Line-up sur cet Album
Maxime Taccardi : Chant, Instruments
Style:
Black Metal / Dark AmbientDate de sortie:
14 juillet 2021Label:
AutoproductionNote du SoilChroniqueur (Arno) : 9,5/10
Chroniquer un disque de K.F.R., quel qu’il soit, c’est accepter de tomber dans l’usage des paroxysmes. C’est aussi accepter le fait de devoir changer de slip à la fin de l’écoute car, plus les albums passent et plus Maxime Taccardi, l’homme seul derrière le groupe, fout la trouille.
Visuellement d’abord.
Bien sûr, il y a les peintures à base de sang, ces visages d’horreur dont le regard fouille au plus profond des âmes. Mais il y a également les vidéos, lugubres et malsaines, qui dérangent, mettent foncièrement mal à l’aise, perturbent. Et enfin il y a l’homme, le corps sculpté, près à la violence et au combat alors que la musique laisserait à penser que le musicien ne serait qu’un homoncule verdâtre et putride, une larve suintant ses humeurs au fond d’une cave dont elle ne serait jamais sorti. C’est peut-être ce paradoxe entre la force du physique et la maladie du mental qui rend K.F.R. aussi dérangeant… Quand je regarde les clips, je pense à « Begotten », au bourreau du film « 8 Millimètres », à « The Poughkeepsie Tapes », aux ambiances poisseuses d’un « August Underground », bref ça ne me donne pas trop envie de me marrer.
Mais si encore il n’y avait que l’esthétique… C’est vrai que quand j’avais écouté « Par le sang » en 2018, qui était mon premier contact audio avec le groupe qui semble exister officiellement depuis 2014, j’avais hésité entre le rire et l’effroi. « Shayṭān 2.0 » avait totalement fait pencher la balance pour le second choix et voici donc « Pure Evil » qui vient entériner un état de fait : K.F.R. est l’un des trucs les plus morbides que la France ait engendré, notre Gnaw Their Tongues national, une incarnation du sale, du laid, du repoussant, du dégoût.
Je le sais bien, je n’ai parlé que par images et métaphores, sans avoir vraiment rien dit de la musique. Mais qu’en dire ? Sur une base raw black metal lo-fi cela dit plutôt bien produite pour le genre, Maxime ajoute une surcouche d’ambient glauque qui ferait passer Spektr pour un groupe de baloche. Et puis il y a ce chant, inhumain, réellement stressant, comme une invitation à l’automutilation et à se nourrir de ses propres organes, de ses déjections. Elle est la voix dans notre cerveau que l’on ne veut pas entendre, la peur viscérale de l’abandon et de la mort solitaire, oublié de tous.
Peu à peu, écoute après écoute, K.F.R. s’impose dans mon esprit comme l’une des formations de black metal actuellement les plus intéressantes car répondant aux besoins les plus primaires et, surtout, les moins avouables. Oui, la musique peut encore perturber et détruire le peu d’estime qu’il vous restait.
Merci monsieur Taccardi, descendre aussi bas dans l’abjection doit demander énormément de sacrifices et énormément de force pour réussir à exprimer ce que les abysses ont de plus noir.
Tracklist :
1. The Infinite Beast (09:53)
2. Anti Musick (06:25)
3. The Mouth of Vices (06:58)
4. Hail Shaytan! (05:42)
5. La Nanna, Ia Zinebo (06:21)
6. Man Is the Devil (05:23)
7. Larva (06:31)
8. Das Ende (02:46)
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