Line-up sur cet Album
- Danny Costa - Basse
- Charlie Mumma - Batterie
- Carl Annala - Guitare
- Jared Huston - Guitare, chant
- Markus Wolff - Chant, Synthétiseur Moog, Os
- Set Sothis Nox La - Guitare, chant
Style:
Black Metal/AmbientDate de sortie:
19 Avril 2019Label:
EisenwaldNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.5/10
« Il a pas de tête mais il a des jambes, ce petit. » (Forrest Gump)
Oui bon, je sais… C’est un peu facile. Mais je vais finir par être à court de citations, donc je n’avais que cela en magasin, sorry.
Cette nouvelle résonne comme une confirmation. Souvenez-vous, celle que j’avais écrite sur le groupe Uada. Je m’extasiais de découvrir un groupe de Black Metal autre que scandinave et qui, de surcroît, surpassait largement des illustres ancêtres nordiques ! Comme quoi, de nouveaux viviers qui amènent une nouvelle ère c’est encore possible dans le milieu si ridé du Black Metal. L’innovation principale qui était mise en avant était cette atmosphère novatrice, ce mélange entre noirceur et mélodie qui me semble être énonciateur d’un nouvel éon. C’est donc avec un certain plaisir et une envie de bol d’air frais que je me lance dans la découverte du groupe L’acéphale et son nouvel album intitulé… L’acéphale.
De qui s’agit-il ? Eh bien d’un groupe originaire de l’Oregon, de Portland pour être plus précis. Il tire son nom d’une société secrète créée par George Bataille avant la Seconde Guerre Mondiale qui rejetait la célébration d’un Dieu chrétien pour revenir vers une spiritualité plus archaïque. On peut constater que depuis sa création, soit 2002, le groupe a été plus que créatif avec pas moins de trois albums en comptant celui-ci, mais aussi deux EPs, trois démos, trois singles et surtout, fait étonnant, quatre splits albums avec les groupes Mania, Huldrekall, The austrasian Goat et Sorc’Henn. Je ne sais pas si ces groupes vous parlent mais dans mon cas, au moins deux d’entre eux, oui, ce qui renforce ma curiosité concernant nos Américains. J’ai également remarqué que le label Eisenwald était également le leur et, quand on se réfère aux dernières sorties de ce dernier, on ne peut qu’être intéressé par cet album. Je n’ai jamais été déçu par Eisenwald et je sens que ce n’est pas aujourd’hui que cela va commencer ! Il est à dénombrer six musiciens et, chose particulière, la présence d’un musicien dédié au « Moog synth », soit une sorte de clavier analogique, ce qui me donne encore plus envie de découvrir ce groupe car c’est un de mes instruments préférés.
Alors ! Dans chaque course, il y a des étapes, la première échouera, comme d’habitude, sur la pochette. Le motif en lui-même est bien construit, bien travaillé avec ces différentes nuances de couleur oscillant entre le bleu-gris, le vert et le rouge. J’y distingue une bonne harmonie et la pochette n’est pas désagréable à regarder. Mais… Je ne suis pas super emballé ! Oui, on est d’accord pour dire que le design est en adéquation avec le titre de l’album (une tête décapitée pour représenter L’acéphale, what else ?), mais je trouve qu’il y aurait eu la place de faire mieux. J’aurais placé cet artwork pour un premier album plus que pour un troisième. Je pense que je m’attendais à mieux. Après, lorsqu’on se représente le style de Metal proposé, on note une légère originalité par rapport aux autres albums de Black Metal qui sont dans des motifs noir et blanc ou rouge feu par exemple. Il y a un côté psychédélique qui ne laissera pas indifférent j’en suis certain. Mais pour moi, ce n’est pas concluant.
Par contre, pour ce qui est de la musique, je peux ouvertement vous dire qu’il s’agit d’un des albums les plus glauques que j’ai écoutés. En elle-même, la musique est assez basique puisqu’il s’agit de Black Metal. Mais il y a dans un premier temps une touche de brutalité en plus, pas énorme mais suffisamment pour qu’on le remarque, et des parties mélodiques qui rajoutent une dose de lugubrité à leur musique, une recette qui a déjà fait ses preuves mais qui fonctionne à merveille. La production est excellente d’ailleurs : tout est dédié pour faire de cet album un « mauvais » moment à passer.
