Ixion – Extinction

Le 5 juillet 2024 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Julien Prat : tous les instruments, chant
  • Yannick Dilly : chant clair

Style:

Doom Metal Atmosphérique

Date de sortie:

16 avril 2024

Label:

Autoproduction

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9,75/10

Un fou ne fait jamais autant que réaliser à sa manière la condition humaine.” Jean-Paul Sartre

Ixion est un groupe que je suis depuis quasiment les débuts, et mon arrivée dans le webzine m’a permis de faire en chronique ce qui s’apparente encore aujourd’hui à un vrai coup de foudre artistique : L’Adieu aux Etoiles. Un album extraordinaire, d’une beauté remarquable pour le style proposé. Mais je m’égare ! Il aura fallu attendre quatre longues années au duo breton qui a posé ses fondements (ses bases hein, pas les postérieurs…) en 2004. Vingt années d’existence pile, c’est dingue comme je réalise qu’en fait, Ixion est un groupe qui a une incroyable longévité. Je ne les pensais pas aussi ancrés dans la scène. Cumulant à ce jour quatre albums et une démo, le premier album aura mis quand-même sept ans avant de voir le jour. Autant confirmer que nos amis prennent leur temps, ne sont pas dans l’hyperphagie commerciale et sortent un CD quand l’inspiration est là. Mal aidé par la fin du label qui a produit les trois derniers albums (Finisterian Dead End), la formation aura donc mis quatre ans avant de sortir cet EP, le premier sur ce format, nommé Extinction. A noter l’arrivée d’un autre bientôt ! Mais ce soir, c’est Extinction qui nous intéresse vraiment.

Je savais que le groupe donnait une grande importance à sa musique, je n’avais pas tellement réalisé qu’il en amenait autant, sinon plus, à ses imageries. Le résultat de cet artwork, qui me fait penser étrangement à ceux de Mitochondrial Sun, est déroutant. Sur un registre beaucoup moins travaillé en termes de couleurs, doté d’une image très graphique en noir et blanc, j’étais habitué aux autres beaucoup plus colorées mais je dois dire que ce qui est particulièrement déroutant est la composante de cette pochette. Une sorte de corps humain dévoilé de l’intérieur, avec les ossements et uniquement la peau de visible, le corps étant dans une position qui fait penser à une lamentation. Mais le plus étonnant demeure ces deux méduses, l’une se dirigeant vers le corps par le cou, l’autre étant carrément entrée dedans. Alors, pourquoi des méduses ? Pourquoi utiliser des animaux qui ont survécu à l’extinction (justement) des dinosaures et qui ont plusieurs millions d’années d’existence ? Subtilement, par leur longévité, on pourrait y voir une forme de sagesse, de connaissance et donc de conseils. Ma source vaut ce qu’elle vaut, mais sur un site Internet qui traite des animaux totem (en méditation transcendentale), j’ai trouvé ceci : « Le symbolisme de la méduse porte le message de se guérir des douleurs du passé, tout comme l’animal totem du criquet. L’acceptation vous aidera à retrouver l’équilibre dans votre vie et à aller de l’avant avec compassion. […] La méduse a pour but de vous montrer comment circuler avec les courants naturels de la vie. Vous pouvez survivre en gardant votre calme et en ne prenant que le nécessaire, comme le fait votre méduse totem » Peut-être est-ce une piste potentielle pour expliquer le concept d’Extinction, parce que j’ai clairement l’impression, et ce depuis toujours, que la composition de la musique d’Ixion dépend presque d’un procédé transcendental tant la musique est onirique et rassurante. En tout cas, si je trouve l’artwork objectivement bien construit, graphiquement très réussi, ce n’est pas mon préféré du groupe. Un poil trop abstrait pour moi.

Par contre, pour la musique, dire qu’elle me plait est un doux euphémisme. Je suis littéralement conquis ! Je savais par anticipation que la musique allait me plaire, donc je ne suis pas surpris non plus. Mais ce doom metal atmosphérique, curieusement selon moi un brin teinté de post-rock, est toujours aussi beau. « Beau » étant le mot adéquat, on pourrait rajouter également « planant », « onirique », un brin futuriste ou même berçant dans le catastrophisme, mais franchement, la musique est juste magnifique. Ce qui selon moi caractérise vraiment Ixion, pour les initiés d’entre vous, est le côté atmosphérique qui est plus en avant que le doom metal. Ce dernier, d’une lenteur caractéristique, mais sans tomber dans la lourdeur extravagante, n’est là finalement que pour accompagner les ambiances qui sont élaborés en MAO ou aux claviers, et qui donnent véritablement la nuance musicale. Cela n’empêche pas que les guitares soient par moment mélodiques et même bien rock parfois, mais la prédominance musicale demeure sur de la rythmique plus que de la mélodie pour l’ensemble doom metal. Comme si le doom metal intervenait comme une simple boite à rythmes en fait, et cela démontre non seulement que l’orientation musicale du duo breton est claire, mais qu’en plus le metal s’octroie une place différente de ce que l’on a coutume d’entendre. Il n’est pas non plus rare que l’on ait du doom metal pour mettre un brin de lourdeur ou de tempo dans une musique atmosphérique totale. D’ailleurs, le fait que la musique soit composée exclusivement (enfin, je crois) par Julien Prat montre que notre ami sait exactement où il va, et le tout est cohérent, directif et sans faux col. Décrire les ambiances est toujours un exercice délicat tant ces dernières sont faites pour être vécues, mais je note que comme pour le précédent méfait, Ixion se dirige vers des sons électroniques, analogiques et même encore un peu spatiaux. Je n’hésite par ailleurs pas à dire que les ambiances se rapprochent d’un procédé de bande-son pour des films de science-fiction tant la qualité est au rendez-vous. J’adore cet esprit de recherche des atmosphères, qui, comme je le disais en préambule, me fait étroitement penser à de la méditation transcendentale. Le groupe infirmera ou non mon hypothèse. En tout état de cause, Ixion m’a offert une superbe expérience d’écoute en première intention, avec cette recette que je ne connais que trop bien et qui continue à m’habiter quand je me plonge dans leur musique. Un doom metal atmosphérique qui prend tout son sens pour nous faire planer. Et j’adore, vraiment.

