Line-up sur cet Album
- Cliff Scott : tous les instruments, chant
- Guests :
- Asator Ægishjálmur : chant (7, 12)
- Lunaria Wistful : chant (12)
- Matteo Venegoni (R.I.P. 2021) : guitare lead (12)
- Francesca Tosi : chant
- Simona Guerrini : chant
- Chiara Manese : chant
- Carlo Fiore : inconnu
Style:
Heavy Metal Progressif / Doom MetalDate de sortie:
28 mars 2021Label:
AutoproductionNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 7.25/10
« Le seul endroit où le succès précède le travail est dans le dictionnaire. » Vidal Sassoon
Je suis content d’avoir enfin trouvé de nouveau la motivation pour écrire ce soir. Après avoir traversé quelques jours de turbulence (mon chat est tombé du troisième étage avec tout ce qui en découle, vous le pensez bien…), je cherchais un peu le groupe qui me redonnerait la foi. Parce que mes deux dernières chroniques n’étaient qu’un rassemblement non festif de déceptions et de délits culturels. Alors, j’avoue, j’ai un peu tâtonné le terrain avant de choisir un groupe qui pourrait potentiellement faire mûrir une chronique un peu plus dithyrambique que les deux dernières. Parfois, le cerveau se fatigue, on en causait justement avec des collègues chroniqueurs et notre Sacerdoce qui est loin d’être un sac d’os Chris Metalfreak, mais on a aussi des facteurs intérieurs qui dominent. Quand vous enchaînez deux chroniques plutôt déceptives, alors vous en avez un peu marre et vous coupez. Je passe sur le moment quasi quotidien où j’écris, parce que ma vie privée que j’ai tendance à maladivement mettre au grand jour en chronique ne souffre d’aucune mise à nu intempestive, mais sachez que ce n’est pas toujours une sinécure. Alors, voilà ! Ce soir, c’est une petite victoire : j’ai retrouvé l’envie d’écrire après quelques jours. Exit ma motivation à faire une chronique par jour pour éponger mon retard de 2021, il en restera le mois prochain, puis le mois d’après, etc. Mais sinon, on s’ennuierait dans le monde secret de la chronique ! Alors, qui est l’heureux élu ? Et d’ailleurs, en sera-t-il heureux ? C’est la question que je vous soumets, et le gagnant du soir est Meursault Omega et son album nommé « Cold Thirst« .
Franchement, j’avoue un truc peu professionnel : j’ai ri. Le nom du groupe m’évoque forcément les vins Meursault, j’imagine que probablement cela n’a rien à voir, mais si c’est le cas alors je jette un discrédit profond au groupe parce que cela ne fait absolument pas sérieux sur le papier ! Vous imaginez ? Un groupe qui s’appellerait « Bordeaux » ou « Costebelle » ? Bref ! Meursault Omega est un groupe qui vient d’Italie, de Milan du coup. Alors, outre le rapport difficile à prouver avec le pinard, le groupe est celui d’une même personne, entourée de quelques invités : Cliff Scott. Le CV est presque vide pour ce monsieur, hormis bien entendu Meursault Omega qui en est à ce jour à deux albums depuis sa création, soit potentiellement 2020 puisque le premier album nommé « Meursault » est sorti cette année. Tous en autoproduction. On peut donc dire que le nommé Cliff Scott mène tranquillement sa baraque. De là à affirmer qu’elle est menée avec sûreté, le contraire est possible. On a donc une jeune formation, d’un musicien pas si jeune au vu des photos de promotion, entouré comme il se doit de quelques invités dont nous reparlerons plus bas. Vous avez un bref aperçu des raisons qui m’ont poussé à choisir Meursault Omega et l’album « Cold Thirst » pour ce retour en… Non, peut-être pas en grâce quand-même.
Et je dois dire que la pochette m’a laissé un peu dubitatif. Je reconnais un style qui me parle, un côté maison et stylisé noir et blanc qui fait étroitement penser à du black metal ou un genre de grindcore. Voire du death metal bien old school. Mais loin de faire l’apologie du genre sludge ou doom, c’est surtout le côté dessin qui me laisse perplexe. J’admets sans souci un certain style, un joli coup de crayon dans le genre graphique qui offre énormément de détails, trahissant un soin tout particulier mis dans le rendu final notamment pour le chevalier au milieu. Mais j’ai un peu plus de mal sur le choix de l’imagerie. Le côté macabre ne colle pas avec, d’abord, le nom de l’album et ensuite au genre musical. Mettre des crânes, de la saleté, des cages à lapidation rouillées, des potences, des squelettes et… Des immeubles délabrés ? Enfin, je ne comprends pas ce choix, ni où Meursault Omega veut en venir. Et je passe sur le plagiat des Nazgûl dans le Seigneur des Anneaux pour représenter la Mort. Je suis donc relativement partagé entre le gros boulot qui a été fait pour avoir cet artwork qui, hors contexte, est vraiment dérangeant et me plait beaucoup, et la divergence quasiment totale avec le style de metal qui est présenté sur Metal Archives et celui que j’aurai par la suite en écoute. Il y a quelque chose qui ne colle pas. J’aurais, je me répète, largement vu une pochette de cet acabit pour du death metal ou du grindcore, voire du black metal bien raw, mais pour du doom metal, je ne vois pas trop le rapport. Voilà tout.
