Knowledge Through Suffering – Concealment

Le 17 septembre 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Umberto Poncina : tous les instruments, chant

Style:

Doom Sludge Metal / Death Metal

Date de sortie:

17 septembre 2021

Label:

Brucia Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10

« J’étais bien placé pour savoir combien les livres peuvent être destructeurs, et cependant je ne connaissais pas de plus sûr moyen de garder auprès de soi ceux que nous aimons le plus. » Grégoire Delacourt

Oui je sais… C’est un auteur de romans de plage comme on dit vulgairement, mais je l’adore. Je le trouve mésestimé par rapport aux ronflants Marc Lévy et Guillaume Musso, mais passons. Il y a un côté sournois au savoir, à la connaissance. Vaste sujet de philosophie qui me rappelle combien j’aimais noircir les pages de mes cahiers en cours, prémices sûrement du Quantum que je suis aujourd’hui et qui fait le bonheur incommensurable de mes confrères correcteurs Antirouille et Arno, plus efficaces que les effaceurs que l’on avait à l’école. Le savoir est aussi une forme de fermeture sur les autres connaissances, celles d’autrui et a contrario, des portes fermées sur la réalité. Les fameux complotistes qui explosent littéralement sur le marché médiatique, apportent une sorte de savoir mais fallacieux et qui détourne systématiquement les personnes naïves du « vrai » savoir, de la réalité. Alors je suis plutôt à mon aise lorsqu’un groupe qui présente un nom aussi ostentatoire m’échoit. Je me dis qu’il y en a au moins un qui propose une vision moins idyllique du savoir, de ces encyclopédies qui façonnent les âges et qui ne sont que des points de vue subjectifs et parfois dangereux. Il fallait donc bien qu’un groupe prenne le risque de mettre en avant ce fourmillement intempestif de nouveaux délateurs, aussi suis-je plutôt ravi de faire la chronique de l’album « Concealment » du groupe au charmant dénominatif de K.T.S., alias Knowledge Through Suffering. Pour les besoins de la chronique et parce que le groupe lui-même préfère être nommé ainsi, nous dirons « K.T.S. » Le premier qui fait la blague avec KPN, je le scalpe. Quoique certains dans la team seront à l’abri d’un scalp de cheveux… N’est-ce-pas Antirouille?

K.T.S. est donc un groupe qui vient de Rovigo en Italie, et dont on ignore pas mal de choses. Le label ne nous ayant fait passer que les morceaux de l’album, on n’a pas la date de création du groupe. Il m’aura fallu chercher sur Facebook pour trouver une date de création… De leur page Facebook, soit juillet 2020. Un groupe qui semble donc tout à fait récent, et dont il est primordial de savoir qu’il s’agit d’un one man band. Le gonze se nomme Umberto Poncina et officie dans pas mal de groupes à côté, inconnus au bataillon de ma connaissance justement, mais il y a pêle-mêle Demiurgon, Saturno, Valgrind, tous des groupes apparentés au death metal et un bon nombre de groupes dissolus ou simplement qui ne l’ont plus dans leurs rangs. Et voici qu’au travers de K.T.S. notre ami italien propose un premier EP la même année de sa création potentielle, soit 2020, et donc ce premier album à venir chez Brucia Records et qui se nomme « Concealment« . Franchement, je trouve que ce premier album produit par un aussi bon label, c’est bon signe ! Il y a probablement beaucoup de talents derrière K.T.S. et j’ai hâte de me pencher sur « Concealment« . Sachant que Metal Archives m’a induit en erreur en nommant de manière éponyme ce premier album. J’espère qu’il le corrigera.

D’autant que l’artwork est splendide ! J’adore les représentations styles Renaissance, avec un franc côté mythologique, et cette création ou photographie est très belle, de fort belle facture. Je pense que l’on a une allégorie du mythe d’Éros et Psyché, avec ces deux statues qui s’enlacent passionnément, mais je n’en suis pas certain. Cela collerait avec la scission nette comme un coup de couteau au milieu et qui fait comme un effet de cassure de la signification symbolique. C’est en tout cas un choix artistique fort intéressant, très joli et qui cache bien son jeu puisque ce genre de pochette n’annonce pas spécialement le style qui suit. J’aime beaucoup le logo qui fait très ouvrier en révolte avec cette masse et ce gourdin entourés d’une poulie même si, je ne sais pas vraiment pourquoi, il me rappelle celui de KPN… Décidément, il faut que je m’enlève ce parasite infâme de ma caboche, sinon cela va me troubler dans ma chronique ! En tout cas, belle pochette avec un soin tout particulier pour la forme et le fond, du moins selon mon interprétation. Good job guy !

La frontière me semble parfois très mince entre le sludge et le black metal. De plus en plus en tout cas et je dois reconnaître que j’ai buté un moment pendant la première écoute en me demandant quel genre de… Genre était la musique de K.T.S. Bon, le côté doom metal, cela ne fait pas l’ombre ni l’once d’un doute, encore que par moment la batterie est une redoutable machine de guerre, bien plus bourrine que la moyenne dans le genre. Par contre, les accords sont tellement aigus et le son tellement boueux que j’ai hésité un long moment avant de trancher dans le vif : c’est du sludge metal. Un bon gros doom sludge metal de forain, lourd et pesant comme une rangée de parpaings posés sur nos frêles épaules. Mais on sent immédiatement l’immense influence que le death metal a sur notre interlocuteur, tellement les riffs sont lourds et les accélérations fréquentes. On a donc un truc qui oscille rapidement, souvent entre deux riffs sans pause, entre un doom sludge metal et un death metal lourdingue au possible. Avec toutefois un son typiquement boueux, ce qui n’est pas pour me déplaire ! L’influence est belle et je me réjouis du résultat. Maître mot absolu : lourdeur. Un vrai concentré d’épaisseur et de bourrin sur trois pistes, somme toute très longues car lentes, c’est un mini-album de fou furieux. J’aimerais ne pas partager ma couchette avec un psychopathe pareil, mais au moins lui dire mon admiration. Une première écoute qui m’a rarement fait plaisir dans un registre death metal depuis un petit moment, c’est donc à marquer au fer rouge. Et comme notre ami italien n’a pas l’air d’être dans la fioriture, mais plutôt la friture d’une huile ultra adipeuse, on ne peut que savourer ! Je recommanderais bien cet album à mes comparses correcteurs et maîtres conférenciers en death metal Antirouille et Arno.

