Avant de débuter, j’avouerai avoir eu du mal à me décider sur comment aborder cette chronique, savoir par où la commencer … Après une mûre réflexion, c’est finalement par mon sentiment premier, la déception, que je vais débuter ce tir nourri. Et ça va faire mal.

Parler de déception pour un groupe sortant son premier album, peut paraître étrange, je le concède. Mais Kivimetsan Druidi, sextet finlandais formé en 2002, n’en est pas à son coup d’essai, puisque déjà auteur de trois démos qui le conduisent donc logiquement le à enregistrer puis sortir ce « Shadowheart », son premier ‘méfait’. Bon, et la déception dans tout cela me demanderez-vous ? Ceux qui comme moi avaient découvert le groupe avec sa précédente démo, voient peut être déjà ou je veux en venir …

En fait, là ou nous avions découvert un groupe sympathique, là ou la touche folk mise en avant servait un propos volontairement kitch mais agréable, on se retrouve en 2008 avec une formation plus sérieuse, lorgnant vers la musique épique et dramatique, mais qui, ne pouvant éviter de poser ses grosses bottes boueuses en plein dans le plat, perd au passage tout son charme et sa spontanéité. Si bien que l’on passe sans trop s’y attendre d’un Disney-metal gentiment naïf à du gros Mickey-lourdingue flanqué d’une palanquée de clichés. Pour vous donner une idée, nous pourrions parler d’une mixture entre un « Oceanborn » de Nightwish (pour les ambiances) et leurs compatriotes d’Ensiferum et de Turisas à leurs débuts (pour la touche folk-guerrière), mais en plus pâteux.

Il me serait également difficile de passer sous silence ce chant féminin irritant et crispant, dont les aigus vous obligent à baisser le volume de votre chaîne HiFi pour sauvegarder votre ouïe … La plantureuse Leeni-Maria a certes du coffre mais bien peu de technique (notes peu modulées, voix plate) et à ce niveau, cela ne pardonne pas, d’autant plus que (c’est là que le bas blesse), sa prédécesseuse était bien meilleure. Cerise sur le gâteau, le tiers des morceaux de l’album, ont été repêchés sur les anciennes démos. Un exercice autorisé bien sûr, mais il est incompréhensible (et impardonnable) que les versions réenregistrées soient inférieures aux originales (notamment la voix … encore et toujours). Et je ne vous parle même pas de l’homogénéité du tout, entre anciens titres (plus folks) et nouveaux (plus symphoniques) qui retirent tout semblant de cohésion à ce « Shadowheart » … ce n’est pas un point dramatique en soit, mais disons que cela participe à une impression générale pas très glorieuse.

Ceci dit, et afin de me prouver que je ne suis pas qu’un vil troll, je dois avouer qu’il reste quelques idées positives à sauver de ce « Shadowheart » : une ou deux mélodies et autant de breaks piano, quelques trop rares passages acoustiques, un grunt masculin idéal pour le genre et une batterie qui réussi à rompre la morosité ambiante. Mais, cela reste peu, trop peu.

Le jugement sera malheureusement sans appel (enfin si … pour sauver Joni, tapez 1. Pour sauver Atte, tapez 2), Kivimetsan Druidi, nous livre ici un premier essai un peu bancal. L’impression d’un groupe pas encore près, projeté par son label sur une scène internationale sans merci, se fait trop ressentir pour ne pas en tenir compte. Chahutés par leurs petits camarades les finlandais n’ont malheureusement pas les moyens de leur donner la réplique.

Bodom