En introduction à cette chronique, j’aimerais me permettre ce petit laïus sur la scène américaine. D’abord reconnue pour son Thrash dans les années 80s, puis pour son Doom, cette scène a su démontrer au fil des ans, sa capacité à produire des groupes crédibles et à se positionner en tant qu’alternative intéressante à la scène européenne. Avec l’avènement du Néo, de jeunes formations ont su définitivement prouver que le nouveau continent possédait également les capacités à créer quelque chose de nouveau. Mais à trop vouloir créer, on en vient à ne pouvoir éviter la redite. L’essor du Metalcore sera ainsi fatal à ces vingt années de recherche. Le succès récent et fulgurant des Linkin Park et autres Evanescence amène fort logiquement chaque label à vouloir y aller de sa jeune formation, vierge de toute véritable expérience, relativement facile à aborder, et prête à être jetée sans vergogne en pâture aux critiques les plus acerbes. Et c’est bien là que le bâs blesse : articulés le plus souvent autour d’un ou deux titres, ces albums ne peuvent maintenir l’illusion bien longtemps (pour peu qu’ils parviennent déjà à la créer) et sont dotés en général, d’une durée de vie somme toute très limitée.

Tout cela pour vous dire que In This Moment a bien l’air de faire partie de cette catégorie d’artistes. Créé en 2005, le combo nous délivre avec ce « Beautiful Tragedy » son premier opus.

Musicalement, rien de révolutionnaire. Sur une base Metalcore typique aux riffs un brin agressifs (Bullet for my Valentine en moins talentueux), le groupe vient greffer ci et là de légères consonances Death-mélo (à la In Flames ‘nouvelle période’) et quelques minuscules et infimes touches irritées des Smashing Pumpkins. Cela reste néanmoins fort convenu … ni bon, ni mauvais mais sans réelle surprise une fois le titre phare passé. Celui-ci est sans conteste ‘Prayers‘ (en écoute sur leur myspace) et placé judicieusement en … première position sur le disque (juste après l’intro). On notera quelques soli bien exécutés (‘Circles’), mais d’une manière générale les riffs s’enchaînent et se ressemblent trop fortement d’un morceau à l’autre.

L’élément principal différenciant In This Moment de ses concurrents directs réside en la personne de Maria Brink, sa chanteuse, aux vocalises écorchées à la manière d’une Tairrie B (My Ruin) en son temps. La miss se montre autant à l’aise sur des parties violentes que sur d’autres plus douces (‘Daddy’s Falling Angel’). Mais vous remarquerez que j’ai pris soin de parler « d’élément principal » et non pas « d’atout majeur » pour la simple et bonne raison, que le chant plus conventionnel, mal maîtrisé est proprement insupportable sur les longues envolées de certains refrains (‘Prayers’) ou morceaux (‘The Legacy of Odio’). Un point négatif l’empêchant hélas de prétendre à ce statut, même si ce type d’interventions reste occasionnel.

Voilà, même si le disque se termine sur une note positive avec un ‘When the Storms Subsides‘ calme et acoustique, se démarquant du tout avec brio et ce, de manière presque provocante à l’encontre des autres chansons; ce « Beautiful Tragedy » ne restera néanmoins pas dans les annales, pour nous autre Européens, habitués à plus subtil. En quatre titres, la messe est dite … Le reste de l’album nous le prouvera. L’impression d’écouter une chanson en boucle se fait cruellement sentir et on se surprend à écouter la suite d’une oreille relativement distraite …

Beautiful Tragedy ? yes …

Bodom