Line-up sur cet Album
Ray McGill : chant, guitares, basse, composition / Ashley Large : batterie. Guest : Jessie Millea - Claviers, Chant additionnel.
Style:
Doom MetalDate de sortie:
05 novembre 2021Label:
AutoproductionNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 7.5/10
« La pierre s’érode, l’homme ne change pas. » Proverbe yéménite
Je suppose que comme moi, vous aviez des lubies plus jeunes. Je ne sais pas pourquoi je dis « plus jeunes », puisque la plupart d’entre nous en avons encore, même si les premiers cheveux blancs apparaissent désormais. J’ai gardé pendant très longtemps une collection abondante de pierres. Alors attention! Pas forcément des pierres précieuses, encore qu’il s’agit de la majorité de ma collection. Mais aussi des pierres qui peuvent sembler banales, ramassées lors de mes promenades juvéniles ou de mes hasardeuses méditations dans les forêts, et qui sont donc dans la forme absolument quelconques, mais dans le fond m’évoquent des choses. Je pense que chacun est incapable de décrire de manière objective et analytique les raisons pour lesquelles ils conservent ses objets bizarres. C’est une forme de vanité, on ne va pas se mentir, puisqu’on ne les emmènera pas dans la tombe (des cailloux, ça pèse lourd quand on descend le cercueil). Mais c’est comme ça! J’ai maintenant des CDs qui ornent mon appartement et qui vont abonder encore plus avec les années à venir. Mais j’ai toujours gardé un lien particulier avec les pierres, quitte à porter des bracelets avec des turquoises, des malachites, des yeux de plein de trucs et même du lapis-lazuli. J’ai même un diamant (tout petit), de l’or, du cuivre natif, du charbon. Voilà! C’est parfois sur des détails bébêtes comme ça que je choisis mes chroniques, si tant est que le dénominateur commun reste le doom metal et ce qui gravite autour. Et j’ai été interpellé tout naturellement par le nom Lithik. Lithique en traduction, qui se rapporte donc à la pierre. Et je dois admettre qu’après avoir été gavé pour toujours sur le plan cérébral par le mot « metal », voir une référence aux cailloux, cela me fait plaisir! C’est aussi et surtout l’occasion de présenter l’EP appelé Weather the Storm.
Lithik n’est pas un magasin de vente de pierres précieuses, mais un groupe de musique. Jusque-là vous me direz, on ne peut pas se tromper. Mais c’est surtout le projet musical d’une seule personne, un certain Ray McGill, épaulé en batteur session par Ashley Large. Je dois vous l’avouer, je ne connais pas ces personnes. Et il est vrai qu’à part le fait qu’ils soient tous les deux australiens, de la ville très connue de Sydney, on ne sait pas grand-chose. Weather the Storm est en tout cas le premier EP de la formation, autoproduit par-dessus le marché. Voilà donc ce que j’aime le plus en matière de nouveauté : un premier skeud qui démontre une formation toute neuve, toute fraiche. D’ailleurs, Lithik existe depuis… On ne le sait pas. Mais je suppose que cette dernière est récente. Voilà donc de quoi partir sur des bases, saines ou non. C’est bien, beau challenge!
Je commence comme souvent par la pochette de ce premier EP qui a tout de suite attiré mon attention. Pourquoi? Parce que même si le procédé peut paraître simpliste avec cette simple photographie d’un paysage, il n’en reste pas moins que cette dernière est superbe. D’abord parce que le décor est très beau, avec ces falaises très hautes en bord d’océan dont je suppose qu’il s’agit d’une partie de l’Australie, peut-être un peu vite mais bon, sur la matière propre je n’ai pas énormément d’éléments. Ensuite parce que je trouve que symboliquement, c’est évidemment raccord avec le nom de l’EP qui signifie « Faire face à la tempête », car on s’aperçoit que l’océan semble un peu déchainé sous couvert de nuages menaçants. On a ainsi une mise en perspective qui montre que oui, nous faisons face avec les musiciens à la tempête. Enfin, je trouve, et cela ne relève que de mon appréciation personnelle, que l’on a cette même mise en perspective qui laisse à croire que l’on va sauter dans l’eau, et donc vous l’aurez compris se suicider. Cela pourrait expliquer plus métaphoriquement le sens du titre de l’EP, pourquoi pas. Mais j’ai vraiment l’impression que l’on va se jeter dans le vide, je ne sais pas pourquoi. Mais tout cela rassemble une part intimiste avec cette pochette, et de surcroit on se sent happer par le vide. C’est donc une pochette d’apparence simple mais qui garde en secret tout un tas de perspectives, et je l’ai vraiment aimé pour cela. Et en plus elle est superbe alors que demande le peuple pour un premier EP? Cela a dépassé mes espérances en tout cas.
