Line-up sur cet Album


  • N.K.R.T.
  • Stéphane Frater - Samples, Chant, Voix
  • Temple
  • Alrinack - Tous les instruments

Style:

Dark Ambient Ritualiste / Dark Folklorique

Date de sortie:

23 septembre 2023

Label:

Black Shadow Legions / Vltima Ratio Regvm Production

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10

« Partenaire particulier cherche partenaire particulière » (Partenaire Particulier)

Ah ! Elle n’était pas difficile à trouver, cette citation, n’est-ce pas ? Une playlist Spotify qui tourne pendant le ménage, et paf ! Vous tombez sur ces relents de votre jeunesse, quand vos parents vous biberonnaient avec de la musique qui vous ferait rougir comme devant un parterre de spectateurs. Vous savez ? Le genre de musique que tout le monde prend plaisir à écouter en secret, qu’on ne révèle jamais parce qu’on veut faire « trve » et qu’en fait, quand on a un coup de trop, nous sommes les premiers à adouber en soirée. Moi, je n’ai pas honte de l’assumer, en tout cas. Bref ! Dans la vie d’un chroniqueur, on a des partenaires particuliers. C’est à dire, sans parler des groupes, que l’on tisse un lien affectif avec plusieurs de nos partenaires désignés. Certains d’entre nous peuvent se targuer d’avoir des liens étroits avec, par exemple, des labels très gros, ou des musiciens très influents dans la scène francophone. D’autres se font tranquillement leur trou dans le milieu, au gré du vent et des concerts, pour en tirer le meilleur. Et puis, chez d’autres encore comme moi, on trouve des partenariats qui sortent de l’ordinaire, si j’ose dire. On ne parle pas de giga gros labels ou quoi ! On parle de ces labels qui tentent de faire leur petit trou dans la scène, modestement et discrètement, qui avancent parfois avec difficulté, écrasés par les autres mastodontes de ce milieu, et avec lesquels on essaye de garder la tête hors de l’eau. Je sors en effet d’une longue traversée du désert en termes d’inspirations pour écrire. Que ce soit la chronique ou les textes, je viens clairement de connaître une période de disette quasi totale. Et je cherchais surement des astuces pour me relancer. L’un de mes collègues – El Jeanjean de mémoire – disait que l’on peut retrouver la flamme en écoutant ses propres classiques. Malheureusement, ce fut un échec. Mais un jour, parmi les nombreux CDs que je reçois chez moi, majoritairement pour achats, je suis tombé sur une sorte de cadeau. Un CD tombé du ciel, probablement envoyé par le destin pour me rebooster. Je ne dis pas cela pour alambiquer les choses ! Il est vrai que je l’attendais, pour chronique. Mais disons que celui-là, lui aussi, se faisait attendre. Et il s’agit du split composé des groupes N.K.R.T. et Temple, du nom de « MMXXIII Prima Solstitium ».

Et pourquoi je vous ai bassiné avec cette introduction endimanchée de larmes et d’émotions ? Tout simplement parce qu’il s’agit de mon magnifique partenariat avec le label Black Shadow Legions. Et surtout, parce que son bon leader a connu lui aussi une longue période de disette en termes de sorties officielles. Ce split sonne donc comme un retour ! Et je suis très heureux de vous présenter ce beau projet split nommé « MMXXIII Prima Solstitium ». Petit mot pour les groupes qui forment ce dernier. Je connais déjà Temple qui consiste en l’un des nombreux, que dis-je, très nombreux projets d’Alrinack, artiste français qu’on a bien souvent chroniqué sur Soil Chronicles au travers d’In the Mist, Psychisme, Loup Noir, Suicidal Madness, et j’en passe. Il est actuellement seul aux commandes de Temple et a sorti, de mémoire, tous ses projets sur le même label. Mais je peux me tromper ! En revanche, de N.K.R.T., je me suis aperçu que je connais le projet sans réellement le connaître. La réputation d’un projet exclusivement live, souvent très ritualiste voire carrément mystique, avec peu d’éléments instrumentaux ou certains singuliers (ossements). Réputation qui me fascinait, mais qui ne m’a jamais permis de creuser davantage pour mieux m’y intéresser. Par le biais de cette chronique, et étant nécessiteux dans mes recherches, je me suis par exemple aperçu que N.K.R.T. avait sorti aussi des albums, au nombre de six ou sept (Discogs a été ma seule source « fiable »). C’est donc très emprunté de mystères et de fascination que je me suis lancé dans la rédaction de cette chronique, pour vous. Et pour ce label que j’affectionne tout particulièrement !