Je n’ai pas d’information particulière sur un nom de studio qui accompagnerait Ixion, mais étant donné que l’EP est autoproduit, je pars du principe que finalement, la présence d’un studio ou que ce soit fait maison importe peu. Après vérification, c’est le même Julien Prat qui s’occupe de tout et le résultat est comme d’habitude superbe. Les claviers et MAO utilisent un spectre sonore suffisamment mixé pour nous inonder l’âme de musique, et faire remonter les émotions. L’idée étant de ne pas tomber dans l’outrecuidance, Extinction se pare d’un son enveloppant et un peu lourd quand-même, pour donner un brin d’épaisseur à l’ensemble mais juste ce qu’il faut pour ne pas tomber dans l’extrême inverse et la loudeur d’un doom death metal. J’apprécie finalement la discrétion de la basse qui aurait, si elle avait été trop mise en exergue, dénaturé l’ensemble atmosphérique, et les guitares qui sont finalement un poil plus stridentes que ce que voudrait le genre permet là encore de mettre en avant un talent certain pour la composition et une justesse technique évidente pour élaborer un son impeccable. Rien à redire, c’est juste un bijou du genre.

Je dois vous faire une confession ami(e)s lecteurs et lectrices. J’ai versé ma petite larme sur le morceau The Withering of the Flesh et son clip sublime. J’étais au boulot en plus, sur un temps de pause et je me suis passé le clip, et j’ai pleuré. Certains des résidents où je bosse l’ont vu et ont demandé à regarder avec moi. Eh bien, vous le croirez ou non mais la plupart ont adoré. Je pense que c’est à ce genre d’anicroches que l’on sait qu’un EP ou album est réussi. Quand la musique fait remonter des émotions enfouies, et ce dès la première écoute, on sait que l’ensemble frôle la perfection. Nous sommes musiciens pour faire vivre nos propres émotions, mais les faire partager en est une autre, le processus pour y parvenir est tout aussi complexe. Alors, quand je vous dis qu’Ixion, peu importe par ailleurs le concept qui est développé dans son EP, parvient à nous faire vivre nos émotions, c’est que l’exercice est un succès. Le concept qui me semble être au passage centré sur la condition humaine et son enveloppe charnel, avec donc une dimension philosophique supplémentaire, ne me touche pas directement mais je n’ai pas besoin de cela pour adorer absolument la musique d’Extinction. Franchement, cela se passe de mot, écoutez et vous verrez. Parenthèse : je soupçonne le groupe de faire une sorte d’histoire autour de la condition humaine avec le prochain EP nommé Restriction. A voir donc ! Mais cela s’annonce intéressant.

Pour le chant, c’est encore une fois une option étonnante mais qui fait toujours mouche. Je note néanmoins un petit changement dans l’EP qui ne me semblait pas flagrant sur le dernier album : la prédominance du chant clair au détriment du chant guttural. Loin de me déplaire, je pense que cette approche artistique était bienvenue pour donner cette touche de douceur, si j’ose dire, qui manquait peut-être aux précédentes sorties. En tout cas, je trouve la voix claire de Yannick Dilly toujours aussi douce et envoutante, loin des images viriles et masculines que renvoit le metal. Cette voix apaisante contraste forcément avec le growl medium ou la technique en grunt grave de Julien Prat qui donne, quant à lui, cette dispensable noirceur et lourdeur pour qu’Ixion demeure encore un groupe de doom metal. Après, chacun s’en fera son opinion de ce chant clair doucereux et enveloppant, presque un peu post-rock sur les bords. Pour ma part, je loue la démarche et je trouve même que les techniques vocales sont impeccables. On s’approche d’un sans-faute avec Extinction !

Conclusion ! Alors, il me faut me remettre un peu de mes émotions, on va donc commencer par les banalités habituelles. Ixion nous propose un premier EP nommé Extinction, sixième sortie officielle depuis la création du groupe. Ce premier EP sonne comme une sorte de virage pour le duo breton, qui le sort en autoproduction. Et c’est bien là l’abberation de cette sortie ! Parce que la qualité et la composition de ce doom metal atmosphérique ne mérite absolument pas de rester autoproduit et donc de rester dans l’ombre… C’est même presque injuste ! Fort d’une musique atmosphérique incroyablement belle et enveloppante, cet EP sonne pour moi une confirmation. Les musiciens ont un talent fou, une propension dingue à retranscrire des émotions pour faire remonter les nôtres qui, finalement donne toute la définition de ce que l’on attend à chaque écoute, de chaque musique, de chaque album. Non. Vraiment, cet EP ne mérite pas d’être simplement autoproduit tant il est exceptionnel. Un bijou.

Tracklist :

1.     The Withering of the Flesh     05:34
2.     In Fear of the Machines     04:29
3.     The Weight of Ignorance     04:27
4.     A Chimeric Dream Part 1     02:57
5.     Afterlife     02:45

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