Line-up sur cet Album
- Folker : Chant
- Vidark : Guitare
- Suif : Basse
- Grim : Batterie
Style:
Black death symphonique metalDate de sortie:
13 avril 2019Label:
AutoproductionNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10
« Pour détruire la racine du mythe, il faut anéantir la semence même de l’homme. » — Robert Marteau
J’ai une histoire assez particulière, presque mythique, avec Mythark. Outre nos scènes partagées (surtout une magnifique à Saint-Étienne avec le fameux spectateur qui se jetait telle une mouche écrasée sur les murs de la salle en hurlant « Mythaaaaaaaaaaaaark »), j’ai toujours suivi avec attention l’avancée à petits pas de ce groupe qui a su se bonifier avec le temps qui passe pour sortir un premier album. Pourquoi ? Pour deux raisons : l’une, parce qu’ils sont très sympathiques ! Et l’autre, parce que leur musique mérite tout notre intérêt car ils officient dans un genre dont on a toujours le sentiment intrinsèque d’avoir fait le tour : le black symphonique.
Mythark, c’est d’abord un groupe du Forez, et rien que pour cela et mon accointance pour l’ASSE ils méritent mes quelques révérences. Et puis, on ne va pas se mentir : c’est assez glauque de vivre là-bas, on ne peut pas dire que Saint-Étienne soit un havre de cachet. N’écoutez jamais les joueurs de football quand ils vous disent qu’ils adorent la région, c’est de la démagogie ! D’ailleurs, le terreau est probablement propice à la dépression et à une musique glauque, justement. N’est-ce pas ? Non je plaisante, amis Stéphanois ne me maudissez pas !
Le groupe est composé de quatre membres qui forment un line up somme toute assez basique : une guitare, une basse, une batterie et un chanteur. Les parties symphoniques ne sont en fait jouées qu’en samples, pas de claviériste en vue. Peut-être sera-ce fait dans le futur… Le groupe a sorti un EP nommé The Ark of Myths (évidemment héhéhé), un single qu’à l’époque j’avais trouvé excellent et qui s’appelle noblement “Vlad Tepes”. Fort de ce constat, j’assurais avec certitude que le groupe avait pris son temps pour mûrir son projet puisqu’il existe depuis 2011 et qu’il aura fallu patienter huit ans pour voir éclore leur premier album que je vais vous présenter ci-dessous, et qui se nomme Unleash the Darkness. (Le titre me fait penser à Constantine, le film avec Keanu Reeves… Qui s’en fout ? (Levez la main !))
Premier chapitre de ma dithyrambe : la pochette. Et mon premier ressenti est que le groupe a mis le paquet sur cette option ! L’artwork est d’une rare beauté pour un premier album et je n’en suis que plus réjoui. Rien qu’au visuel on sent immédiatement toute la motivation du groupe à laisser une empreinte durable et se faire une place importante. On y voit un moine au visage caché qui soulève un corps de jeune fille ensanglanté, le tout dans un décor de cathédrale rouge et noir. Le contour de l’arc laisse apparaître des icônes religieuses que je n’arrive pas à reconnaître. Mais au-delà de la description que je fais sommairement, il faut bel et bien y voir un gros investissement parce que le design est d’excellente qualité ! Hormis peut-être le logo du groupe que je préférais avant, et le nom de l’album un peu hors sujet sur la police de caractère employée, il y a vraiment de quoi applaudir le groupe, d’autant qu’il y a des reliefs sur les motifs du design, ce qui accentue davantage encore le travail fourni. Un très bon point que cet artwork qui met la barre très haute d’entrée de jeu ! On ne le répète jamais assez, mais les pochettes sont révélatrices d’énormément de choses, parfois même au-delà de la musique elle-même. Donc me voilà bien content de cette entrée en matière. Passons au chapitre deux et pas des moindres : la musique.