Le point fort de chaque morceau se situe dans les ajouts stratégiques de passages ambient qui sont redoutablement efficaces. Quitte à initier du morbide, autant y aller franco et c’est ce qui se produit sur chaque morceau, d’où le fait que L’acéphale peut être catalogué comme un groupe de dark ambient, pour mon plus grand bonheur. En plus, ces derniers sont longs (le dernier dure quand-même dix-neuf minutes !) ce qui nécessite des arrangements importants pour ne lasser personne. Je suis toujours assez méfiant sur la longueur excessive des morceaux, mais hormis le dernier qui me semble vraiment trop, les autres passent bien, sans lassitude de ma part.
Sur les instruments, la maitrise générale est assurée. Les musiciens sont tous aussi talentueux les uns que les autres, on sent qu’il y a derrière tout un bagage d’expérience puisque je ne relèverai aucune fausse note particulière. L’ensemble est homogène et c’est prépondérant de savoir jouer ensemble, surtout pour la base rythmique, quand on incorpore des samples derrière la musique. Je crois déceler une part de « rituel » dans les morceaux de L’Acéphale ce qui accentue davantage ce sentiment que tout est fait ensemble, comme une messe noire dans des catacombes.
Mais je me devais de vous expliquer la singularité du quatrième et du sixième morceau de l’album. Non contents d’être mes préférés, ils sont surtout complètement hors catégorie ! Le quatrième résonne comme un entracte durant la moitié de son déroulement avec des passages en acoustique et des chœurs assez monastiques qui, sur le moment, font très messe noire justement. Puis le Black Metal revient en force tout en suivant la ligne mélodique en amont. J’ai adoré cette idée de mélanger des guitares acoustiques avec des chœurs presque religieux et ce chant clair très envoutant, l’idée était belle. Et sur le moment, c’est un morceau qui ne laisse pas indifférent du tout ! J’ignore quelle en était la volonté de faire un morceau aussi dissonant, mais loin d’être incongru, ce dernier donne encore davantage le ton sur le reste.
Et le sixième morceau, alors lui… Il atteint un paroxysme certain dans l’horreur et dans le glauque ! Il y a tout d’abord cette montée progressive avec ce sample mélangé d’un piano très frappé et de la caisse claire de la batterie, comme une horloge macabre. Puis l’apparition des guitares qui jouent le rôle de passages ambient. Et il y a cette voix très grave qui ferait trembler de peur n’importe quelle personne qui écouterait cette chanson dans le noir. Puis, lors d’une pause, le Black Metal revient dans sa forme la plus brutale de l’album pour revenir à ces parties ambient qui font sa puissance.
A noter l’utilisation intéressante d’un texte de George Bataille en ouverture d’album, en français. Preuve est faite que l’écrivain et sociologue a été une réelle source d’inspiration pour le groupe.
Pour en finir, il me serait facile de dire que cet album éponyme du groupe L’acéphale est un très bon album de Black Metal si on aime aussi le Dark ambient et même à certains égards le Dungeon Synth. Il faut également aimer tout ce qui est glauque et assez singulier car ce n’est pas un album de Black Metal comme les autres peuvent proposer. Il y a en effet du morbide, de la noirceur dans sa profondeur la plus basse et tous ces éléments font de L’acéphale un album de grande envergure. Une très bonne surprise pour moi qui adore tout ce qui est dark ambient et dungeon synth. En tout cas, preuve en est que les américains n’ont plus rien à envier aux groupes scandinaves et je me promets de me pencher davantage vers ce continent à l’avenir. A ne pas laisser passer !
Tracklist :
1. Sovereignty (12:13)
2. In Gloria in Excelsis Mihi (08:10)
3. Runenberg (09:44)
4. Hark! The Battlecry is ringing (09:39)
5. Last Will (06:30)
6. Sleep (08:25)
7. Winternacht (19:15)
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