Line-up sur cet Album
- Dolk – Chant
- Ask – Batterie, choeurs
- Ole Hartvigsen – Guitares
- Jon Bakker – Basse
Style:
Black Metal PaganiqueDate de sortie:
11 novembre 2022Label:
Indie RecordingsNote du SoilChroniqueur (Seblack) : 9/10
Ceux qui espéraient un retour aux sources de Kampfar et aux sonorités de ses premiers albums en seront, une nouvelle fois, pour leurs frais avec ce neuvième opus intitulé Til Klovers Takt. Quand bien même le groupe dit s’être inspiré du tout premier morceau composé il y a 28 ans pour cet album, la filiation n’est pas des plus directes.
Oui, le Kampfar d’aujourd’hui n’est pas tout à fait celui d’hier. Pour autant est-ce un mal qu’une entité artistique veuille évoluer ? En tout cas, au sein de la scène Pagan, l’évolution de Kampfar est assez clivante. Il y a ceux qui sont prêts à suivre le groupe dans ce qu’il peut avoir à proposer en 2022 et ceux qui inévitablement citeront et se réfèreront aux premiers albums.
Quelque part, Kampfar souffre un peu du même syndrome que Drudkh que certains résument trop souvent à Autumn Aurora ou Forgotten Legends (qui sont effectivement des chefs d’œuvre).
A titre personnel, cette chronique sera donc très subjective car Kampfar fait partie de la poignée de groupes que je suis inlassablement depuis des années. Quoique le quatuor norvégien propose, je trouve toujours de quoi me satisfaire quand bien même certains albums me marquent plus que d’autres. Un peu comme Drudkh d’ailleurs. Décidément …
Intéressons nous un peu à l’artwork de ce neuvième album. Selon les crédits rapportés sur le Bandcamp du groupe, il s’agit d’une toile du XIXe siècle intitulée “Village Fire at Night” peinte par l’artiste Bavarois, Heinrich Bürkel. C’était un peintre principalement paysagiste et attaché aux représentations de la vie villageoise. Une rapide recherche, m’a fait découvrir que ce tableau a plutôt été peint par le Français Jules Breton sous le titre “La Fête de la Saint Jean” en 1975.
Bon passons et intéressons nous à ce groupe de villageois et à cette fête de la Saint Jean qui traditionnellement se déroule le 21 juin. A l’époque païenne, elle correspondait à une fête que l’on célébrait au solstice d’été, on dressait des feux pour s’attirer la chance et avoir de belles récoltes. Malgré sa volonté, l’Eglise a toujours eu le plus grand mal à extirper de cette fête de la Saint Jean son arrière fond païen. Une fête chrétienne dans sa forme donc, mais qui est restée païenne dans le fond. Et bien cet album de Kampfar c’est un peu pareil. Non, rassurez vous en faisant cette analogie je ne veux pas dire que Kampfar est chrétien !!!…. Ce que je veux souligner ici c’est que si, dans la forme, la pompe Pagan a presque disparu, le fond de la musique lui reste totalement habité par cet esprit.
Donc oui la forme a changé, les sonorités Pagan sont moins évidentes qu’elles ne l’étaient dans les albums qui ont fait une grande partie de la renommée de la formation Norvégienne. Mais les thématiques restent très ancrées dans cet univers, comme nous le montrent les vidéos que Kampfar a dévoilé peu à peu pour promouvoir cet album. On a donc toujours affaire au même Kampfar, attaché à ses racines, à sa terre, son histoire et ses légendes.
Mais la musique dans tout ça? D’emblée, on peut dire que Til Klovers Takt est un album puissant, très puissant même. Que ce soit au niveau des guitares ou du chant de Dolk, le son de cet album en impose. Avec son tempo pesant, le titre d’ouverture « Lausdans Under Stjernene” donne le ton : c’est un album où dominent des ambiances lourdes, épiques même, mais sur un rythme plutôt mid tempo. Cela n’exclue pas des accélérations absolument ravageuses, mais la vitesse ne me semble pas forcément la dominante de ce nouvel opus de Kampfar.
En fait il n’y a pas dans Til Klovers Takt de banale succession de titres mid tempo et de titres rapides. Chaque morceau est finement composé pour intégrer toutes ces nuances de différentes manières. Pour le dire simplement, il n’y a pas d’automatismes ou de récurrences dans la composition des six titres de cet album. Ainsi à l’inverse du morceau évoqué plus haut, “Rekviem” commence sur un tempo élevé avant de voir se succéder des atmosphères plus solennelles.
L’ensemble de l’album m’a paru très cohérent, on sent qu’il y a une ligne d’inspiration conductrice autour de laquelle viennent ensuite se placer différentes déclinaisons. Til Klovers Takt me donne cette impression que dans chacune de ses compositions, Kampfar se fait le conteur d’une histoire avec ses différents temps de narration. Les voix jouent bien évidemment un rôle majeur dans ces récits avec beaucoup de nuances dans le chant délivré par Dolk (sans oublier quelques chœurs et intonations martiales). L’instrumentation n’est pas en reste, délivrant toute sa puissance quand cela est nécessaire ou en tissant des atmosphères plus lourdes et éthérées à d’autres moments. On trouve aussi, ça et là, ces rythmiques ternaires qui suffisent à donner à cet album sa saveur pagan sans pour autant en abuser ad nauseam.
Alors au final, je ne suis pas certain que cet album fasse l’unanimité parmi les fans de la première heure ou ceux qui avaient apprécié le retour à des titres plus agressifs sur Ofidians Manifest en 2019. Il serait toutefois dommage de rester sur de fausses impressions et il faudrait accorder à Til Lovers Takt toute l’attention qu’il mérite. Certes, la flamme Pagan de Kampfar a changé de forme, de couleur, de ce que vous voulez…mais elle brûle toujours aussi intensément!
Tracklist :
1. Lausdans Under Stjernene (08:33)
2. Urkraft (07:35)
3. Fandens Trall (05:24)
4. Flammen Fra Nord (06:02)
5. Rekviem (08:46)
6. Dodens Aperitiff (08:09)
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