Line-up sur cet Album
• Dave Mustaine : Guitares/Chant • David Ellefson : Basse • Kiko Loureiro : Guitares • Chris Adler : Batterie
Style:
Thrash metalDate de sortie:
22 Janvier 2016Label:
Tradecraft / Universal Music GroupDans la vie d’un fan de Métal, il est des références absolues, des groupes que tout le monde connait, même s’il n’a jamais écouté, et dont le seul nom évoque un style. Megadeth est de ceux-là. En effet, qui n’a jamais entendu parler de ce groupe mythique ? Je vais donc vous épargner (à moi également) la fastidieuse lecture de leur discographie. Sachez néanmoins qu’ils officient depuis 1983 (avec une petit pause entre 2002 et 2004 pour cause de soucis de santé), que leur premier album, Killing Is My Business….And Business Is Good est sorti en 1985, et que leur dernier effort studio était Supercollider en 2013. Au niveau des lives, on peut signaler le premier, Rude Awakening, datant de 2002, et l’excellent DVD Blood In The Water que je vous recommande chaudement.
Sans revenir sur les innombrables changements de line-up qui ont fait l’histoire de Megadeth (il me faudrait sinon une cinquante de pages, tant le feuilleton est un véritable soap opéra), certains regrettant le tandem Samuelson/Poland ou encore le Friedman/Menza, on peut reconnaître que l’annonce du départ de la paire Drover/Broderick a eu son petit (gros) effet. Les réseaux sociaux se sont emballés sur un retour probable du combo sous sa forme Rust In Peace sorti en 1990 (THE album de référence pour beaucoup). Pour ma part, si l’éviction de Shawn Drover me semblait justifiée tant il n’apportait pas grand-chose (quelle fâcheuse tendance à simplifier à l’extrême les pistes batterie, allant même jusqu’à les dénaturer en live), j’avoue que voir le prodige Broderick s’en aller me faisait craindre le pire, surtout après le plus que moyen Super Collider (2013).
C’était bien entendu sans compter sur ce cher Mus’teigne. En Mega patron, le voilà qu’il nous annonçait l’arrivée de Chris Adler (sans toutefois quitter Lamb Of God) et du célèbre six-cordiste Kiko Loureiro (Angra). Que ceux qui craignaient un retour en arrière aillent se rhabiller. Avec ce nouveau line-up, le groupe annonçait clairement ses intentions, aller de l’avant. Et après plus de 30 de carrière, qu’espérer de mieux ? C’est sous cette forme alléchante au papier, que Megadeth s’est enfermé un an dans le studio personnel de Dave et nous sort donc ce Dystopia.
Commençons par la pochette, on note ENFIN le retour de Vic Rattlehead (la fameuse mascotte inventée par Mustaine et apparaissant pour la première fois sur la pochette de Peace Sells But Who’s Buying en 1986), et au premier plan s’il vous plait. L’illustration, sobre mais efficace, met Vic en scène dans un univers qu’on suppose post apocalyptique. En fan que je suis du célèbre squelette, j’accroche bien et je m’éprends à espérer qu’en matière d’orientation musicale je serai aussi satisfait.
On ouvre le bal avec The Threat Is Real. Même s’il s’agit d’une demi-découverte (le titre tourne déjà depuis un moment sur le net), on en prend plein la figure. Après une courte intro « arabisante » inhabituelle pour le combo, ça démarre sur les chapeaux de roue. Ca fuse dans tous les sens, un pur bonheur.
L’excellent Dystopia pousuit son travail de sape (non mais quel pied ces solos !). Le refrain s’assimile en une fois. On sent que le groupe veut faire mal sans perdre de temps. Le petit phrasé me fait joliment penser à Hangar 18 par moments (Rust In Peace 1990).
Fatal Illusion recèle d’une multitude de surprises. Après une intro pachydermique à souhait, Ellefson nous fait claquer sa basse dans les esgourdes comme aux plus belles heures. Un excellent riff nous emmène au milieu du titre et là c’est la surprise, ça repart à fond de cale ! On a même droit, à partir de 3’15, à une ligne de chant sortie tout droit de Good Morning/Black Friday (Peace Sells 1986), le riff n’est pas d’ailleurs pas sans y faire référence.
Death From Within pourrait s’insérer dans les meilleurs albums du groupe, tant ce titre a tout d’un classique. Le riff principal est thrashy à souhait, les cœurs juste comme il faut côté nostalgie, et les solos excellents.
Concernant Bullet To The Brain que dire de cette intro à la guitare acoustique, de ce phrasé enivrant voire envoûtant, et ce refrain entêtant ? Le pont est juste sublime, les six cordistes sont en verve et la voix susurrée de Dave est déconcertante.
Le premier (et seul) bémol revient à Post American World. Au-delà des paroles dont chacun se fera sa propre opinion (l’idée de s’opposer aux valeurs Américaines, et se demander ce que serait notre monde dans un éventuel Post USA), le titre manque de pêche et est en deçà de ce qui nous a été proposé jusqu’à présent.
