Note de la Soilchroniqueuse (Migou) : 6/10

« Alors, Maïté, qu’avons-nous au menu aujourd’hui ?

– Hé ! Ma chèreuh Mémé, je te proposeuh le menu « Insurrexión ». Il est compósé de 4 plats : 4 titres (dont le premier de 4 minutes et quelques poussières) pour 4 musiciens… Mais on n’atteint pas les 40 minutes d’un death / black metal.

– Et que trouverons-nous dans ce menu ?

– Nous y trouverons des épices intéressantes, à défaut d’êtres osées. Elles appâtent les papilles, dilatent les pupilles, font tendre l’oreille, notamment autour de la basse qui souvent, se retrouve à tenir la mélodie, bien qu’il y ait deux guitaristes, un lead et un rythmique. J’aime quand la basse ne se cantonne pas à la section rythmique. Pour moi, c’est comme déguster un Ortolan. Là, c’est tout bon. L’appétit est aiguisé… Mais bien vite émoussé. Car les riffs des guitares sont poussifs. Intéressants, mais maladroits. Il en va de même avec la batterie qui tente des choses, sans grand succès. On ressent des moments de flottement. Voulus ? Je penche plutôt pour un manque de rigueur. Le métronome, c’est comme le sel, il faut savoir l’utiliser à bon escient.

Tenter, c’est le maître-mot de cet effort (peut-on vraiment appeler ces 4 titres, dont deux reprises d’anciens titres, un LP ?) On sent que le groupe cherche à diversifier chaque morceau en allant piocher dans les samples introductifs façon Nile (« El Eco de la Voz »), la longue intro ambient (« Funeral Celeste »), de petites clochettes qui accompagnent la basse (Mémé : « C’est une fretless ? Ca « mouat » » – Pépé V : « Non, c’est surtout le son cordes rincées. Ça ne « mouat » pas, ça « chtoungue » ! ») ou le sample façon chœur céleste ( respectivement 5’15 et 8’30 sur « Funeral Celeste »). Ça épice de partout, ça saupoudre un peu de ceci avec un peu de cela, on goûte et… Chacun se fera son avis. Finalement le goût et les sonorités…

– Sinon, Maïté, on ne peut nier avoir tous les ingrédients du genre : la voix criée growlée, le cri qui vient des tripes (et les abats, quand c’est mal préparé, ça peut vite tourner au drame…) et du fond de l’âme (incisive, la lame !), les blasts et autres tremolos picking. Surtout pour le plat en entrée, « La Espada de la Esencia ».

– Tout à fait, Méméeuh. Mais ça loucheuh aussi fortement vers Nile. Cet accointance se fait de plus en plus sentir au fil de la dégustation. Pour terminer sur cette touche à la fois plus rapide et en même temps pachydermique qu’on aime tant chez eux (sur « Silencio Fúnebre »).
Niveau chant, c’est bien sûr une voix révoltée (Insurrexión!!!), haineuse, death. Mais personnellement, elle ne me touche pas. Elle n’a pas ce grain de poivre qui éveille mes papilles auditives. Le bassiste-chanteur est clairement la pierre angulaire, le plat consistant de ce menu. Les autres gravitent tant bien que mal, cherchant à épicer de-ci de-là un son/mix un peu plat.

En guise de dessert, le groupe offre un magnifique artwork, à la fois dépouillé et plein de symboles. Minimalisme dans l’illustration, mais qui fait mouche, une superbe calligraphie dorée à la main et… Des tâches de sang en hommage à Umbrae Magun , guitariste chanteur chilien.

« Insurrexión » est le premier LP du groupe éponyme après deux démos sorties depuis 2012. Le groupe chilien, d’abord connu sous le nom d’Akeldama en 2003, revient sous son nouveau nom en 2011, nous proposant un death black metal qui tente, teste, essaie, goûte le Nile flamboyant… Sans vraiment y parvenir.

Manque de cuisson, dirais-je…

Tracklist:

1. La Espada de la Esencia (4:06)
2. El Eco de la Voz (10:04)
3. Funeral Celeste (10:37)
4. Silencio Fúnebre (9:34)

Bandcamp   Magic-metal   Youtube