Line-up sur cet Album
- Mathijs Bodt : guitare, choeurs
- Mo Truijens : guitare, chant
- Martijn Mansvelders : basse, choeurs
- Jos Roosen : batterie
Style:
Stoner rockDate de sortie:
05 février 2021Label:
Heavy Psych Sounds RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10
« La musique possède une puissance. Personne aujourd’hui ne peut dire quel son fit tomber les murs de Jéricho ; mais les hommes l’ont su un jour. » Henry Kuttner
Jéricho. Encore une référence dont on entend beaucoup le nom dans le metal. Je ne vous présente pas Walls of Jericho, si? Allez! Groupe de punk hardcore américain aux sept albums et avec la particularité d’avoir une chanteuse (formidable) du nom de Candace Kucsulain et qui envoie du pâté comme rarement un mec pourrait le faire! Bon, fin de la parenthèse. Jéricho, pour ceux qui l’ignoreraient, c’est une ville en Palestine qui est considérée – considération qui fait énormément débat – comme la ville peuplée la plus vieille du monde. Rien que cela! Stricto facto, Jéricho est la ville la plus basse en altitude du monde, culminant à -240 mètres. Étant localisée en Palestine, je ne vous apprendrais rien en vous disant que cette ville a connu des occupations diverses entre les israéliens et les palestiniens, voir les jordaniens. On y trouve également un nombre important de références bibliques sur Jéricho, puisqu’à l’époque il était monnaie courante d’hyperboliser les récits. Donc autant vous dire qu’il est bien naturel que cette ville cristallise quelques projets musicaux bien provocateurs comme Walls of Jericho qui ne fait pas dans la dentelle de soie! En fait, ce sujet fait partie des nombreuses possibilités de provocations à l’égard de ce qu’il se passe dans le monde, et indirectement ou pas, mentionner Jéricho est une forme assez vicieuse de provocation. Ce n’est donc point étonnant pour moi de voir qu’un autre groupe a décidé, à raison ou pas, de mettre en avant dans son prochain album cette ville meurtrie maintes fois, avec encore aujourd’hui des incertitudes géopolitiques qui pleuvent sur elle comme devrait le faire en vérité la vraie pluie, dans ce pays sec. Aussi, voici venu le temps de vous parler de Komatsu et de son dernier album à paraître demain, qui se nomme sans suspense Rose of Jericho.
Komatsu, contrairement à ce que l’on pourrait croire, n’est pas japonais ni asiatique en général. Mais hollandais! D’Eindhoven plus précisément encore. Et le groupe est né en l’année 2010, ce qui représente bientôt onze années de carrière. Onze années durant lesquelles on apprend que le groupe a ouvert ou tourné pour d’autres bien connus comme Crowbar, Queens of the Stone Age, Clutch, Nashville Pussy, et j’en passe! Sans compter quelques tournées européennes, on peut donc aisément dire que Komatsu a bien de la matière à classer dans son curriculum vitae. Il est d’ailleurs important aussi de savoir que le quatuor hollandais a sorti, à ce jour, pas moins de cinq CDs en excluant le dernier, qui sort donc demain. Enfin, Komatsu est bien un terme japonais mais je n’ai trouvé qu’une entreprise de BTP, ou une ville au Japon. Donc je n’ai pas bien compris le rapport, peut-être pour la prononciation bien cool. En tout cas, voilà bien des bonnes bases de travail pour décortiquer avec vous ce sixième opus donc, qui s’appelle Rose of Jericho.
Et question rose je l’ignore, mais des fleurs à jeter au groupe, il y en a quelques unes. C’est très surprenant parce que le groupe jongle entre l’image d’un groupe assez rock et bourrin, et une imagerie très douce. Il y a même un côté très vintage, mais comme l’album sort en format vinyle, rien d’étonnant du tout. En fait, à travers toutes les imageries que j’ai cherchées, je me suis aperçu que Komatsu joue la carte des années antérieures avec brio et classe. Ce qui est assez bluffant dans ce design, c’est que j’ai l’impression que les pétales ressemblent à des tentacules de pieuvre. Je ne sais pas si c’est ma vue qui me joue des tours, mais en tout cas cela est du plus bel effet! La fleur, ou quoique cela puisse être, est magnifique. Le mur en crépi derrière aussi, et rajoute ce côté ancien temps que j’adore. Sans compter le logo assez vieilli aussi. Bon, en tout cas, c’est un très bel artwork, on croirait presque un vieux vinyle sorti du fond d’un placard pour une occasion spéciale. Bluffant de réalisme en tout cas, très beau travail.
