Line-up sur cet Album
Jeff Loomis (guitare, basse) Mark Arrington (batterie et percussions)
Style:
Metal instrumental puissantDate de sortie:
2008Label:
Century MediaProposant depuis quelques années déjà d’excellents albums à chaque nouvelle livraison, Nevermore a su , grâce à « This Godless Endeavor » (2005), gouter à la reconnaissance internationale et récolter ainsi les fruits de ses efforts. Après les tournées de rigueur et tandis que la touche finale est en train d’être apportée à leur DVD Live (« The Year Of The Voyager« ), les cinq de Seattle s’accordent une petite pause musicale bien méritée. Mais aux esprits prolixes et hyperactifs le repos est souvent de courte durée. Ainsi nous ne serons même pas surpris de voir l’année 2008 nous offrir les projets solos de deux d’entre eux.
Après le « Praise To The War Machine » de Warrel Dane (chant), c’est au tour du sieur Jeffrey Loomis de s’illustrer avec son « Zero Order Phase« . Là où le projet de Dale nous présentait un disque intéressant mais peu surprenant (comprendre ‘du Nevermore un peu plus rock et facile d’accès’), le tour que vient de nous jouer le talentueux blondinet, est ici bien plus ambitieux et surprenant : digne d’intérêt, en somme.
Alors, pour ceux qui ne connaitraient pas encore, il est bon de savoir que Loomis et son jeu de guitare sont, à eux deux, un concept à part entière. Outre Warrel Dane, pour son timbre si particulier, Nevermore porte aussi comme marque de fabrique le style atypique et unique du bonhomme : un jeu rapide, incisif et pour le moins syncopé. Et nous ne pourrons nier que la griffe du guitariste reste immédiatement identifiable dès le premier riff du morceau d’introduction. Mais alors aurait on à faire à une sempiternelle rengaine guitaristique d’un Nevermore-bis ? Ah mais non mes bons amis … aux rangs des différences majeures, car différences majeures il y a, nous noterons tout d’abord le chant, ou son absence plutôt, car Jeff Loomis a eu l’audacieuse idée de se lancer dans un album entièrement instrumental. Instrumental ? hum, que les plus réfractaires à la branlette de manche fassent rapidement disparaître ce regard soucieux et renfrogné, car nous sommes assez loin de l’exercice soliste classique. Mr Loomis est certes un guitar-hero à sa façon, mais pas au sens entendu du terme. Dans son domaine il touche, c’est indéniable, mais mieux : il nous touche (hhmmm grand coquin) !
Intelligent, inspiré et varié, « Zero Order Phase » comblera tous nos désirs (ou presque). C’est bien simple, dans son style à lui, cet album rappelle les débuts de Satriani, notamment le « Surfing With The Alien » (1987) pour ses titres bourrés de feeling et aux ambiances propres à chacun. Ainsi, il n’est pas rare, suite à un riff savamment plombé comme seul Loomis en a le secret, d’enchaîner sur une mélodie entêtante (‘Shouting fire at a funeral’, ‘Cashmere shiv’ et son solo à la guitare fretless, ‘Miles of machines’ très néo-classique) ou un solo bien senti. D’ailleurs, puisqu’on en vient à parler soli, à part la batterie signée Mark Arrington, toutes les autres prises sont laissées aux bons soins du blondinet, excepté justement certains soli ou quelques amis du guitariste viennent y apposer leur patte (citons entre autres Pat O’Brian (Cannibal Corpse), Ron Jarzombek (Watchtower) ou encore Neil Kernon (le producteur)). Le tout se trouve discrètement renforcé de nappes et chœurs au claviers, très softs. Et « Zero Order Phase » de s’achever ainsi sur le magnifique et nostalgique épilogue qu’est ‘Departure’, acoustiquement triste.
En dix titres, Jeff Loomis fait donc le tour de son sujet, nous présentant un album homogène et murement réfléchi. Signe d’une belle production, ce disque ne s’écoutera certes pas tous les jours mais demeurera agréable à ressortir à l’occasion avec, à n’en pas douter, cet invariable plaisir à le redécouvrir toujours mêlé à cette fougue certaine, pour notre plus grand bonheur.
BODOM.
Laissez un commentaire