Note de la SoilChroniqueuse (Cilou Bulle) : 7/10

Le -core, un style très décrié tant les structures sont simples et redondantes, les placements des breakdowns et des refrains sont calculables et anticipables, si bien que peu de groupes arrivent à sortir du lot en proposant quelque chose d’original. Combien de copies de groupes comme Architects dans le metalcore par exemple ?

Les marseillais de LandmVrks, formés en 2014 et présents sur la scène depuis 2016 suite à leur premier album Hollow, ont su tirer leur épingle du jeu et se propulser non seulement sur le haut de la scène française mais aussi de s’exporter à l’international. La recette du succès ? Casser les codes du genre en ajoutant des éléments d’autres styles musicaux, avec une production très moderne.
Lost in the waves est leur troisième album, et propose une expérience auditive d’une trentaine de minutes au delà des frontières du metalcore.

La première track, « Lost in the Waves », est un morceau plutôt classique dans sa construction mais tellement catchy ! Des breakdowns fracassants, qui appellent à une violence certaine dans le pit, entrecoupés de passages plus envolés et de chant clair, typique de ce courant musical. Arrêtons le morceau a trois minutes et apprécions ce cassage de nuque en règle, permettant à Florent Salfati de nous montrer son panel vocal qui n’a rien à envier aux hurleurs de deathcore. C’est tellement jouissif ! « Rainfall » emprunte le même chemin que la première track, percutante, violente, soupoudrée de riffs simples mais efficaces. Toutefois, cette composition se veut bien plus orientée hardcore et downtempo, avec des breakdowns lourds et lents qui ne nous laissent pas respirer pendant les trois minutes quinze que dure le morceau. « Say no Words », ou la métaphore de la folie. Une track qui ne peut laisser indifférent tant l’urgence dans la voix de Florent Salfati, entre chant saturé tirant sur un grunt court mais maitrisé, et un rapcore associée à une rythmique relativement simple, redondante mais qui fonctionne parfaitement tant l’harmonie batterie/basse est présente, nous donne clairement envie, à défaut de défouloirs (autre nom de concerts de -core), de donner des grands coups dans un sac de frappe. « Overrated », quant à elle, est une track très intéressante dans son aspect musical : du blast, bien plus de blast que partout ailleurs, une structure mélangeant intelligemment hardcore et metalcore, des riffs percutants, des breakdowns ravageurs, mais son refrain est mainstream au possible, ce qui est vraiment dommage ! Enfin, Paralyzed, dernière track de l’album, tranche avec le reste de l’opus. Un piano/voix associé à des orchestrations, accrochant un beat permettant à la voix de se poser comme une caresse sur la partition. Progressive, elle se termine en apogée postcore, soutenue par des chœurs, l’ensemble fonctionnant très bien, alternant entre douceur et puissance.

Le problème de Lost in the waves est qu’il est inégal. LandmVrks a surement voulu se rendre plus accessible, en proposant des compositions très différentes, ce qui permet de ne pas tomber dans la redondance et sans doute également pour élargir un peu plus son audience et donc sa visibilité, mais cela au détriment d’une cohérence globale qui s’en ressent sur la qualité de certains titres.
« Visage » est la plus représentative. Un mélange de core et de rap autotuné en français. Les amateurs des deux genres apprécieront surement, mais alors de mon côté c’est la douche froide, ayant une véritable aversion pour ce type de rap et de core. Quelques passages en postcore sont intéressants mais l’ensemble reste désespérément plat et très (trop?) grand public. « Tired of it all » est sur la même dynamique. Ici, pas de rap mais un son tellement générique ! On se trouve dans du core FM qui prend un peu de substance à partir de la seconde minutes pour un passage un peu moins mielleux, mais qui retombe comme un soufflet avec ce refrain tellement entendu.

Le core français, et spécifiquement le metalcore, style auquel est rattaché LandmVrks, s’exporte bien, à l’image de groupes comme Betraying the Martyrs ou Novelists, et suscite un intérêt certain de la part du public. Toutefois, on se rend compte avec cet opus que le groupe, au delà de vouloir diversifier sa musique (ce qui est tout à son honneur) et de proposer une expérience sonore moins classique et dans les clous des autres groupes de la scène, se perd sur certaines pistes dans des considérations trop mainstream. Les amateurs de styles aussi variés que le hardcore, le rap, le rapcore et le metalcore devraient s’y retrouver et adhérer pleinement au concept, si tant est que la production ultra calibrée ne soit pas un frein pour les plus puristes d’entre eux.

Tracklist :

1. Lost in a Wave (3:45)
2. Rainfall (3:15)
3. Silent (3:18)
4. Visage (3:14)
5. Tired of It All (3:37)
6. Say No Word (2:30)
7. Always (4:15)
8. Shoreline (0:34)
9. Overrated (3:25)

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