Et je dois bien reconnaître que musicalement parlant aussi, cela a dépassé totalement mes espérances. Et pourtant, ce qui est surprenant c’est que j’ai toujours du mal à entrer pleinement dans un metal qui se situe dans une branche heavy metal. Je crois que si elle est aussi digeste pour moi c’est en grande partie dû à la dimension doom metal old school plus que réellement heavy metal. Mais si vous fermez les yeux, vous avez réellement le sentiment d’avoir un vieux CD de heavy metal. Et c’est exactement cette frontière très maigre entre lui et le doom metal old school qui m’a plu! Je me surprends de plus en plus à aimer la branche ancienne du doom metal, quand le tempo n’était pas encore d’une lenteur abyssale, mais plus sur un versant mi-lent mi-énergique, avec des riffs très mélodiques et entrainants, rappelant par-là les gloires du passé du metal. En tout cas, toute proportion gardée (ce que je dis souvent à ma femme), cet EP qui se compose de quatre morceaux et deux interludes instrumentaux courts est très accessible et donne un rendu bien au-delà de l’intéressement. J’aime beaucoup! On sent qu’il y a quelques imperfections qui sont inhérentes selon moi au fait que c’est un premier jet, mais en tout cas beaucoup d’autres éléments sont prometteurs et amènent un truc vraiment bon. Je me suis surpris plusieurs fois à prendre mon pied sur quelques riffs, d’autant que chaque piste est variée dans les apports instrumentaux, ne tombant pas dans une démarche minimaliste très proche du doom metal actuel qui tourne en rond. D’où mon accointance avec le heavy metal pour Weather the Storm, qui se pare selon moi d’une sorte de heavy doom metal. Il me rappelle Scald, Conviction, Fimir. Vous voyez le truc? Bon! En tout cas, pour une première écoute d’un premier EP comme Weather the Storm de Lithik, l’ensemble a largement dépassé mes espoirs et j’ai presque adoré cette expérience primaire! Manque plus qu’une ou deux autres pour essayer de trouver LE détail qui change tout, et on a un vrai très bon premier EP. Excellent!
J’ai effectivement quelques petites retouches à proposer pour cette première production. Pas grand-chose non plus, puisque le son est tout de même de qualité, il ne manque guère de choses pour que la qualité soit supérieure. Simplement, je trouve que la basse manque de rondeur, et qu’il y a quelques irrégularités sonores entre les pistes qui me semblent incongrues. Notamment sur les interludes. Alors vous me direz, on pourrait penser que les interludes on s’en fout un peu, mais non justement! Parce que c’est parfois dans ces petites bribes musicales que l’on détecte les anomalies, et justement, Weather the Storm en a. Les effets guitares sont trop imprécis entre les morceaux, et on se perd par moment. Le chant aussi me semble trop envahi d’effets, et la technique vocale ne s’y prête absolument pas mais j’y reviendrai. Pour le reste, les passages sans tous ces effets impromptus sont très plaisants, je retrouve une base sonore old school qui me sied bien, avec comme je disais cette référence à ce bon vieux heavy metal qui avait un son énergique mais parfois plus calme que ce qui est fait contemporainement. En tout cas, si les maladresses existent sur Weather the Storm, Lithik a le mérite de proposer une majorité essentielle et qui fonctionne bien. Il faudra voir à juste équilibrer le tout pour ne pas tomber dans la somnolence ou l’hyperphagie sonore. Mais cela reste une belle mise en bouche quand-même.
