Note du SoilChroniqueur (Fast Freddy) : 8/10

Voilà plus d’un quart de siècle qu’Impure Wilhelmina, au gré des changements de line up, façonne une musique qui flirte avec les influences multiples autant qu’avec les frontières du rock et du metal ! La discographie du quatuor genevois s’articule autour d’un EP et de cinq albums, le dernier datant déjà de six ans. Le groupe est étiqueté post metal, n’hésitant pas à se renouveler et à expérimenter des sonorités différentes, ce que beaucoup n’osent pas. C’est avec un EP intitulé « Dead Decades » que les Suisses reviennent faire parler d’eux, en livrant cinq morceaux dont trois sont des reprises.

C’est par celle de « La javanaise », titre majeur de l’œuvre de Serge Gainsbourg, que l’EP débute ; il y a ceux qui diront que l’on ne s’attaque pas à un monument tel que Gainsbourg et ceux qui trouveront dans l’idée l’esprit de braver l’interdit qui a dû parcourir Serge lorsqu’il s’est attaqué, à sa façon, à l’hymne national ! Comparaison n’est pas raison, je me garderai donc d’en tenter une et dirai que cette interprétation est juste fabuleuse et qu’elle nous plonge dans un moment de nostalgie riche en émotions !

La deuxième reprise, « Fallen Angel », est celle de l’emblématique groupe de rock progressif britannique, King Crimson, que les plus jeunes ne connaissent peut-être pas, les vieux briscards ayant débuté à la fin des années soixante et ont à l’époque quelque peu défrayé la chronique en apportant de la modernité dans le rock, alors que les esprits n’étaient pas si ouverts qu’aujourd’hui. En parlant d’esprit, celui que l’on ressent ici n’est probablement pas éloigné de celui qui a guidé la composition de cette balade mélancolique à souhait en son temps ! Il suffit d’écouter et d’apprécier à sa juste valeur ces sept minutes pour être totalement coupé du monde le temps d’un pur moment de douceur.
C’est « Plainsong » de The Cure, qu’Impure Wilhelmina a décidé de reprendre également, titre avec lequel la bande à Robert Smith débutait leurs concerts lors de la tournée fêtant leurs quarante ans ! L’ambiance triste, désabusée et mélancolique qui transpire sur quasiment chaque titre des Anglais, est ici parfaitement retranscrite, même si le morceau est bien évidemment revu à la sauce helvète.
De mon point de vue, le choix de ces trois covers image parfaitement les influences multiples des musiciens d’Impure Wilhelmina ainsi que leur ligne musicale moderne et novatrice intégrant des sonorités riches et variées, qu’elles viennent du metal, de la new wave, de l’indie rock, du post-hardcore, du rock progressif ou d’ailleurs ! Elles confèrent aux morceaux des ambiances différentes, mélancoliques ou intenses au gré du style intégré.

Quid des deux morceaux inédits proposés en clôture de « Dead Decades » ? Que ce soit sur « Nebulæ » ou « Ignoramus », l’inspiration, la créativité, la polyvalence et la technique au service du feeling sont la confirmation qu’Impure Wilhelmina fait partie des groupes capables de produire de l’intensité dans les émotions, façon force tranquille, sans que leur musique n’ait besoin de déborder d’énergie. L’alternance de voix claire et screamée, l’excellent travail des guitares produisant des mélodies accrocheuses basées sur des arpèges efficaces et des parties saturées au juste besoin et l’ambiance si particulière dégagée sont un régal pour les oreilles ! On peut percevoir un esprit toolien ou gojiresque à plusieurs reprises.

La photo utilisée sur la pochette de l’album image parfaitement la musique du groupe ; l’enchevêtrement des branchages sur la construction indiquant que le post metal des Suisses est tout sauf linéaire et qu’il se veut la combinaison de sources d’inspirations multiples, le tout avec un côté sombre.

Nul ne peut contester le talent qui se dégage des musiciens d’Impure Wilhelmina, « Dead Decades » est là pour le confirmer, tant la qualité musicale transpire de ce nouvel EP !
L’attente fut longue et même s’il ne s’agit que d’un EP, elle valait le coup… Ou bien !!

Tracklist :

1. La Javanaise 3:29
2. Fallen Angel 7:09
3. Plainsong 5:43
4. Nebulæ 5:40
5. Ignoramus 4:39

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