Line-up sur cet Album
- Michael Schindl : chant, guitare
- Diogo Almeida : guitare
- Sébastien Dutruel : basse
- Mario Togni : batterie
Style:
Post-rock / Post-metalDate de sortie:
21 mai 2021Label:
Season of MistNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.5/10
« La culture est un antidote à la violence, car elle nous invite à la compréhension d’autrui et féconde la tolérance, en nous incitant à partir à la rencontre d’autres imaginaires et d’autres cultures. » Renaud Donnedieu de Vabres
Comme je ne savais pas vraiment quoi vous écrire comme introduction, ça m’arrive des fois, je mets en copie le texte du morceau Léa, de Louise Attaque, qui est un des textes les plus lunaires et les plus fous que je connaisse. En même temps, je considère Gaëtan Roussel comme un parolier hors pair, contrairement à son chant et son talent de musicien. Mais ce n’est que mon avis. Voici donc le texte, je vous expliquerai après pourquoi.
« Léa, elle est pas terroriste, elle est pas anti-terroriste
Elle est pas intégriste, elle est pas seule sur terre
Elle est pas commode, non elle est pas comme Aude
Elle est pas froide, elle est pas chaude pour nu réaliste
Elle est pas créditeur
Elle est pas méchante, mais putain qu’est ce qu’elle est chiante
Léa
Elle est pas intérimaire, elle est pas comme ma mère
Elle est passagère, elle est pacifiste
Elle est pas d’accord, elle est passionnée
Elle est pas fute fute, elle est pathétique, elle aime pas tous mes tics
Elle est pas solitaire, elle est pas solidaire, elle est paresseuse
Elle est pas réciproque, elle est pas en cloque
Elle est pas de la région PACA, elle a qu’a s’envoler
Léa
Elle est parisienne, elle est pas présentable
Elle est pas jolie, elle est pas moche non plus
Elle est pas à gauche, elle est pas à droite
Elle est pas maladroite
Léa
Elle est pas terroriste, elle est pas anti-terroriste
Elle est pas jolie, elle est pas moche non plus
Elle est pas toujours drôle, elle est pas libre
Elle est pas tentée, elle est paternaliste
Elle est pas inspirée, elle est patiente
Elle est pasticheuse, elle est pas cible, elle fait pas la politique
Léa
Elle est parisienne, elle est pas présentable
Elle est pas jolie, elle est pas moche non plus
Elle est pas à gauche, elle est pas à droite
Elle est pas maladroite
Elle l’a pas volé, elle passing-shot
Elle est passe-temps, elle est passable
Elle est pas stable, elle est pas partout
Elle dit qu’elle partira où elle est même pas venue
Elle est partisane, elle est pas pas pas sortable
Et ça je vous l’ai pas pas déjà dit
Qu’elle est parisienne, elle est parisienne
Elle est pas terroriste, elle est pas terroriste
Léa
Elle est parisienne, elle est pas présentable
Elle est pas jolie, elle est pas moche non plus
Elle est pas à gauche, elle est pas à droite
Elle est pas maladroite »
Au moins pour la correction, ça va être rapide. Disons que ce texte est intrigant à bien des égards, et qu’il n’a pas de signification connue. Un peu comme certains groupes s’amusent à jongler musicalement parlant sur des styles, dont on ignore le style précis. C’est le cas du groupe Impure Wilhelmina qui revient aux affaires avec Antidote! Oui je sais, mon lien introduction / groupe est mauvais…
Impure Wilhelmina est un groupe qui nous vient de Suisse, et de Genève pour être exact. Fondé en 1996, un seul fondateur persiste dans le groupe qui a connu divers changements de line up jusqu’à aujourd’hui. Michael Schindl, c’est son nom, demeure le compositeur principal, le guitariste-chanteur et le parolier du groupe. Un univers musical qui transite donc autour d’une seule psyché, cela annonce quelque chose de cool. En tout cas, Antidote, qui sort chez Season of Mist (svp!), est à ce jour le septième album d’Impure Wilhelmina, qui a aussi sorti une démo, un EP et un split avec Ordeal en 2001. Ne connaissant point le groupe genevois, je ne sais pas si je m’extasie particulièrement ou pas devant Antidote, étant donné que je pars sur des bases neuves et sans contentieux, je suis plus dans une optique de normalité qu’autre chose. D’autant que le style abordé n’est pas celui pour lequel j’ai eu le plus d’ouverture d’esprit ces dernières années. Mais sait-on jamais!
