi tranchants ? Pourquoi mélanger la précision (le tranchant) et la brutalité (le chant) ? Pour moi il y a une énorme erreur de casting, d’autant que la technique vocale est loin d’être incontournable. Et ce ne sont pas les hautes tessitures qui vont sauver le navire. C’est nettement le moins bon point de l’album et, moi qui, pourtant, ne suis pas fanatique du chant plus commun en Thrash Metal genre Sepultura, j’aurais bien vu ce chant-là, précisément ici. Le grunt enlève clairement la pêche intégrale des autres instruments. Vraiment dommage…
Nonobstant, les autres instrumentistes sont très bons : j’adore particulièrement les soli et la batterie bien pêchue qui sonne comme un rouleau compresseur ganté de clous.
Ce CD est, pour en terminer ici, un vrai concentré de carnage et de cataclysme à lui tout seul. Une vraie bouffée d’énergie et d’agressivité qui réveillerait les plus neurasthéniques d’entre vous. Attention, toutefois, à l’overdose d’adrénaline et aux envies de meurtre qui pourraient surgir de vos entrailles vibrantes. Ignis Fatuus, qui porte mal son nom de « feu follet », est en passe de devenir un incontournable du Thrash Metal en France et mérite une vitrine bien plus importante que son histoire ne lui a pas offerte. J’espère contribuer à une visibilité supplémentaire et vous prie de remercier le Léviathan pour son escouade de fous furieux que vous êtes. Belle découverte !
Tracklist :
1. Decimation:complete
2. Symbol of Abstraction
3. Berserkers
4. Beneath the silent Hordes
5. Those from the Netherworld
6. For the Dead travel fast
7. Sub-Creatures
8. Archangel of Doom
9. Praising the Untrue
10. Where the Dark Threat prevails
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