Line-up sur cet Album
Vinz Clortho - Chant / Tony Scoleri - Guitares / Volguus Zildrohar - Guitares / Nunzio Scoleri - Guitares / Zuul - Basse / Ivo Shandor - Batterie.
Style:
Doom MetalDate de sortie:
High Roller RecordsLabel:
10 Avril 2020Note du SoilChroniqueur (Metalfreak) : 10/10
Depuis les années que je fais de la chronique – ça se calcule avec un nombre à deux chiffres -, on m’a souvent dit que j’avais la chronique positive facile ! Oui, certes, dans Soil Chronicles, on nous envoie au bas mot cent-cinquante à cent-soixante albums par mois : ça permet de faire un tri et notre liberté éditoriale est telle qu’on peut se permettre de choisir sans pression aucune les albums qu’on a envie de chroniquer ! Cela ne veut pas dire que les autres sont mauvais, ce serait faire injure à notre mentalité si l’on concluait par ce raccourci ; c’est juste que si on devait chroniquer tout ce qu’on nous envoie, il nous faudrait des journées de quarante-deux heures si on voulait faire le taf correctement…
Donc oui, à la lecture de la note que j’ai mise à ce nouveau et troisième album de Lord Vigo, on va sûrement me reprocher une utilisation abusive de superlatifs ! Mais cette note est méritée, et à plusieurs titres : déjà, je le trouve supérieur en tous points au premier “Black borne Souls” de 2017 que j’avais gratifié de la note de 9,99/10. Il faut être cohérent, quelque part.
Ensuite, parce que le rapport entre la qualité de ce que j’y entends et le plaisir qu’il me procure à l’écouter est optimale ! Oui, je suis pourtant un indécrottable fan de Thrash Metal et de tout ce que le Metal peut apporter d’extrême ; il n’empêche que cette “Danse de noir” est sans doute l’album qui m’a apporté le plus d’émotions depuis… très longtemps.
Encore une fois, comme tout groupe de Doom Metal, épique et classique, la patte Candlemass est reconnaissable immédiatement : celui qui avait annoncé en 1985 “Epicus doomicus metallicus” comme étant “une œuvre phénoménale qui marquera l’histoire du rock” avait tout compris ! En 2020, soit trente-cinq ans après, non seulement nombreux sont les groupes de Doom qui se réclament de cet album mais qui arrivent à en faire des chefs-d’œuvre de lourdeur et d’émotions incroyables.
“Danse de noir” fait immanquablement partie de ces albums qui sont les dignes héritiers de cet album aussi intemporel que le groupe qui l’a composé ! Bien sûr, les côtés Black Sabbath, Witchfinder General, Reverend Bizarre ou Solitude Aeturnus sont également palpables. Mais Lord Vigo arrive à avoir ce petit-truc-en-plus qui le démarque : déjà, qu’on m’arrête si je me trompe – et n’hésitez pas en commentaire à me donner des exemples qui perfectionneraient ma culture –, peu de groupes du genre utilisent la science-fiction comme concept pour leur album.
Sur les dix titres, on a droit à trois interludes parlés qui mettent en scène le morceau suivant : on ferme les yeux et on peut se retrouver dans des films comme “Blade runner”. Ce film me vient immédiatement à l’esprit de par l’intro “The Voight Kampff Situation”, le Voight-Kampff étant un appareil inspiré des détecteurs de mensonge et du test de Turing (proposition de test d’intelligence artificielle fondé sur la faculté d’une machine à imiter les conversations entre êtres humains). Cette intro laissant entendre un dialogue entre deux personnes – humaines ? – une respiration et un rythme cardiaque, dans une ambiance futuriste. Et lorsque “Danse de noir” débute, on sent d’entrée qu’on va passer un sacré putain de bon moment ; musicalement, Lord Vigo n’a pas changé grand chose dans son Doom Metal : toujours ces riffs lourds, d’une lenteur pachydermique, et ce chant haut perché capable de coller les poils à n’importe quel auditeur en recherche d’émotions pures. Et le parlé féminin en français accentue ce côté émotionnel : du grand art !
