Line-up sur cet Album
- Éric « Chattos » Martelat : chant
- Mathieu Gilbert : guitares, choeurs
- Jaimé Gonzalez : basse
- Alain Blanc : batterie
Style:
Hard RockDate de sortie:
30 septembre 2022Label:
Brennus MusicNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.5/10
“Comprendre, c’est presque l’inverse d’exister.” Georges Poulet
Vous savez ce que j’aime quand un groupe fait directement référence à un personnage de l’Antiquité? C’est que l’on peut en faire un vrai sujet d’introduction, sans passer pour l’éternel chroniqueur pompeux et insipide que je suis. Alors, qui est donc Messaline ? Outre le groupe qui nous intéresse ici, Messaline était d’abord et avant tout un personnage contesté. Valeria Messalina de son vrai nom, était la troisième épouse de l’empereur romain Claude. De réputation sulfureuse, considérée par certains comme un cas clinique de nymphomanie, affublée en ce sens du surnom bien thrash d’Augusta meretrix (putain impériale, vous apprécierez j’imagine…), le mythe dangereux de Messaline était surtout entâché à l’époque par les divergences politiques des deux historiens, Suétone et Tacite n’étant pas du même bord politique, et qui ont largement contribué à faire de l’histoire de l’impératrice Messaline une sorte de mythe burlesque, voire grotesque, pour ne montrer, finalement, que les turpitudes qui étaient monnaie courante à l’époque. De ce que j’en pense? A vrai dire, pas grand-chose, je ne suis pas suffisamment intéressé par les mythes de ce genre, quand il s’agit de l’Empire Romain. Et je sais qu’ici, outre l’aspect métaphorique et décalé de cette légende, il y a un détournement plus moderne autour de notre société. Mais j’aime déblatérer en introduction sur les histoires de l’Antiquité, parce qu’on ne se rend pas compte à quel point le désordre moral régnait en ces temps jadis. On se plaint, mais je vous garantis qu’à l’époque, la luxure était aussi répandue que les décorations magistrales des palais! Et les alcôves, les fameux boudoirs, les « lupanars » comme on dit, il y en avait à la pelle! Donc, cette utilisation détourné de Messaline ne m’a pas bien évidemment pas laissé indifférent, même si le choix de faire une chronique d’un format physique n’est pas l’exercice qui me met le plus à l’aise. Mais bon! J’ai signé pour faire partie d’une équipe aussi belle et déjantée que Soil Chronicles, je me dois d’en être digne ! Et comme notre Caligula à nous, Sieur Chris qui a la Cheville Soyeuse et le Contour de la Malléole Auréolé de Lacets de Cuir Céleste Metalfreak m’a confié sa confiance et ce format physique, j’y vais! Voici donc venu « notre » Messaline national(e) à nous! Et un album nommé « Vieux Démons » !
De l’histoire de Messaline, outre ce que je viens d’écrire, on pourrait se dire qu’il y a eu deux périodes. Une première où le groupe s’appelait Absurd fondé en 1994. Après avoir sorti un EP et deux albums, dont un chez Adipocère Records que je salue amicalement ici, le groupe a décidé de totalement changer de direction artistique et de fonder Messaline. C’est donc une naissance en l’an de grâce 2004 pour le groupe originaire de Bourg-en-Bresse. Un groupe de notre région, on aime cela chez Soil Chronicles ! Toujours est-il qu’avant la sortie de ce dernier album nommé « Vieux Démons » en 2022, le groupe a sorti cinq précédents méfaits. Une discographie riche, un parcours scénique non des moindres, Messaline s’est imposé probablement comme une des valeurs sûres de la scène metal et rock française! Voilà donc un groupe que, je me dois de le reconnaître, j’ai un peu le trac de faire en chronique via cette histoire. Mais ce n’est pas grave, je fonce quand même!