Après une écoute attentive et poussée, je peux dire que la musique interpelle beaucoup. D’abord par son style : présentée comme du sludge doom metal, censée être ainsi très lourde et lente, force a été de constater qu’il n’en était rien ! Je situerais plus Meursault Omega sur un mélange de heavy metal bien progressif avec du doom metal somme toute assez peu présent. Si le sludge metal est limité à un son dégueulasse, alors on pourrait en être. Mais sincèrement, je ne pense pas que ce soit l’objectif premier de Meursault Omega. L’homme d’orchestre semble être plus animé par le heavy metal plus pépère. Mais là où j’ai eu du mal, c’est le son. On en reparlera plus bas, mais je trouve que si idée il y avait au départ, et si les riffs sont loin d’être inintéressants, le son ne se prête guère au plaisir immédiat. Je dirais aussi que le souci numéro deux, ou un bis, est situé sur les lignes de chant. On ne sait plus qui fait quoi, à un moment on entend des voix féminines mais loin d’être irréprochables, elles sont surtout tellement pareilles qu’on se demande qui chante quoi, même en saturé. Mais si on fait abstraction de ces deux problèmes, on a quand même un album qui reste plutôt bon. Je loue les morceaux en eux-mêmes qui font leur bonhomme de chemin, avec quelques riffs bien trouvés et loin d’être entrainants mais qui dégagent une vraie authenticité dans les sentiments noirs et malsains. On pourrait avoir un vrai bon exemple de la face sombre du heavy metal qui n’est pas qu’envolées lyriques et soli endiablés, qui peuvent aussi avoir des travers et des côtés piles bien charbonneux. Il y a du bon dans ce « Cold Thirst« , vraiment ! Encore faut-il bien trimer sur l’archétype d’un album.
Je vais y aller frontalement mais au moins ce sera dit : le son est moche. C’est pour cela, au début je m’attendais à du sludge metal, je me suis dit que cela devait avoir ce résultat, un sludge metal bien indépendant et sans oreille extérieure pour dire « ça, ça ne va pas ». Mais même pas en fait. Meursault Omega est un musicien qui autoproduit ses albums. C’est tout à son honneur et j’imagine que les arrangements studio sont assurés par ses « soins », mais encore faut-il avoir d’autres avis, et pas que les amis ! Sinon, on se retrouve avec un album comme « Cold Thirst« . Je lui trouve beaucoup de travers, la batterie est mal arrangée, les guitares ressemblent trop à des nappes orchestrales (quand on a des riffs mélodiques plein la tête c’est con), c’est à peine si on discerne les cordes entre elles, la basse… Je ne savais pas qu’il y en avait une tant elle est inaudible dans ce brouhaha. Et les chants bourrés de réverbération inutile et grotesque. Bon, enfin j’ai cherché des points positifs dans tout cela mais j’avoue que même en étant rompu à des productions bien bien raw, il y a de quoi se montrer sévère, ou au mieux perplexe. Je me dis, dans ma grande candiditude, que le sieur Cliff Scott n’a pas beaucoup de blé pour faire sa farine, mais je suis surtout convaincu qu’il faudrait soit passer par l’étape studio indépendant, soit prendre des cours d’arrangements sonores, parce que ce deuxième album sonne vraiment très mal. C’est dommage quoi… On a des mecs qui arrivent encore à détruire à moitié leurs albums non pas par leur manque de talent, car Meursault Omega n’en manque clairement pas, mais par leur putain d’orgueil à vouloir tout gérer. Mais comme dit un proverbe bien connu de Philippe Geluck : « Beaucoup de grains de sable réunis, ça finit par faire un gros tas de sable. Beaucoup de petites intelligences rassemblées, ça ne fera jamais un gros tas d’intelligence. »
Sur les fondements même de « Cold Thirst« , soit les compositions, j’ai fait le grand écart. Parce que je n’ai quasiment rien à reprocher aux morceaux en eux-mêmes. Structurellement parlant, ils sont vraiment bons ! Je disais que l’on était sur un heavy metal avec beaucoup de progressif et quelques parties plus doomesques, cela donne donc des morceaux très rythmés sans tomber dans l’extrême, une noirceur dans les mélodies et harmoniques qui laissent une impression très forte et le fait que les pistes soient courtes donne un peu plus de liant, sans épuisement à craindre. Au départ, il y avait vraiment de très bonnes idées et j’imagine donc de très bonnes intentions. Après on peut avoir une production raw et plaire quand-même ! Je me dis donc que Meursault Omega trouvera un public. Large, je ne sais pas, mais il en trouvera un. J’ai fait écouter l’album à des collègues musiciens qui m’ont tous dit qu’ils aimaient beaucoup les riffs, et ce sont des fanatiques de heavy metal ! J’ajouterai que le doom metal est utilisé avec intelligence, dans les moments où l’auditeur a besoin de calme et de sérénité. Il fonctionne comme un piston, comme le moment où l’accordéon se relâche et laisse glisser une dernière note pour épanouir les gens. Voilà en quoi je peux largement louer le talent de musicien de Cliff Scott, c’est un bon album, franchement ! Dommage simplement que le son soit aussi raté.