La production de l’album m’avait laissé dubitatif en voiture puisque le son m’avait semblé très black metal, sans que je comprenne pourquoi. Mais une fois n’est pas coutume j’ai persévéré, persisté et signé. Je me suis mis « Concealment » au casque et là, la révélation ! Le bon gros son bien gras, bien épais comme un saindoux qui a macéré des années dans une cave, bien coulant comme un énorme Saint-Marcellin bien de chez nous. C’est lourd lourd lourd ! J’adore le son des guitares et de la basse, qui contribuent largement à cette folle épaisseur sonore, qui occupe outrageusement l’ensemble, le reste étant surtout secondaire. Il fallait penser à associer la lourdeur extrême et oppressante du sludge metal avec celle qui est au raz des pâquerettes du dégoutant. Et c’est bien là le seul défaut notable de l’album : la batterie qui manque de sécheresse. Pour le coup, elle a tendance à être un peu noyée dans la masse sonore, j’aurais bien vu une double pédale triguée par exemple, une caisse claire un peu moins grave. Des petits détails sans gravité tant le résultat est énorme, mais malgré tout cela peut jouer par moment d’autant que j’ai un doute sur la véracité de la batterie, si l’on n’a pas plutôt une batterie programmée. Mais sincèrement, ne nous mentons pas : la production est juste une pure tuerie pour un genre death metal grassouillet, ventripotent et digne d’une besace à bière de titan ! Je me suis régalé, rarement mon casque n’aura eu une érection pareille (pour rester dans cet instant poétique intense) !

Je vous le redis, j’ai rarement pris mon pied sur du death metal comme ici. K.T.S. fait une putain d’entrée dans la cour des grands, et n’a absolument rien à envier à personne. On rappelle au passage que le mec est tout seul. Trois pistes longues mais j’en redemande encore. En fait, il n’y a strictement aucune fioriture, si ce n’est que la composition demeure relativement variée. Dans chaque morceau il y a un riff principal mais qui est souvent entrecoupé d’autres, tous différents, ce qui fait une moyenne approximative de six riffs différents. Puis, n’oublions pas les soli, dignes des bons groupes de death metal old school. J’irai plus loin en disant que ces trois morceaux sont l’essence même du death que l’on aime. Les groupes actuels ont tendance à trop métalliser leurs sons, le rendant moins épais et donc plus audible, ce qui est franchement un gâchis. K.T.S. avec son « Concealment« , remet d’un revers de main franc les pendules à l’heure! Par moment, j’ai l’impression d’entendre un gros Putridarium. Avec toutefois cet apport doom metal et cette touche sludge dans le son qui sont très importants, qui rajoutent davantage de poids à une musique aussi écrasante qu’un sumo tétraplégique. Une méga tuerie de masse qu’on vous dit!

Et le chant… Tellement bandant putain. La technique vocale d’un grunt grave qui est l’une des marques de fabriques des groupes death metal est là encore une pure tuerie. On n’a pas besoin limite d’écouter tout l’album pour deviner les innombrables influences death metal d’Umberto Poncina, tout est dans le chant! Les quelques tentatives un peu « Fleshgod Apocalypse » avec des voix caverneuses mais un peu criées sont également du plus bel effet, d’autant qu’elles sont rares. On note aussi sur le deuxième morceau un long long passage au milieu avec un ensemble de voix scream, style vomi et growl superposées qui font un peu sample, c’est étrange, dégueulasse au possible mais énorme avec la suite du morceau. On retrouve d’ailleurs quelques petits samples indéfinissables mais dont on devine surtout sur le dernier que ce sont des déclamations torturées, retouchées. Non sincèrement le chant ne varie presque pas et tant mieux! Tout contribue à nous mettre sur un malaise de brutalité et de bestialité, tant mieux si les vocalises ne sont qu’une suite logique de ce concentré de vomissures de troll. J’adore!

Bon les gars, je n’étais pas prêt. Pour finir cette chronique, je n’étais pas prêt du tout à me prendre cette déflagration digne d’une tornade force 5 en Oklahoma. La tornade, si nous pourrions lui donner un nom comme les cyclones, se nomme Knowledge Through Suffering et déferle sur nos vies avec son vortex ultra brutal et dantesque qui s’appelle « Concealment« . Un premier album qui met les points sur les I dès le début des hostilités avec une musique d’une bestialité rare, mélange surprenant mais délectable de doom sludge metal et de death metal. Un cocktail aussi explosif qu’incisif! Je me suis pris un tel pied que je n’arrive pas à me rappeler à quand remonte une telle extase sur un album estampillé death metal! Cela valait largement la peine d’être vécu. Ce premier jet est une arme pour communiquer avec les morts, mais sans prendre de pincettes : autant le black metal les honore, autant le death metal les réveille. Et dans le cas de K.T.S., c’est un tromblon de vingt mètres qui a levé les morts! Une énorme tuerie, à recommander d’urgence (ce que j’ai fait à mes chroniqueurs).

Tracklist :

1. God Alone Was Exalted on That Day
2. Let the Earth Sprout
3. Of Flesh

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