Et c’est là que le génie surpasse le maître, parce que comme j’expliquais plus haut, outre l’imagerie, c’est toute la musique qui est surprenante comparée à la pochette, à la limite du hors sujet total. En effet, Komatsu nous sert un gros stoner des familles aux accents tantôt rock, tantôt metal. Mais un gros stoner quand-même, vous voyez le genre quoi. Bourrin, épais, avec des riffs bien rock’n’roll et néanmoins une atmosphère assez typique du style. Il y a une vraie énergie dans cet album, c’est déroutant et surtout, cela prend totalement aux tripes. J’ai eu une furieuse envie de me dévisser quelques disques cervicaux, les compositions sont très prenantes et bourrées d’intentions hostiles. Tout ce qu’on aime dans le stoner quoi. Un groupe qui justifie son parcours pleinement à la lumière de ce que j’écoute chez moi. On reste tout de même sur quelque chose de très old school, donc je pense que les personnes qui chercheront la sophistication ou l’innovation resteront sur leur faim, mais il faut parfois arriver à surpasser cette envie obsessionnelle de découverte et de nouveauté pour juste, profiter. Et se replonger dans une musique plus classique, aux commencements de tout un style bien agité. Le stoner old school de Komatsu fait totalement mouche pour moi en tout cas.
La production abonde d’ailleurs en ce sens, puisqu’elle fait elle aussi la part belle à une dimension ancienne mais avec une volonté de dépoussiérer les étagères. De fait, le son est propre et carré, avec une certaine touche de vintage qui inonde les oreilles d’un profond hommage à la musique d’avant. Un gros boulot de fait pour parvenir à une ambiance lointaine, à cette période où rock rimait avec énergie folle et lâcher prise! Moi qui n’aie pas connu cela, je ressens tous les effets possibles sur mon corps et mon esprit à l’écoute de ce Rose of Jericho. C’est ancien, mais cela parle à ma génération, et le son est miraculeux pour cela. Un vrai boulot d’orfèvre, qui plus est minutieux et intelligent, qui laisserait n’importe quel amateur de stoner comme moi béat d’admiration. Excellente production mais en même temps, c’est la sixième donc on n’en attendait pas moins de Komatsu.
Pour la partie composale, on est comme je disais sur du old school. A ce titre, on pourrait s’épuiser en soufflant de frustration et en se disant que les groupes qui reprennent des riffs déjà mille fois usités, on n’en a marre. Mais quand on le fait avec la grâce divine des quatre compères néerlandais, on ne peut que s’incliner et dire « oui! Le vieux stoner rock existe toujours! » Je mentirai donc en disant que les compositions sont variées, nouvelles et rafraîchissantes. Elles sont tout le contraire : simples mais efficaces, anciennes mais efficaces, et chaudement menées mais efficaces! Efficaces, efficaces, et efficaces! Pas besoin d’en dire davantage, tout est bon dans cet album, c’est Toutatis en culotte de velours. Le chant, les musiciens, tout est bon!
Je ne peux pas en dire plus, parce que ce sixième album est juste une sorte de consécration. Je crois qu’indéniablement, Komatsu a su trouver la formule adéquate pour charmer les auditeurs. En reprenant les bonnes recettes de grand-mère stoner et papy rock, on ne peut que plaire à toute une génération nouvelle comme moi, qui rêve parfois de revenir en arrière, se laisser aller à quelques grivoiseries et voyager en groupe. Komatsu a parfaitement rempli sa mission, rien à rajouter de plus, cela crève d’évidence que ce Rose of Jericho est un pur album.
Tracklist :
Side A
1. Stare into the Dawn 03:46
2. Solitary Cage 04:27
3. The Suit 04:04
4. Blood Moon 04:57
Side B
5. Son of Sam 04:35
6. Rose of Jericho 03:31
7. Blackbird 02:46
8. Call of the Wolves 05:27
9. Om 04:23
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