Poisonous Shadows remet rapidement les pendules à l’heure. Après une intro grandiose, les couplets sont soutenus par une énorme batterie. Le chant de Dave est superbe, limite plaintif, sans parler de l’outro piano/voix à vous mettre des frissons.
Quel titre audacieux que ce Conquer Or Die ! Après une intro à la guitare classique toute en subtilité et en retenue, les fûts de Chris Adler viennent vous perforer le thorax ! Les solos montent crescendo pour finir en apothéose. Un instrumental de haute volée maitrisé de bout en bout.
Retour à un excellent thrash avec Lying In State. Un titre pêchu à souhait qui vient vous botter l’arrière train à vous empêcher de vous asseoir pendant des lustres. Certains riffs sont juste hallucinants, rappelant un mix entre les albums Rust In Peace et Peace Sells, voire même des titres comme She-Wolf ou Vortex sur Cryptic Writings (1997) ou encore des productions plus récentes genre United Abominations (2007) ou Th1rt3en (2011).
Dans le rayon efficacité, on a aussi le monstrueux The Emperor. Terriblement original, on a par moment l’impression de retrouver notre Dave époque Hight Speed Dirt sur Countdown To Extinction (1992). Les solos sont une fois de plus de toute beauté, et le petit phrasé est juste hallucinant de simplicité et d’efficacité.
Fait surprenant (il faut remonter en 1988 et à So Far, So Good, So What), l’album se referme sur Foreign Policy, une reprise du groupe Fear. On est clairement dans du revival Harcore-Punk, c’est assez énergique, après on accroche ou pas sur la démarche. Mais Dave a voulu envoyer un clin d’œil à ses propres influences. On notera que Lee Ving, chanteur de Fear avait déjà travaillé avec lui sur le projet MD 45 (1996).
Il est l’heure de tirer le bilan de ce Dystopia. L’arrivée de Kiko et Chris est clairement un atout majeur pour Megadeth. Enfin affublé d’un matraqueur de fûts digne de ce nom, la bande à MegaDave renoue avec ses vieux démons Thrash pour notre plus grand bonheur. Loin, très loin de la passivité d’un Drover, Chris Adler prend sur ses épaules la rythmique de la meilleure des façons. Son jeu est d’une précision chirurgicale (quelles parties de double notamment sur Poisonous Shadow, mais plus généralement sur l’ensemble de l’album), sans fioritures inutiles. Et je serai tenté de dire « heureusement », car avec l’arrivée de Kiko, les vieux briscards de Mustaine et Ellefson se sentent rajeunir et s’en donnent à cœur joie tout au long de l’album. Voilà bien longtemps qu’on n’avait pas eu droit à des compos de cette qualité, ne serait-ce que rythmiquement parlant, et jouées aussi intensément. Pour en revenir à Loureiro, on savait son jeu incroyable. Mais la crainte résidait justement sur la bride que pourrait lui mettre Musteigne. Il n’en est finalement rien. Loin de se contenter d’un rôle de soliste qui jouerait avec un calibre sur la tempe prêt à lui exploser le crâne (celui de Dave, vous m’aviez compris), Kiko apporte son expérience et sa vision du jeu. On sent clairement sa patte créative tout au long de l’album et c’est là le signe des plus grands. Et on ne peut pas s’empêcher de dresser le parallèle avec l’arrivée de Friedman en 1990. Respectant dans les détails l’univers musical et artistique de la formation, Kiko parvient à sublimer l’ensemble. Certes, les plus mauvaises langues diront que les guitares sont peut-être trop ( ??) présentes, mais je me contenterai de les renvoyer à la discographie du groupe. Tout au long de l’album on a droit à ce que Megadeth a su faire de meilleur dans sa carrière et qui l’ont rendu si mythique et unique.
On se retrouve au final avec un album très abouti, musicalement riche, maîtrisé, et superbement produit. Chaque instrument est à sa place et se met au service de l’autre. Je soulignerai aussi l’intelligence de Dave dans le travail de sa voix. Plus grave, il a eu la lucidité de ne pas courir derrière un timbre qui lui fait désormais défaut, et qui aurait vraiment pu tout gâcher. Après tant d’années d’existence, des hauts, voire très hauts, et des bas (Super Collider ou l’immonde Risk), Megadeth a su nous livrer un album quasi inespéré, car mêmes si les dernières productions que sont l’excellent Endgame (2009) ou Th1rt3en (2011) étaient de très bons skuds, ici on a juste droit au meilleur album depuis le retour du combo en 2004. La bande à Mustaine n’en a pas fini avec ses vieux démons, pour notre plus grand plaisir.
Album coup de cœur !
Tracklist :
1. The Threat Is Real (4:22)
2. Dystopia (4:59)
3. Fatal Illusion (4:15)
4. Death From Within (4:47)
5. Bullet To The Brain (4:29)
6. Post American World (4:25)
7. Poisonous Shadows (6:02)
8. Conquer Or Die (3:33)
9. Lying In State (3:34)
10. The Emperor (3:51)
11. Foreign Policy « Fear Cover » (2:28)
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