Et ce ne sont pas un, mais deux CDs qui constituent Unleash the Darkness ! Le premier est composé des morceaux originaux, le second quant à lui ne contient « que » la version orchestrale desdits morceaux. C’est un peu tôt pour l’affirmer à cet instant précis, mais on pourrait se dire que le groupe met l’accent sur les parties symphoniques, probablement que ces dernières ont une place hégémonique comparé au reste. En tout cas, point de doute sur le style proposé : il y a majoritairement du black symphonique, mais aussi quelques incorporations death metal, qui pourraient qualifier la musique de Mythark comme du black death symphonique. Je vais rapidement mettre en exergue les parties symphoniques car véritablement, je peux attester de la richesse de ces dernières dans leur élaboration. Il y a vraiment de tout, et de toutes les manières imaginables. Des chœurs, des ensembles de cordes frottées, des percussions qui savent prendre le dessus sur la batteuse quand il faut, des trompettes, un orgue, enfin bon ! De tout, vous dis-je. Dans les influences, je pense qu’elles sont aussi éclectiques que fouillées : je devine quelques passages de type Cradle of Filth, Carach Angren, voire même et surtout du Septic Flesh à foison ! En toute franchise, et cela rejoint mon constat un peu défaitiste énoncé plus haut, je vais avoir du mal à vanter une quelconque originalité dans les parties symphoniques. Certes, elles sont très bien construites, et remplissent avec grande satisfaction leur mission de mise en avant, mais elles ne sont pas « révolutionnaires » si je puis dire. Les initiés du metal symphonique en tout genre, qu’ils soient extrêmes ou plus soft, vont probablement adorer ces parties-là ! Mais ceux qui sont plus pointilleux ou qui recherchent l’audace, le renouveau, vont être déçus.
Les parties metal sont en revanche très bien composées et sont clairement dans un second rôle d’appuis rythmiques des parties symphoniques. Je suis particulièrement impressionné par la batterie qui livre une prestation pleine de vitesse et de précision qui laisse admiratif ! Difficile en plus d’appuyer des parties symphoniques aériennes et nappées au clavier avec une double pédale kalachnikovienne et des cymbales relativement variées, et pourtant c’est réussi. Je suis tout aussi épaté par la guitare qui, si elle est toute seule, occupe sans problème l’espace pour deux et c’est très bien ainsi. Ne recherchez pas de soli ou de parties mélodiques, il n’y en a que très peu, au compte-goutte, car ce n’est absolument pas le but ! Et j’ai envie de dire, tant mieux. Je pense qu’ajouter ce genre de prestation n’aurait que complètement dénaturé l’intention première de Mythark.
Le mastering et le mixage sont plutôt bons, si on reste à l’échelle d’un premier album, qui plus est autoproduit, il est même très bon. La barre a là aussi été placée bien haute, je bénis encore une fois les moyens qui ont été fournis et qui sont tout à l’honneur du groupe Mythark. Rares sont les groupes qui parviennent à mettre les moyens budgétaires et humains qu’il faut raisonnablement pour faire une entrée fracassante digne de ce nom. Là, à n’en plus douter, nos Stéphanois ont affiché leur ambition et c’est génial ! Un grand bravo, en espérant que cela leur profite.
Petite mention spéciale au morceau “Vlad Tepes” qui est mon préféré et dont vous pouvez découvrir le clip ci-dessous !