Et chaque titre semble apporter une montée en puissance par rapport au titre précédent. “The Verge of Time”, extrêmement bien introduit par “Are you human?” est juste exceptionnel de par ses nappes de claviers omniprésentes (et paradoxalement très typées eighties), les couplets-refrain sont à hurler sous la douche après une unique écoute. Le rythme reste dans la lenteur très lourde et le solo est à tomber… Que demander de plus ?
“Fiery the Angels fell” sera le dernier interlude parlé et futuriste de l’album, introduisant lui encore un “Shoulder of Orion” de pure beauté ! Musicalement, d’un titre à l’autre, la recette reste toujours très homogène mais d’une homogénéité somme toute relative : la deuxième partie révèle un Lord Vigo capable d’accélérer sa musique pour en faire une – courte – partie instrumentale à la limite du Speed Metal pour mieux revenir à la lourdeur. Encore une fois, et c’est véritablement le dénominateur commun de chaque titre chanté : le chant est à tomber ! Lord Vigo a définitivement la recette pour composer des couplets et des refrains fantastiques, que le chant parvient à magnifier encore plus.
C’est quand on écoute un “And then the Planets will align” qu’on s’aperçoit de la palette du groupe : intro aux guitares doublées façon Iron Maiden, parties musicales aux chœurs proches du Viking Metal (on croirait presque que le chant de Quorthon pourrait arriver comme sur “Hammerheart” ou “Twilight of the Gods”) et, une nouvelle fois, le groupe se lâche niveau tempo. Des changements de rythmes, passant d’un Heavy Metal rapide et énervé à de l’acoustique bien senti, puis de nouveau un break que ne renierait pas la paire Murray/Smith. Bref, tout un melting pot d’influences à chercher dans divers genres que le Metal propose et qui enrichissent grandement la musique des Allemands.
Et on se retrouve ensuite avec un nerveux “Between Despair and Ecstasy” qui, à lui tout seul, revisite un côté gothique et punkisant, comme si Candlemass, Killing Joke et The Cure avaient décidé de faire un bœuf ensemble, avec une basse typiquement gothique qu’on aurait pu entendre chez Fields of the Nephilim ou The Sisters of Mercy, preuve aussi que le talent de Lord Vigo n’a pas encore trouvé ses limites. Titre surprenant dans cet album mais d’une efficacité redoutable.
Les choses se calment avec “As Silence grows old” qui montre un Lord Vigo une nouvelle fois tout en émotion, alternant passages somptueusement lents avec d’autres plus enlevés pour plus de sept minutes de pur plaisir auditif… Mais le summum reste encore le titre final : “Memento mori” a tout du futur hymne du Doom Metal tant il représente à lui tout seul ce que le genre propose de mieux : pour le coup, je me tairai en précisant que ce titre ne se décrit pas, il s’écoute en silence… il se vit ! Une fantastique conclusion pour un album en tout point parfait.
Encore une fois, Lord Vigo nous offre un album somptueux, masterisé de main de maître au Temple of Disharmony à Falkenstein (Allemagne) par Patrick W. Engel (Blitzkrieg, Cloven Hoof, Count Raven, Darkness, Desaster, Destruction et tout une flopée de remastering d’albums cultes), qui, espérons-le, fera date dans l’histoire du Doom Metal !
Lord Vigo, le roi du Doom sous terre…
Tracklist :
1. The Voight Kampff Situation (0:38)
2. Danse de noir (6:20)
3. Are you human? (0:58)
4. The Verge of Time (6:10)
5. Fiery the Angels fell (0:23)
6. Shoulder of Orion (5:35)
7. And then the Planets will align (5:39)
8. Between Despair and Ecstasy (3:37)
9. As Silence grows old (7:40)
10. Memento mori (7:18)
Site web
BandCamp
Facebook
Youtube
Chronique « Black borne Souls »
Laissez un commentaire