Jason Becker – Triumphant Hearts

Le 26 mars 2019 posté par Bloodybarbie

Line-up sur cet Album


• Des guests comme s’il en pleuvait

Style:

Rock (dans tous ses états)

Date de sortie:

7 Décembre 2018

Label:

Music Theories

Note du Soilchroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 9/10

La vie est une perpétuelle source d’humour noir… Jason Becker doit lui-même rire jaune : un des grands guitar heroes qui se retrouve affublé d’une maladie limite aptonyme, le syndrome de Becker, une sorte de sclérose qui vous paralyse tant les fonctions musculaires que neurales… Ain’t it ironic ? Et pourtant, malgré cette dégénérescence, ça n’a pas pour autant empêché le brillant cerveau musical de garder son sens de l’humour (cf. vidéo en bas de chronique) mais aussi de pondre un superbe album avec l’aide à la fois d’une levée de fonds participative – AKA « crowdfunding » – mais aussi l’aide de potes de longue date comme de plus récents virtuoses pour sortir Triumphant Hearts.

Pour rester dans le domaine irisé du spectre, cet album est également haut en couleurs, en tons, en nuances et autres termes du domaine pictural. Dès l’artwork, c’est même une sorte de visite d’un musée avec exposition non-permanente qui ne reposerait que sur l’espoir et l’absence de mélancolie ou de nostalgie, passant d’un paysage bucolique aux bas fonds d’un rade bluesy, toute une variété de tableaux et de portraits au nombre de quatorze pour une heure et quart de toiles, celles peintes par une vaste palette d’amis apportant chacun sa touche personnelle à l’édifice final, le tout dans une retenue et une tendresse assez incroyables, d’autant quand on sait que ces artistes sont plus coutumiers de l’eau forte que de l’aquarelle.

J’ai – et je me suis souvent posé – la question de ce que pourrait être la musique sans compositeurs et avec seulement des interprètes : à mon avis, rien ; c’est d’ailleurs pour ça que je n’ai de cesse de remercier et citer également les compositeurs en sus de ceux qui mettent leur talent au service de cette création musicale… Ainsi, Marty Friedman (ex-shredder chez Megadeth et pote de longue date de Becker pour leur projet duel Cacophony du temps où ce dernier pouvait encore y prendre part activement) vient poser son solo tout en vibratos en compagnie de… sa femme, Hiyori Okuda, violoncelliste de son état (pour l’aspect people, Marty Friedman après son éviction de Megadeth s’est replié vers le Pays du Soleil levant où… bah… il a refait sa vie, tant affective que musicale) sur le titre premier et éponyme de l’album. On se retrouve presque dans la BO d’un japanime de Miyazaki… Et hop, on change aussitôt de tableau pour se retrouver dans une ambiance Nouvelle-Orléans avec un chœur gospel sur « Hold on to Love » avec Codany Holiday au chant, lui également inspiré de cette culture soul, avec une PUTAIN de voix sur une ambiance éthérée menant vers un climax choral a cappella, un esprit qui m’a fait penser au The Division Bell des Pink Floyd.

On retourne ensuite dans un tout autre univers avec « Fantasy Weaver » mettant en scène Jake Shimabukuro, virtuose du ukulélé nippo-hawaïen, avec une sorte de concert pour son instrument de prédilection accompagné par un orchestre suffisamment épique pour évoquer les BO des RPG animés d’antan (Breath of Fire, Skies of Arcadia ou la série des Tales of…) Et tant qu’à faire quand un interprète de cette trempe est d’accord pour prendre part à un album de cette trempe, avec un compositeur également de cette trempe, quand un ukulélé hero fan de Malmsteen, Santana ou Van Halen se voit travailler avec un autre de ses héros, ça donne un rendu évident somptueux.

On replonge ensuite dans la douceur limite enfantine de « Once upon a Melody » glissant entre solo de violon et de guitare électrique sur un thème de petite boite à musique auquel s’enchaine un morceau Jazz Funk avec Steve Knight au chant pour mener sur une balade par Uli Jon Roth et Chris Broderick qui mènent et mêlent en duo leur guitare sur un fond orchestral.

Bon, histoire de ne pas vous spoiler toute l’expo – mais en vous indiquant que la liste des guests contient encore d’autres noms pas inconnus, genre les Joe Satriani et Bonamassa, les Steve Vai et Morse, Guthrie Govan, etc. incluant une reprise d’un morceau phare de la carrière de Bob Dylan –, chaque intervenant dans l’atelier de l’artiste donne le meilleur de lui-même sans chercher à trop en faire (ou plutôt « en faire trop » comme c’est souvent le cas sur leur(s) album(s) respectif(s)) pour se mettre au service de la musique du compositeur.

Un album beau et émouvant, tant par son contexte assez impitoyable et qui impose le respect que par son rendu tout en finesse et intensité, une subtilité certaine et une belle signature du Maitre Jason Becker, exposant l’œuvre fruit de sa palette dans toute sa richesse culturelle et sa diversité, sur le bas de la toile.

A écouter en se rappelant que, même limite végétatif, Stephen Hawkins fut sa vie durant l’un des plus grands physiciens contemporains… Comme quoi, les idées restent ; l’esprit gagne sur la matière…

Tracklist :

1. Triumphant Heart (4:08)
2. Hold on to Love (7:27)
3. Fantasy Weaver (5:08)
4. Once upon a Melody (6:45)
5. We are One (5:53)
6. Magic Woman (7:09)
7. Blowin’ in the Wind (4:57)
8. River of Longing [V.1] (5:52)
9. Valley of Fire (9:04)
10. River of Longing [V.2] (5:56)
11. Taking me back (4:24)
12. Tell me no Lies (4:20)
13. Hold on to Love [Chuck Zwicky Remix] (5:58)
14. You do it (0:55)

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