Note du SoilChroniqueur (Seblack) : 7,75/10

Le moins que l’on puisse dire, c’est que s’il y a un écrivain qui inspire énormément les artistes affiliés aux différentes scènes métal c’est bien H. P. Lovecraft. Que ce soit au travers de titres (Pensons à Metallica, Morbid Angel, Celtic Frost et tant d’autres) ou d’albums entiers (The Great Old Ones et plus récemment encore Blut Aus Nord), l’œuvre de l’auteur américain semble être une source inépuisable d’inspiration pour beaucoup.
Clairement Les Enfants de Dagon s’inscrivent dans la catégorie de ceux qui placent l’ensemble de leur œuvre sous les auspices de Lovecraft.
Ce premier album, intitulé De Profundis, s’inspire de la nouvelle Dagon rédigée en 1917 et publiée en 1919. Mais le groupe va beaucoup plus loin qu’une simple transcription et se livre à un véritable travail d’écriture avec un roman intitulé Sous ces profondeurs. Une suite est par ailleurs d’ores et déjà prévue avec deux autres albums et si j’ai bien compris un autre roman. On est donc face à un projet d’une belle ampleur et des plus ambitieux.
Musicalement, ce premier album est assez surprenant de prime abord mais s’avère de plus en plus plaisant au fil des écoutes. De manière assez immédiate le contraste entre la voix masculine majoritairement très death et le chant féminin peut faire penser aux premiers albums des formations de gothic death metal comme Theatre of Tragedy ou The Sins of Thy Beloved. Toutefois plusieurs écoutes permettent de nuancer ce constat, la musique des Enfants de Dagon ne se limitant pas à un simple dialogue chant masculin / chant féminin comme pouvaient le faire les deux formations citées plus haut. Il y a dans De Profundiis une mise en voix beaucoup plus riche à la fois théâtrale et lyrique. Les nombreuses lignes de chant s’enlacent les unes aux autres pour un rendu foisonnant.

Enfermer cette œuvre dans le simple champ du death mélodique ou gothique serait toute fois très réducteur. Il y a aussi dans ce premier opus de belles inclinaisons black, c’est notamment assez flagrant sur le titre d’ouverture “The Shadows Over Innsmouth”, “Esoteric Order of Dagon” et d’autres passages. Des morceaux où le chant plus criard, les voix féminines, quelques paroles en français laissent à penser que plane l’ombre de quelques grands noms du black metal symphonique que sont Cradle Of Filth ou Anorexia Nervosa. Il en résulte un petit côté baroque qui accentue la sophistication de De Profundis.
Parce qu’il faut bien chipoter un peu, on pourrait peut-être regretter certaines longueurs ou quelques placements et intonations de voix masculines un peu surprenantes. Personnellement ce qui m’a peut-être le plus gêné lors de la découverte de cette album, c’est un mixage très en avant des voix qui a du coup tendance à mettre l’instrumentation un peu trop en retrait. Une impression qui s’estompe d’ailleurs ou à laquelle on s’habitue au fil des écoutes.
En tout cas rien dans ces petits bémols n’enlève à cet album sa fort belle allure, Les Enfants de Dagon parviennent à retranscrire de manière personnelle l’atmosphère sombre et mystérieuse de l’œuvre de Lovecraft. On attend donc la suite avec mélange d’impatience et de curiosité. Ces Enfants de Dagon sont de ceux qu’il va falloir tenir à l’œil.

Tracklist :

1. The Shadows Over Innsmouth (04:48)
2. Haunted Relic (04:03)
3. A Silent Pier (06:57)
4. Between the Fog and the Sea (05:18)
5. Esoteric Order of Dagon (04:19)
6. De Profundis Mysteriis (05:15)
7. Facing Darkness Part I (01:01)
8. Facing Darkness Part II (03:49)
9. Beyond (04:06)
10 Fallen Angel (09:27)

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