Note du SoilChroniqueur (Metalfreak) : 9/10

Depuis le retour aux affaires des Helvètes de Messiah en 2017, on ne peut pas dire que leur adage est “Y a pas l’feu au lac !” : un EP “Fatal Grotesque Symbols – Darken Universe” en août 2020 histoire de tâter le terrain, suivi le mois suivant de l’énorme “Fracmont” dont tout le bien qu’on en a pensé a été dit en ces pages.
Avec un tel retour en forme, on se disait que la machine était relancée et que le groupe allait poursuivre son petit bonhomme de chemin sans en dévier, mais le sort en a voulu autrement : le chanteur Andy Kaina décidait de quitter le groupe en 2021 et c’est l’année suivante, en novembre 2022, qu’il décéda des suites d’une crise cardiaque, trop tôt à seulement 53 ans.
Brögi se confie “Après la décision d’Andy d’arrêter, nous avons dû réorganiser les choses, mais il était clair dès le début que nous allions continuer avec le groupe. Nous sommes donc partis à la recherche d’un nouveau chanteur. Il était également clair que nous allions faire un nouvel album studio, si nous trouvions un nouveau leader. La seule question était de savoir quand”.
En 2022, Messiah recrute Marcus Seebach (Masquerade, Rätier, Stream of Consciousness, Taste of Tears, ex-Corruption, ex-Corpus Domini). Brögi precise : “Nous connaissions Marcus depuis un bon moment. Je l’ai rencontré en personne la première fois lors de notre deuxième concert après la reformation en janvier 2018 dans sa ville natale de Coire (en Suisse). Nous avons dû choisir entre trois chanteurs différents mais finalement, Marcus a réussi parce que nous nous entendions aussi très bien avec lui sur le plan personnel, ce qui est très important pour un groupe comme Messiah. Nous sommes totalement indépendants et l’interaction humaine a toujours joué un rôle essentiel pour nous. Quand nous l’avons entendu chanter une chanson de « Fracmont » et une de ses propres chansons, il nous a semblé évident qu’il allait être l’homme de la situation. Nous avons vraiment eu de la chance de le trouver. Il est avec nous depuis fin 2021 »

En 2023, Messiah voit l’arrivée de V.O. Pulver (Gurd, Pänzer, Poltergeist, Pulver, ex-Carrion) en tant que deuxième guitariste avec qui Brögi a composé ce nouvel album en seulement trois semaines.
Et ce qui marque d’entrée, c’est la rage avec laquelle les compositions sont jouées : clairement, avec “Christus Hypercubus”, Messiah a franchi un nouveau palier dans l’intensité et l’agressivité par rapport à “Fracmont”.
Et ça ne tarde pas à être vérifié : après une courte intro instrumentale comme on en a eu droit sur “Extreme cold weather” (1987), “Sikhote Alin” met tout le monde d’accord. Riffs thrash, chant death, technique parfaite, Messiah nous colle d’entrée une belle claque pour tout adorateur du genre. Et ce ne sont pas les petits breaks plus calmes dans le titre qui vont faire descendre un tant soit peu la pression.

Et lorsque le titre éponyme déboule, on sent qu’on se prend un Messiah des grands jours : le genre de titre qu’on aurait pu entendre sur un certain “Neverending destiny” tant il est d’une intensité et d’une technique imparable.
Il faudra attendre le quatrième titre pour entendre les tempo diminuer… Et pas qu’un peu : d’une lourdeur abyssale, proche d’un Black Sabbath version death metal, “Speed sucker romance” se la joue doom / death avec le côté mélancolique qui va avec.
Est-ce l’arrivée de V.O. Pulver qui a fait passer le death metal chaotique originel de Messiah vers quelque chose de plus structuré et plus réfléchi ? Rien n’est moins sur.
Toujours est-il que le quintet nous colle une rouste sévère avec des titres d’une sauvagerie maîtrisée (“Christus Hypercubus”, “Once upon a time… Nothing”, “Centipede bite”, “Soul observatory”, “Acid fish”, les deux parties de “The Venus baroness”) que seul un court instrumental intelligemment placé en milieu d’album permet à l’auditeur de respirer un peu !

Bref, Messiah, pourtant formé il y a quarante ans (malgré un break de plus de vingt années), se permet le luxe de nous sortir son album non seulement le plus abouti de sa carrière, mais en plus le plus intense ! Et ce n’est pas peu dire !

Tracklist :

1. Sikhote Alin (5:33)
2. Christus Hypercubus (4:18 )
3. Once Upon a Time… Nothing (4:19)
4. Speed Sucker Romance (5:36)
5. Centipede Bites (4:01)
6. Please Do Not Disturb (While I’m Dying) (1:54)
7. Soul Observatory (3:13)
8. Acid Fish (4:58)
9. The Venus Baroness I (6:27)
10. The Venus Baroness II (4:28)

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Chronique “Fracmont”