Je pense qu’au regard du nom des morceaux et des textes, il y a quelque chose de profondément intime dans cette musique. La seule question est de comprendre comment Lithik fait le lien entre des émotions fortes et cette musique qui donne la patate, voire le sourire. On pourrait supposer que le concepteur de Weather the Storm est un gars qui vit des émotions intenses et changeantes, mais j’ai surtout le sentiment qu’il y a une sorte de confusion entre cette situation périlleuse que l’on a dans le concept général et cette musique réconfortante. En tout cas, plusieurs écoutes après, le plaisir est là et ne chavire pas d’un pouce. C’est une musique franchement sympathique, pleine de talent et le travail fait en composition est très intéressant pour la suite. J’ai aimé l’ensemble instrumental, je lui trouve une harmonie folle. Et je loue encore une fois l’utilisation d’un batteur de session pour rajouter cette base rythmique qui semble être d’un feeling sûr, et qui change tout dans la perspective d’un one-man band comme Lithik. Il vous suffira d’écouter pour comprendre que la complexité rythmique en lien avec l’apport d’un batteur fait toute la différence. En tout cas c’est un très bon premier EP que ce Weather the Storm, un heavy doom metal qui sent bon la bonne époque, quand le doom metal actuel en était à ses balbutiements. C’est tout ce que j’aime, et je pense que je ferais presque une exception en l’achetant, moi qui me contente des albums je suis prêt à réfléchir tant Lithik m’a plu!
Pour le chant je suis moins extatique. Je m’interroge dans un premier temps sur le choix de la technique vocale. Un chant saturé qui se situe entre le thrash metal et le black metal dans un élan crossover déroutant. Difficile à identifier ce qui pourrait s’apparenter à une touche personnelle, mais qui s’avère être une sorte de maitrise plus que moyenne des techniques de chant saturé. Je suis sévère mais je ne comprends pas l’intention et j’en viens à me dire que la technique est mauvaise. Pour les effets, c’est pareil. Je m’interroge. Pourquoi mettre autant d’effets dans un chant qui souffre basiquement au départ? Sincèrement, si je ne trouve pas le chant en lui-même totalement non-avenu, je me demande quand-même pourquoi ne pas aller sur une technique plus old school, et non cet ersatz de tentative de crossover. Je pense que même mon patron Chris Metalfreak qui est friand de ce genre de chants ne me dira pas le contraire, qu’il y a anguille sous roche. Heureusement que la base instrumentale est suffisamment solide pour me plaire à ce point, sinon je pense qu’en des temps plus normaux le chant aurait été rédhibitoire. Voilà donc LE gros point à améliorer chez Lithik : le chant. Sinon, cela risque de me déplaire pour la suite. Weather the Storm n’est pas à retenir ni porter aux nues pour les techniques de vocalises, loin de là.
Pour terminer mon propos, ce premier EP Weather the Storm est une belle découverte. Lithik est un one-man band qui est selon moi bien mené, avec évidemment des imperfections mais qui sont totalement logiques au regard de cette première entrée en matière. Il y a l’essentiel de maintenu avec un doom metal aux fortes accentuations heavy metal dans la mélodie des guitares, et il y a surtout cette belle impression que la musique est un hommage aux groupes du passé. Maintenant, je pense qu’il y a deux choses-là aussi essentielles à revoir et qui contrebalancent trop le reste si l’on reste sur l’aspect prometteur de Weather the Storm. Le chant est à revoir dans son intégralité et la production a quelques manquements mais sans gravité toutefois. Je suis tout de même relativement enthousiasmé par ce premier EP dans la mesure où au vu de la composition, il n’y a que du bon pour la suite! La base est là, les couverts sont mis, il n’y a plus qu’à manger, mais l’assaisonnement manque encore drastiquement pour faire de Lithik un groupe à mettre en exergue. J’attends la suite avec impatience et j’espère qu’elle sera encore meilleure!
Tracklist :
1. New Moon 04:18
2. Mountain Air 01:10
3. Lithification of Time 04:38
4. Weather the Storm 06:07
5. Calm Waters 00:50
6. No End for an End to Meet 10:05
Laissez un commentaire