Note du SoilChroniqueur (Le Marquis Arthur) : 9/10

Une nouvelle fois, je me fais un plaisir de vous présenter un nouveau groupe de Black Metal Français : Morte France.
La thématique semble plus qu’évidente vu le nom du groupe : le déclin de notre société actuelle. J’ai remarqué que c’est un sujet de plus en plus fréquent, vus les événements des dernières années c’est compréhensible. Mais ils se démarquent ici avec une grande dextérité et une volonté de fer pour retransmettre leurs convictions à travers la musique.

Apparu des profondeurs inconnues entre la France et le Québec depuis l’an de (dis)grâce 2022, le groupe souhaite nous donner son ressenti peu flatteur sur le monde d’Aujourd’hui. « En parcourant la France, Mensonges et pestilence, Belle terre de violence, si pleine d’insouciance » Tiré de la chanson « L’âge du Loup », il est vrai que cette strophe résume plutôt bien la vision des choses dont veut témoigner le groupe.
Dans l’album entier ils dénoncent la corruption, la faiblesse, la haine et même l’avidité qui ronge la civilisation, qui finira par s’effondrer d’elle-même.
Il y a presque, non, il y a même une volonté de religion car il est question de jugement des âmes et même de jugement divin tout court, pourrait-on dire. Ils attendent, tapis dans l’ombre, que la nouvelle Genèse arrive, elle qui offrirait une purification. Et ce jour là, l’ombre se fera or ! D’ailleurs la croix templière du logo, à mon avis, est une référence directe de la part du groupe envers les saintes écritures : tels des chevaliers défendant une cause sacrée. Ils décrivent aussi que tel que les anciens annonçaient le cycle des âges, le monde mourra afin de mieux réapparaître. En tout cas il est indéniable qu’ils estiment que notre France actuelle, pourtant héritière d’un glorieux passé, meurt sous la noirceur.
C’est très philosophique certes, mais c’est aussi une preuve indéniable de leur convictions.

Il est vrai que le choix d’un Black Metal aux mélodies nouvelle génération (mais sûrement inspiré des années 90) colle parfaitement à ce sujet.
Un rythme plutôt lent sur cet album, peut-être volontairement pour exprimer la langueur de l’agonie ? Possible. Pour le chant cependant, on a presque l’impression que c’est souillé, mais justement je trouve que cela donne encore plus de corps aux paroles, que l’impur sera corrigé par la pureté suprême en quelque sorte, que celui qui néglige les principes hérités du passé finira tôt ou tard par trépasser.
Par la patience, ou par la fourberie, l’échappée restera la même : fatale.
J’ai beaucoup apprécié l’extrait du poème de Gérard de Nerval dans la dernière chanson, intéressant comme conclusion.

Le choix du sujet est délicat, mais vu seulement pour la musique, c’est bien écrit, paroles comme les mélodies, une bonne qualité pour un premier album.

Il m’était cependant impossible de passer à côté : la pochette.
En effet, il s’agit d’une statue, une statue bien réelle d’ailleurs : Hercule combattant Acheloüs métamorphosé en serpent. En tant que sculpteur, il m’était plus facile de l’identifier, j’avoue qu’il s’agit d’un choix judicieux.
Bien que le contexte original de la statue est différent (quoique, pas tant que ça en fait), j’imagine que vu la thématique de l’album, ici le serpent doit représenter la perfidie de ce monde actuel qu’ils dénoncent, et Hercule le libérateur victorieux ; lui rajouter une auréole n’est pas un hasard : cela signifie qu’il montrera ainsi par sa victoire que la décision venait du divin (…).
Hélas c’est un sujet qui me prendrai bien plus que ces lignes à développer.

En clair, un album que je ne regrette pas d’avoir écouté.

Tracklist :

1 Souveraineté radiale (05:48)
2 L’âge du loup (06:40)
3 Sainte Géhenne (05:20)
4 Chevaucher le tigre (02:12)
5 Debout au milieu des ruines (07:58)
6 Vitrus deficians (07:37)
7 Meurs et deviens (03:29)

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