Sans surprise, et en corrélation avec le nom de l’album « Vieux Démons », la pochette fait la part belle et principale à la provocation. Avec des figures démoniaques en pleine débauche, surtout sexuelle, sans suspense aucun. Des prêtres qui s’envoient en l’air dans une orgie digne de la famille Borgia, c’est effectivement assez efficace. J’allais dire que c’est une valeur sûre pour un groupe comme Messaline, qui cherche probablement à faire dans la provocation somme toute légère, quand on voit ce que les autres groupes sont capables de produire. Mais je pense surtout que c’est une pochette plutôt « facile », avec une iconographie qui rappelle étrangement les années d’avant, dans un style graphique certes très travaillé (là-dessus, il n’y a rien à redire) mais qui n’enlève pas que, dès qu’on voit la pochette, on se dit « ah oui ! Je reconnais bien les références! » Et je dirais que cela résume bien ce que je penserais probablement tout de suite de la musique que propose le groupe de l’Ain : une musique nostalgique, ou rendant hommage à une époque où faire de la musique provocante en était à ses balbutiements. Si, pour l’époque, ce genre de pochettes vous valait un aller simple vers le purgatoire pour le grand public – bons nombres de censures ont jalonné l’histoire -, aujourd’hui, pour ma génération, on penserait surtout que le groupe joue timidement sur la provocation quand on voit les autres. Alors oui ! Une pochette comme « Vieux Démons », cela me laisse moyennement indifférent on va dire. J’apprécie le style, mais sans plus. Peut-être que mon papa bondirait de joie, moi, je resterai évasif.
Passons à la musique, si vous le voulez bien, et puis, j’allais dire que si vous ne le voulez pas, c’est pareil. Ah! Ces réflexes de Pavlov… Bref. La musique est selon moi ce qui se fait de plus classique dans le registre rock, voire heavy metal sur les bords. Probablement que la frontière entre le rock et le metal s’illustre à merveille dans la musique de Messaline. D’abord parce que ces deux genres de musique ne peuvent qu’avoir une belle nostalgie et satisfaire ainsi les plus anciens d’entre nous comme probablement les plus nostalgiques. J’y vois donc un côté Trust bien marqué surtout dans la voix du chanteur, quelques riffs déjà entendus mais toujours aussi efficaces, une sorte de chaleur mélangée à une énergie intéressante, et pour finir une maturité certaine, atteinte par l’expérience des musiciens qui maîtrisent totalement leur sujet. On comprend pourquoi! En tout état de cause, cette musique est une belle surprise, pour moi qui ne suis pas spécialement friand des groupes plus récents de ce genre. Non pas que cette grande part nostalgique me soit étrangère, bien au contraire! Avec un papa qui a été bercé par ce genre de musique, allant de Téléphone à Trust en passant par Supertramp et U2, j’aime le rock! C’est con à dire mais j’aime profondément cette musique. Mais je pense que pour apprécier une musique comme la produit Messaline, il faut une sorte de feu sacré en soi. Il faut avoir connu une époque, une atmosphère bien spéciale, pour boire la quintessence de ce genre très très old school. Après, comme je disais, je me suis surpris tout seul à me prêter au jeu de l’écoute et de l’analyse, sachant que c’est un format physique et que j’ai toujours une petite boule d’appréhension. Mais là, Messaline, via cet album nommé « Vieux Démons », m’a mis une belle leçon de confiance et d’humilité. La musique est donc assez difficile à décrire par d’autres mots qu’old school et nostalgie, mais il va de soi que cet album est très bon. Les instruments sont bien à leur place chacun, et le chant est envoûtant. Tout fonctionne bien ! Belle première écoute.
La production de l’album me semble aussi très propre, très mature. Rien d’étonnant, alors, de constater qu’en marge de cette nostalgie latente, il y a un vent léger, comme une brise symphonique, de modernité dans le mastering final. Mais cela reste somme toute très subtil, puisque la part belle est faite sur des sonorités qui rappellent à s’y méprendre ce fameux croisement rock / metal des années reculées, ce que l’on appelle grossièrement peut-être le hard rock. C’est encore une fois difficile pour moi d’évaluer la qualité d’une bonne production dans ce genre de style qui, je le rappelle, n’est pas le mien. Mais je note une chose : cette dernière, similaire à ce que l’on trouve dans « la bonne musique rock », est de surcroit potentiellement bien produite. Très agréable à l’écoute, ayant un rapport entre l’énergie dégagée et la notable paisibilité de certains passages, je note donc que le son est vraiment très bon. Il convient de dire que Messaline est un groupe ayant de l’expérience, même si c’est un argument parfois fallacieux, et qu’en ce sens, nous n’en attendrions pas moins. Mais bon, un groupe n’est jamais à l’abri de se planter, on a eu des précédents chez nous… Quoiqu’il en soit, « Vieux Démons » est un album bien produit, pas surprenant non plus, mais le boulot est fait. Ce qui est largement suffisant sur un plan objectif.