Les chants sont aussi un peu problématiques. Ce ne sont pas les différentes techniques amenées qui dérangent, en soi les voix sont intéressantes et plutôt bien chantées. Mais ce sont les utilisations que j’ai un peu de mal à assimiler. D’abord, il y a quatre voix féminines et deux masculines si on compte Cliff Scott dans le lot. Déjà, cela fait beaucoup pour moi, et le risque numéro un de ce genre d’initiative est de confondre les voix. C’est exactement ce qu’il s’est produit ! Il arrive des moments où on ne sait plus du tout qui chante ! Les voix se mélangent trop tout en étant les mêmes, à peu de choses près. Je pense qu’il aurait fallu préciser qui chante où pour les voix féminines, on s’y perd trop. Après, sur le choix des techniques vocales, je suis là encore un peu partagé. Autant les voix féminines claires ajoutent un décorum mélancolique en plus qui est loin d’être malaisant, plutôt bon même, autant les voix saturées sont en trop. Je ne les aurais pas mises, j’aurais opté pour des chants clairs partout, quitte à varier plus les techniques. Ce choix de chant saturé ne m’apparaît pas comme le bon, je trouve que cela dénature grandement les riffs qui sont, je le rappelle, estampillés heavy metal. Il y a ainsi un choix très hasardeux, sans être expéditivement rédhibitoire, mais qui amènera j’espère une certaine introspection. Parce que le chant global est moyen sur l’album, on est sur un potentiel d’amélioration qui le rendrait cent fois plus positif ! En plus, j’ai beaucoup de mal à apprécier les voix féminines dans le metal…
Alors, que dire de ce « Cold Thirst » pour finir ? A vrai dire, je ne sais pas exactement. Meursault Omega est en tout cas un projet mené d’une main ferme par Cliff Scott, main qui mériterait d’être un peu plus ouverte à des acteurs extérieurs. Un deuxième album qui a le mérite d’avoir des fondations très bonnes, un heavy metal progressif et parfois lentement dirigé sur du doom metal, on a une recette mélodique qui pourrait bien sonner et qui a aussi l’originalité de montrer la part sombre peu connue du heavy metal, je trouve que rien que pour ces points précis, « Cold Thirst » mérite toute votre attention ! Maintenant, on ne va pas se mentir, on va jouer carte sur table, le son est maussade et franchement pas engageant, et les chants sont mal choisis. Cela résulte selon moi d’un musicien qui veut tout diriger tout seul, s’imagine que seul son savoir suffit à produire un album dantesque et s’offre le luxe pour tous les prétentieux artistes de ne pas faire intervenir d’acteurs extérieurs. C’est typiquement un album dont émargent des exhalaisons d’orgueil et d’hyper contrôle. Et malheureusement, cela fait passer « Cold Thirst » de très bon album à un album « moyen-bon ». Au moins, il y a matière à l’amélioration, c’est une bonne chose pour la suite.
Tracklist :
1. Wood and Flies 01:49
2. I Thirst 03:37
3. Blowing from a Gun 03:31
4. Sad Days in Alcolu 03:36
5. Death by a Thousand Cuts 05:05
6. The Ousider 03:42
7. Limerick Man 03:30
8. Bloody Babs 04:03
9. Pavane 05:02
10. A Tumble-down Nook by the Sea 04:00
11. The End Is Near 03:50
12. To the Core 05:03
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