L’artwork en tout cas est pas mal du tout. « Beau » serait un peu exagéré mais « moche » pas du tout, clin d’œil à Léa. Je pense qu’il y aurait eu moyen de faire mieux, ce panache de fumée rouge, à moins que ce soit autre chose et que mes lunettes me jouent des tours, est somme toute assez peu parlant. Par contre j’aime beaucoup la stylistique du nom de l’album et du groupe. C’est net et précis et l’inversion des « t » est jolie comme tout. C’est le genre d’artwork qui peut plaire à tout un chacun sans pour autant garantir le succès du lèche-vitrine. L’avantage de faire passe-partout c’est aussi le désavantage de ne pas attirer l’œil. Aussi, vais-je considérer cet artwork comme étant « pas mal », sans m’épancher encore plus sous peine de rendre soporifique cette chronique. On aurait pu avoir mieux dirons-nous, mais le résultat est tout de même sympathique.
J’ai en revanche été plus qu’agréablement surpris par la musique d’Impure Wilhelmina! Je ne savais pas sur quel pied danser au départ du format mp3, tant et si bien que cette perspective inconnue m’a plus que plu. Je dirais que la musique des suisses n’est pas si évidente que cela à aborder, ni à appréhender car elle jongle habilement entre deux, voire trois styles principaux. Il y a de fait un côté post-rock très marqué, avec des accentuations et une utilisation des instruments très « post » justement mais le talent des mecs est de parvenir à bouleverser la frontière entre post-rock et post-metal. De fait, contrairement à ce que l’on pourrait penser, les deux s’assemblent très bien ici dans un ballet riffique prenant, tantôt calme et avec une agressivité « normale » bien rock, tantôt enjouée avec une agressivité saturée, très metal. Et ce n’est pas tout! Je devine au travers de petits passages éclairés quelques petites touches discrètes mais piquantes de post-hardcore. Je parle de petites touches parce qu’on devine que le groupe avait emprunté dans son anamnèse des passages post-hardcore marqué, ici il ne reste que quelques ersatz, quelques miettes. Mais il y en a en tout cas! Et cela bouleverse grandement ma représentation de tout ce qui est post-quelque chose. La musique est en tout cas innovante, fraîche et avec une part atmosphérique à la post-rock islandais qui me ravit! Les parties plus incisives sont aussi intéressantes et j’admire beaucoup le talent du quatuor suisse qui propose en un album un travail solide et déjà plein de certitudes. Les changements de line up, si dérangeants des fois, ne se ressent pas ici car il y a un seul maître à penser. Et dès la première écoute, j’ai senti que le gars en avait dans le pantalon et dans l’hippocampe. Une vraie belle surprise que cet Antidote!
Pour la production, et c’est là tout le beau boulot qui a été fait, c’est qu’on a cette dualité qui se complète entre le post-rock et post-metal et que l’on devine à travers ce son successivement atmosphérique ou énergique. De fait, il y a eu un solide boulot de fait en studio pour permettre de faire ressortir cette opposition qui finit par fournir un tout, un ensemble musical qui se marie d’autant mieux que le son est cohérent partout. Comme si le groupe avait réussi à trouver l’osmose parfaite pour que d’une part, l’on ressente les différences de musique dans les compositions, et d’autre part pour que le liant sonore soit bien effiloché. Sans rire, je suis épaté par le rendu du spectre sonore. C’est beau, propre comme tout, et sans aucune anicroche en route. Un album qui s’écoute en plus de cela d’une traite, sans pause grâce à cette production aux petits oignons. C’est du très très bon, voire excellentissime.
