Note du SoilChroniqueur (Metalfreak) : 9,99/10

Au XVIIIe siècle, Antoine Rivalori (dit Comte de Rivarol) déclarait “La rapidité est sublime, et la lenteur majestueuse” ! Manifestement, s’il n’était pas un fan de metal avant l’heure – il y a des limites à l’avant-gardisme, quand même !!! -, il faut reconnaître que sa citation s’adapte parfaitement lorsqu’on s’écoute un album de la trempe de ce “Blackborne Souls” des teutons de Lord Vigo.

Trio formé à l’été 2014 par le batteur et le guitariste de Roadrash/Skelligton, respectivement Vinz Clortho (Patrick “Adda” Palm) et Volguus Zildrohar (Christian “Moto” Palm), accompagnés du bassiste Tony Scoleri (Hammer King, Ivory Night, ex-Ross The Boss), Lord Vigo sort un EP en 2015 (“Under Carpathian Sun”) déjà annonciateur d’une capacité à composer des titres de doom metal épique de grande classe qui les démarquait déjà des autres groupes du genre !
Ensuite invités comme groupe d’ouverture du plus grand festival de doom teuton “Hammer of Doom”, Lord Vigo a la possibilité de montrer qu’ils comptent bien se faire une place dans le milieu de la musique à la rythmique pachydermique !
Quelques concerts avec des groupes comme Candlemass, Pentagram, My Dying Bride, Manilla Road, Diamond Head ou Asphyx, une signature chez No Remorse Records, et les voilà enfin avec leur premier full length qui risque bien de se faire positivement remarquer !

Huit titres d’une moyenne de sept minutes, pour 56 minutes de musique de très haute volée, ce “Blackborne Souls” tend bien à faire sensation parmi tous les fans de doom. Clairement, Lord Vigo arrive à nous sortir un album de doom proche de groupes comme Candlemass, Solitude Aeturnus ou Reverend Bizarre avec un feeling mélancolique, limite déchirant, à chercher chez des groupes de gothique comme Fields of the Nephilim. Le chant est absolument fabuleux, de très haut niveau : la voix puissante et haut perchée de Vinz Clortho fait des miracles.

Une courte intro ambiante, aussi solennelle que venteuse, avant que “Oh Mother Earth” commence, sur des riffs lourds et plombés sur une rythmique nous martelant lentement, et le chant commence, majestueux ! L’ombre des Black Sabbath et Candlemass est bien présente mais d’entrée, on sent que Lord Vigo possède ce petit truc en plus. Le couplet est excellent mais dès que le refrain commence, on sent qu’on va passer un vrai grand moment. L’ensemble est émotionnellement parfait, le groupe s’y entend pour nous envoyer un doom metal de haute volée.
D’entrée, on prend une leçon de metal par un titre qui pourrait fortement être un hymne du groupe.
La basse est omniprésente et vrombit comme dans bon nombre de groupe gothiques, ce genre de lignes de basse qu’on avait régulièrement chez The Sisters of Mercy, Two Witches ou The Fields of the Nephilim.

Clairement, Lord Vigo a mis un soin particulier aux arrangements et chaque écoute successive nous fait découvrir un petit détail de plus. Quelques chœurs discrets à aller chercher chez le Bathory dans sa période Viking et “When the Bloodlust draws on me” peut faire son office.
Encore une fois sur un tempo particulièrement lent, les riffs sont moins lourds, mais tout aussi efficaces : le chant, toujours sublime sur lequel une très légère chambre d’écho donne encore plus de relief, ce morceau s’inscrit lui aussi dans ce que le doom peut nous offrir de plus grandiose !

C’est sur des sonorités plus crues que “Great City in the Sky” continue l’album sur un côté plus mélancolique et limite dépressif que les deux premiers morceaux. Si le titre, de par son approche, semble moins ténébreux que ce qui a été entendu jusqu’à présent, Lord Vigo semble nous montrer un visage désespéré comme voulant se complaire dans un spleen profond.

“Blackborne Souls” s’enchaîne et se veut être un des moments les plus forts de l’album.
Presque neuf minutes de complaintes confinant au sublime : encore une fois, ce mélange de doom metal proche une nouvelle fois de Candlemass et de gothique se veut grandiose avec une chant pouvant nous pousser au frisson sur des refrains absolument imparables. Ajoutons à ça quelques bruits d’orages histoire d’augmenter l’ambiance glauque du morceau et on aura la totale. Une merveille de titre.

Plus sombre et occulte, avec une intro inquiétante, “Blasphemy” continue à jouer dans le haut niveau : particulièrement heavy dans sa seconde moitié, on se sent l’envie de taper du pied et secouer la tête à plusieurs moments. Et le meilleur reste encore à venir : après une intro aussi mystérieuse que superbe, le morceau commence sur une ligne de chant une nouvelle fois parfaite sur des riffs très lents. C’est ensuite que le morceau s’emballe, montrant une facette plus nerveuse que le groupe se réservait de montrer jusqu’alors : encore une fois, le mélange de gothique et de metal est du plus bel effet et confère à “Hail me Fire in the Night (Ishtar II)” le statut de plus grand moment de l’album.

“For being unknown”, à la rage contenue, montre encore une facette différente du doom metal classique : Lord Vigo enchaîne deux titres plus nerveux que la dominante principale montrant sa capacité à varier les plaisirs. En guise de dessert, le trio nous assène plus de huit minutes de doom metal à l’énergie incroyable, d’une fluidité remarquable et achève de magistrale façon un album en tous points réussi.

Huit titres, huit pépites : Lord Vigo nous offre un chef-d’œuvre en guise de premier album, d’une richesse énorme et nous redéfinit en moins d’une heure le terme de beauté absolue !

Un must !

Tracklist :

1. Oh Mother Earth (6:31)
2. When the Bloodlust draws on me (5:09)
3. Great City in the Sky (6:54)
4. Blackborne Souls (8:46)
5. Blasphemy (7:09)
6. Hail me Fire in the Night (Ishtar II) (7:30)
7. For being unknown (5:25)
8. Eternal Saviour (8:37)

Site officiel : http://www.lordvigo.de/
BandCamp : https://lordvigo.bandcamp.com/releases
Facebook : https://www.facebook.com/LordVigo666
Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCrSUPag2ZF086kjONFcOx9w/videos