Quelle baffe ! J’avoue que quand j’ai reçu l’album de ce quintet français au nom improbable, Los Disidentes Del Sucio Motel, semblant tout droit sorti d’un film de Tarantino, j’étais très loin de m’attendre à prendre un pied pareil ! Ceux qui, comme moi, aiment les morceaux à tiroirs vont être servis ! Le combo évite soigneusement les lieux communs distillant avec brio avec une musique quasiment inclassable.

Après une intro digne de « the Wall » de Pink Floyd , donnant le ton sur les choix que le personnage de ce concept album devra effectuer, on entre dans le vif du sujet avec « Decision » qui tend à prouver que nul n’est besoin d’être américain pour mêler gros son et refrains accrocheurs. C’est clair, le groupe bas-rhénan a décidé de frapper un grand coup !

Los Disidentes del Sucio Motel est apparenté au stoner, comme le prouvent ses deux précédents albums « Soudtrack from the Motion Pictures » et « Arcanes », mais là, je vous avouerai qu’ils poussent le délire bien au-delà, refusant sans doute de s’enfermer dans un carcan limitant les expérimentations. En effet, comment ne pas penser à My Sleeping Karma avec « Community » tout en nuances éthérées ?

Il n’y a pas à dire, si les strasbourgeois savent séduire en employant la douceur, ils savent aussi envoyer la purée avec de bons gros riffs, comme « Downfall » qui ferait headbanger un cimetière entier.
Un exemple de ce que les musiciens peuvent faire quand ils lâchent les chevaux ? Prenez « Departure » et son tempo oscillant entre lugubre et angoissant. Nos cinq lascars font preuve d’une maitrise sans faille donnant vie à chaque chanson avec une personnalité que peu dans l’hexagone sont capables d’atteindre. « Trip », par exemple est construit sur une séquence qui, sous ses allures pop, s’en va crescendo, se sublimant au fur et à mesure de sa progression ; assurément un des plus beaux moments de ce fabuleux « Human Collapse».

Une franche réussite ou la dualité des vocaux (autre particularité de LDDSM) fait merveille. C’est encore une fois avec une allusion on ne peu plus appuyée à Pink floyd que déboule « Border », archétype du titre gigogne réussi. L’ombre du Flamand Rose plane encore sur l’introduction de « Rebirth » et ses arpèges surannés qui laisseront progressivement place à une ambiance plus grunge comme savait si bien le faire le Alice in Chains des années 90. Du coup, c’est presque avec surprise que le stoner de leur début refait surface, la lourdeur de « Determination » nous rappelant que le combo sait frapper là où ça fait mal ! « 5 PM : arrival » clôt le périple avec beaucoup de classe, résumant à lui tout seul les nombreuses influences des strasbourgeois mêlant les guitares lourdes, une rythmique sans faille, un refrain mélodieux qui accroche le chaland de façon quasi immédiate… Du grand art !

Remarquable. Cet album, est tout simplement remarquable. A la fois sombre, ténébreux, voire même inquiétant (je parle là de l’ambiance, bien sur !), tout est parfaitement en place. Les vocaux sont travaillés, les riffs prennent aux tripes, les membres de Los Disidentes del Sucio Motel montrent qu’ils ont digéré les influences diverses qui composent leur univers, passant sans problème d’unstoner huilé a une alchimie beaucoup plus complexe amalgamant post core, grunge, metal… Exsudant la grande classe, « Human Collapse » s’écoute plusieurs fois d’affilée avec délectation afin d’en tirer la quintessence que mérite cette œuvre.

Tracklist :

1) 7 PM : Choice
2) Decision
3) Departure
4) Trip
5) Border
6) Community
7) Downfall
8) Rebirth
9) Determination
10) 5 PM : Arrival

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