Maintenant, concernant le sens de cet album, j’avoue ne pas avoir cerné exactement s’il y avait quelque chose de précis derrière. Peut-être n’ai-je tout simplement pas eu envie de creuser davantage, c’est possible… Je suis resté sûrement cantonné au principe trompeur d’une musique nostalgique et donc, qui reprend les mêmes schémas et coutumes d’antan. Mais j’imagine qu’il y a tout de même une signification précise et contextuelle ! Donc j’essaye. A la lecture et à l’écoute des paroles, je dirais qu’il y a un réel effort de fait, pour ne pas tomber dans le cliché de la fausse provocation par la religion. Disons que Messaline a fait l’effort de baser son concept, si métaphorique soit-il, autour de la religion, pour peut-être parler d’autres sujets. Ce qui démontre aussi, j’en profite pour le dire, un talent pour l’écriture des paroles et le fait de chiader un concept, qui aura été pour moi une très agréable surprise. Je le dis sincèrement ! Je m’attendais à un énième cliché sur la religion, comme l’aurait fait Trust sur son morceau Vae Victis par exemple. Mais ici, au moins, le groupe pond un concept bien construit, des pistes bien au fait de la religion et au service de sujets qui certes m’échappent un peu, mais qui sont en tout cas bien écrits. Les textes sont très bien, et du coup l’album « Vieux Démons » prend des tournures inattendues. Beau constat !
Bon, pour ce qui est du chant, là encore rien de nouveau. J’ai cité des références qui me venaient, la plus évidente pour moi étant Trust. Mais comme chaque fois que je me risque à citer des références, je dis de la merde. Mais bon! C’est pour vous illustrer la technique de chant très rock, avec un côté blues sur les bords qui ne me laisse pas totalement indifférent. Même si encore une fois, loin d’être un familier dans ce genre de rock voire de hard rock, je ne peux pas m’emballer. Je reste sur ma faim.
Pour terminer cette chronique, la première depuis un moment, Messaline propose un sixième album nommé « Vieux Démons ». Pour un groupe qui existe depuis les années 90, sous un autre nom, je précise, on sent immédiatement une maturité certaine et une sérénité dans la composition qui ne laisse aucun doute possible sur la qualité de cet album. Cela reste toutefois compliqué pour moi, sur un plan plus subjectif je l’admets, de trouver une extase quelconque sur l’écoute de ce genre de musique. Le hard rock qui est joué ici n’est définitivement pas ma tasse de thé, je pensais que j’irais au-delà de mes goûts et que mon côté ouvert d’esprit se suffirait, mais je pense que je ne reviendrai pas dessus. Toutefois, cela n’enlève absolument en rien, et c’est le plus important pour Messaline, que l’album est d’une très grande qualité ! Aussi bien dans la musique, dans la production et surtout, j’allais dire, dans la conception générale de l’univers textuel, le groupe signe assurément une très bonne sortie. Loin de vivre dans l’ombre d’autres groupes du genre en France, Messaline va probablement tirer son épingle du jeu et c’est tant mieux! Véritable bijou pour les amateurs de hard rock français, j’imagine sans difficulté que le groupe de Bourg-en-Bresse va satisfaire pleinement son public.
Tracklist :
1. Les Trois Stryges (06:21)
2. L’Aimante Religieuse (04:24)
3. Black Shaman (05:20)
4. Marque-page Antiqua (01:25)
5. Je Voulais te Dire (04:21)
6. Le Jardin des Délices (complainte de Jérôme Bosch) (03:31)
7. Vieux Démons (06:20)
8. Marque-page (Daemonia) (01:21)
9. Par les Fils de Mandrin (Ange cover)(05:12)
10. Orion Stargazer (07:04)
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