Line-up sur cet Album
Nicolas Gamet : chants, batterie Patrick Garcia : guitares Pierrick Pellerin : basse
Style:
Rock Français AtmosphériqueDate de sortie:
Septembre 2010Label:
Hacienda RecordsNote du SoilChroniqueur (Lusaimoi): 8,5/10
Découvert en concert, Mok m’avait vraiment impressionné. Tellement que je leur ai acheté leurs deux albums. Pourtant, juste avant d’enfiler ce « L’envers du Décor » dans le lecteur, un doute naquit en moi. Et si Mok n’était qu’un très bon groupe live ?
Non, parce qu’il faut dire que le Rock français, ça fait un sacré moment que j’ai abandonné, la plupart des groupes se contentant trop à mon goût de faire du « Noir Dèz’ like ». Paroles pseudo engagées, souvent maladroites (le français est une langue très dure à maîtriser), originalité peu visible… Non, le Rock français est devenu, pour moi, au mieux, un truc pour ados, au pire, un truc de magazines prétentieux.
Et puis, une chose pouvait faire perdre tout son charme à la musique du groupe : une mauvaise production.
Je dois dire que les dix premières secondes de l’album confirmèrent mon doute : batterie « casserole », son très lointain… Heureusement, tout ceci n’était qu’une intro, puisque la basse, très mise en avant, prend la suite, suivie d’une guitare acérée et d’une batterie plus percutante.
Le trio évolue dans un Rock français donc (si vous ne l’aviez pas encore compris), pêchu, doté d’un très bon songwriting, mais avec un truc en plus.
Le groupe a choisi d’agrémenter sa musique de nombreux éléments atmosphériques qui donnent à leurs morceaux un côté ‘post’ omniprésent, de bon aloi. Qu’ils fassent partie des passages Rock (« Fashion Victim / Factice Girl »), des breaks calmes (« Nager pour l’Histoire », « L’Histoire sans Saveur »), ou voir même d’un morceau en entier dans « Les Amants du Silence », morceau qui explose par la suite, ou le très apaisant « Autre Part », tous ceux-ci sont réussis et offrent ce qui manque aux autres groupes du genre: de l’originalité et de l’émotion.
On pourrait même rapprocher certains passages lourds à du Metal, comme « Les Pantins de Cendres », qui donnent encore un peu plus de fièvre au groupe.
Le chant, de Nicolas Gamet, quelque peu éraillé qui peut aller aussi bien dans la fureur (« Désert ») que dans la douceur et monter dans les aigus sans se rompre sur « Les Amants du Silence », apporte des paroles d’une rare poésie. Une poésie grise, triste, à l’image de l’artwork et ses images de bâtiments délabrés, mais une poésie quand même. Et comme un exemple vaut mieux que des explications, alors savourez ces premières lignes qui composent l’album :
« Ils s’adoubent par-dessus ces monceaux de chair,
Défrichent la terre en l’air.
Ils s’annoncent en guides et chiffrent la mise d’air
Et las, s’amoncèlent les restes du fait d’hiver. »
Moralistes sans être moralisatrices, elles restent assez vagues pour ne pas tomber dans la politique facile. Par exemple, sur « Les Apparences Trompeuses », un seul mot permet à l’auditeur de deviner réellement qu’il est question d’un certain président qui a pour initiales N.S. Les textes parlent de doutes, de la société, toujours adroitement.
Quant à la production, Mok se paye le luxe d’être aussi énergique en studio qu’en live, grâce à un son nickel. Pas nickel dans le sens parfait, mais nickel dans le sens de juste assez cru pour ne pas le faire paraître trop lisse.
Ajoutez à cela un certain détournement des structures classiques (couplets-refrains), par des ajouts lors de certains couplets (par exemple une ligne de guitare absente au premier et qui s’impose par la suite), et on obtient du bon Rock français, comme on aimerait en voir plus !
Voici un groupe qui ne se moque pas de nous !
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