Après, n’étant pas un mordu de post-metal, plus de post-rock à vrai dire, je n’ai certainement pas eu l’extase que beaucoup d’entre vous auront puisqu’Impure Wilhelmina m’apparaît comme une valeur montante, sinon sûre de la musique helvète. Mais j’ai été quand-même touché par cet album qui transpire de sincérité et d’émotions. Les noms des pistes sont d’ailleurs peu recherchés mais ouvrent la voie à des interprétations très personnelles, ou personnalisantes. On sent que les concepts de chaque morceau sont ici dans un but précis : nous faire vivre des états d’âme et des moments de vie précis. Je reconnais sans difficulté ce talent indéniable des groupes de post-rock pour nous faire vivre ce genre de sensations. Encore faut-il qu’ils soient bons! Impure Wilhelmina fait carrément partie des meilleurs, sans être fanatique ni connaisseur de leur discographie, avec cet Antidote, ils m’ont convaincu qu’il fallait compter sur eux à l’avenir. En tout cas, cet album est un pur instant d’émotions et d’histoires, si vous cherchez des émulations d’un soir, je vous recommande tout de suite, avant de conclure, ce septième album des genevois d’Impure Wilhelmina.
Le talent est largement au rendez-vous, chaque musicien mérite qu’on dise qu’il est bon. Mais je vais m’attarder une fois n’est pas coutume sur le chant. J’ai beaucoup aimé la voix claire de Michael Schindl qui est à la fois posée et envoutante, et aussi parfois avec des envolées légères mais suffisamment étendues pour qu’on perçoive une certaine détresse. Je suis d’autant plus attentif au chant que c’est souvent ce dernier qui m’a déçu des groupes de post-rock. Avec une certaine nonchalance, les chanteurs de post-rock s’évertuent à proposer des lignes de chant trop molles, sans énergie mais même sans tomber dans l’exagération! Mais juste un peu de chant énergique quoi, qui donne envie de plonger dans l’immensité artistique abyssale! Heureusement avec Impure Wilhelmina, j’ai repris gout très vite. Le chant est vraiment superbe, avec une technicité et une justesse irréprochables, une intelligence dans l’utilisation des tessitures et des décibels qui laisse pantois. Un vrai point fort que ce chant qui transporte, annihile toute réticence et m’a pris aux tripes. Un vrai bain d’émotions dans un océan musical. J’ai adoré!
Bon! Je finis ici ma diatribe, pour vous parler une dernière fois d’Impure Wilhelmina et de son album Antidote. En fait, mon lien obscur avec la chanson Léa de Louise Attaque intervient pour dire qu’on n’a jamais de certitude. La certitude absolue est l’ennemi de l’Homme critique. Aussi ai-je mis de côté mes différentes déceptions en matière de post-niania et grand bien m’en a fait! Je me suis pris une vraie régalade avec cet album des suisses d’Impure Wilhelmina, qui s’imposent comme un groupe de post-rock solide et sincère! Antidote est un vrai remède aux poisons qui gangrènent nos existences de robot lobotomisé, une vraie bouffée d’air pur et d’émotions qui ne laissera personne indifférent. Allant jusqu’à bouleverser l’évaluation des états de conscience par le docteur David R. Hawkins, et se situant presque en haut de cette échelle, Antidote est un album qui fait du bien mais qui touche. Et ça, c’est un très bon constat. Beau boulot!
Tracklist :
1. Solitude (6:20)
2. Midlife Hollow (5:24)
3. Gravel (4:50)
4. Dismantling (4:58)
5. Jasmines (5:40)
6. Vicious (4:03)
7. Torrent (4:38)
8. Unpredicted Sky (7:52)
9. Antidote (1:40)
10. Everything Is Vain (7:19)
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