J’aimerais m’attarder un peu plus longuement sur le chant qui, comme vous le savez, m’est cher d’une manière générale. Et je me dois d’être honnête avec le groupe et par respect et amitié musicale que j’ai pour Folker : je suis très circonspect. Alors, je trouve la variation entre des parties metal black ou death des instruments bien opportune et j’apprécie cette richesse de composition que l’on peut trouver chez Mythark. Mais le chant ne devrait pas varier pareil, et j’irai même plus loin : il ne devrait pas autant varier. Je loue complètement le talent de Folker qui est indéniable et je sais qu’il a suivi des cours auprès de Julien Truchan (comme quoi je suis assidûment l’actualité du groupe !), mais quelle est l’utilité de varier autant le chant ? Franchement. Qu’il y ait du scream, c’est évident. Du growl aussi mais pas autant, là à mon sens il y en a beaucoup trop. Mais alors le pig squeal qui fort heureusement est peu présent… non. Là je ne suis pas du tout d’accord. Aaaaaaaaaaah oui, pour sentir la touche Truchan, ça, aucun doute, elle y est ! Cependant, est-ce vraiment indispensable ? Je ne pense pas du tout. Si on reste stricto sensu sur du black death sympho, le pig squeal n’a absolument pas sa place. Le growl à la rigueur, mais pas autant. Moi, j’aurais aimé qu’il y ait beaucoup plus de scream qui est excellentissime et qui me semble plus concordant avec le style de musique proposé ! Mais il est vrai qu’une expérimentation est risquée et probablement que l’on pourrait davantage apparenter cette erreur de casting au travail de recherche d’identité musicale, si complexe à trouver. En tout cas, c’est une suggestion que je tenais à proposer.
Autre point important qui constitue mon troisième et dernier acte : j’ai adoré la variation des thèmes. Mythark explore beaucoup de mythes et légendes et balaie large avec une référence à, pêle-mêle, l’Égypte antique avec “Apophis”, la mythologie grecque avec “Aphrodite” et “Poseidon”, Dracula avec “Vlad Tepes”, etc. Satisfaction toute personnelle : parler de “l’Enfer de Dante”, qui est tiré d’un livre compliqué mais passionnant. Je n’ai pas eu accès aux textes mais je suis convaincu que cette richesse dans les poétisations ne peut qu’être la partie de l’iceberg qui dissimule une qualité d’écriture indéniable ! Avec toutefois un bémol : cette diversité dans les thématiques proposées pourrait être vue comme quelque chose de trop fouillis. J’imagine qu’il y avait, de la part de celui qui choisit les sujets des textes, une logique assez évidente pour constituer un CD. Mais si l’on se réfère à la pochette et au nom de l’album, certains des thèmes choisis comme Poséidon ou Aphrodite pourraient être non pertinents. Mais c’est un risque que je pointe souvent du doigt, d’autant que je suis personnellement un grand défenseur des fameux « concept-albums », et dans le cas d’Unleash the Darkness il n’y a rien non plus de très choquant.
Je vais terminer mon propos ici par un constat qui se veut très positif : Mythark a réellement le talent et l’ambition qui sont sur le même piédestal et qui ne peut que les emmener très loin s’ils persévèrent dans cette direction-là. Tout n’est pas parfait bien entendu et il était de mon devoir d’être honnête sur ce qui pourrait pécher comme la palette de chant trop large. Mais si l’on fait abstraction de ces petits détails que beaucoup d’entre vous trouveront d’ailleurs insignifiants, Unleash the Darkness est un très bon premier CD avec une production excellente, une volonté de bien faire qui se traduit jusque sur la pochette et qui mérite une récompense que je trouve, à titre personnel, plus que légitime : que l’on emmène nos Foréziens vers des objectifs bien plus importants. Alors, non seulement écoutez-le, mais surtout ne les perdez jamais de vue. Moi, je vais continuer à stalker avec assiduité votre Facebook les amis, il est hors de question de vous perdre en si bon chemin !
Tracklist :
1 Babel Dementia (03:24)
2 Belzebuth (05:20)
3 L’Enfer de Dante (04:45)
4 Apophis (04:22)
5 Requiem (04:58)
6 Aphrodite (05:17)
7 Escape Woman in Black (03:59)
8 Poseidon (03:35)
9 Purgatory (03:53)
10 Pharaon (03:50)
11 Kossuth (05:54)
12 Vlad Tepes (04:07)
BandCamp : https://mythark.bandcamp.com
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