Mais d’abord, commençons comme c’est d’usage chez moi par la pochette de ce split « MMXXIII Prima Solstitium ». Une photographie, manifestement d’ossements, qui semblent être posés au milieu d’un tas de cendres. On dirait, sur la forme, une sorte de projection d’une lampe torche dans une caverne obscure, avec donc un marcheur qui éclaire son chemin et tombe nez à nez sur ces ossements. Sur eux-mêmes, je les trouve très polissés, peut-être un peu trop pour être de vrais ossements, mais je peux me tromper. En tout cas, si la photographie demeure sur la forme assez simpliste, il n’en demeure pas moins qu’elle prend dans le cas de ce split ce que j’appellerais vulgairement un « demi-sens ». Ce que je veux dire, c’est que le split étant composé de deux entités musicales différentes, j’aurais bien vu cette image macabre au possible pour la partie N.K.R.T. qui se situe effectivement bien dans cette veine noire. Pour Temple, même si, connaissant son auteur, la démarche est aussi macabre, ce n’est pas tout à fait le même registre. Je détaillerai plus bas les styles musicaux, vous comprendrez où je veux en venir. Bon, après, le côté photographie d’ossements donne une atmosphère franchement flippante et dérangeante, c’est aussi pour cela que la démarche que j’ai qualifiée de « simpliste » n’est pas nécessairement décrite en des mots péjoratifs ici, et si je ne suis pas certain de l’identité de l’auteur (peut-être le leader du label lui-même, coutumier de cela), je trouve la photographie très réussie. Mais le bémol intervient comme je disais donc sur le non-sens offert à Temple, et le sens entièrement dédié à N.K.R.T.. J’aurais vu un mélange mettant plus en avant les deux projets, et qui ne me donnerait pas le sentiment de mettre en exergue qu’un des deux. La démarche n’est évidemment pas volontaire, simplement maladroite. On va dire que cette pochette est belle et bien dérangeante, mais ne fait que la moitié du boulot d’un point de vue significatif pur. Mais bon ! Depuis tout ce temps, il fallait que j’ai un petit truc à redire sur les nombreuses belles sorties du label !

Parce que concernant la partie musicale, c’est encore un sans-faute. Et pourtant ! Il y avait double prise de risque,puisque les deux projets sont très différents. Le split démarre avec N.K.R.T. pour deux pistes et sa dark ambient extrêmement ritualiste. La musique semble tournée sur un seul but : entraîner l’auditeur dans les tourments les plus sombres et les invocations les plus sépulcrales. Usant surtout de plusieurs lignes de voix, avec quelques accompagnements plus percussifs avec, je l’imagine, tout un tas d’instruments communs ou saugrenus (j’ai cru reconnaître les fameux ossements), mais ce que l’on doit retenir des deux pistes présentes sur « MMXXIII Prima Solstitium », c’est que N.K.R.T. maintient son style particulier avec toujours le même talent et la même originalité. On pourrait penser qu’il s’agit d’une bête musique dark ambient ritualiste, mais quand on connait un peu sa musique, on devine qu’il y a tout un travail de fait, non seulement sur l’esthétique, mais aussi sur le sens qui est mis derrière. N’oublions pas qu’à la base, N.K.R.T. est un projet exclusivement live pour, justement, donner une dimension visuelle qui met en valeur le talent pour l’immersion de notre ami musicien pétri de talent. La dimension ritualiste est tellement présente, comme le ferait Urfaust ou Treha Sektori par exemple, que l’auditeur se voit emporté dans la vague de noirceur qui émane de tous les pores de la musique. Résolument ambiante et macabre, tels sont les ingrédients majeurs de N.K.R.T. et a fortiori des deux pistes présentes sur le split. La dark ambient, de toute manière, cela ne s’explique pas. Cela se vit. C’est immersif au possible, et le meilleur moyen de s’extasier sur ce genre est de l’écouter comme moi : dans le noir, au casque. L’expérience résultante ne peut qu’être une belle évaluation de ce que vaut N.K.R.T.. Et on est résolument dans un niveau très élevé d’immersion totale. Chapeau, vraiment.
Pour les deux suivants, place nette est faite à Temple. Et là où j’émettais quelques réserves concernant l’artwork concerne la place donnée dans la logique artistique à Temple, qui propose une musique aux antipodes, stylistiquement parlant j’entends, de N.K.R.T.. A savoir une musique située sur une étiquette dark folklorique, avec parfois quelques relents dans les albums passés de musique d’ambiance macabre, mais moins que son voisin de split, voire d’éléments un peu médiévaux dans l’âme. Ici, la dark folklorique prend clairement le dessus avec un ensemble instrumental acoustique composé pour l’essentiel d’une guitare, ponctué par quelques apports ambiants et une belle variété rythmique sur des percussions très différentes. On note, néanmoins, le retour d’éléments plus médiévaux sur le deuxième morceau, qui donne cette identité propre à Temple que j’ai toujours adoré. J’adore, en effet, la dark folklorique, et encore plus quand elle est accompagnée par des incorporations plutôt peu communes comme ici. On parlait de macabre tout à l’heure et si Temple n’oublie pas que son auteur est résolument un multi-instrumentiste qui s’est mis au service du « metal noir », et qu’il a de surcroît une dimension très macabre dans sa musique, y compris dans le doucereux et poétique Temple, on n’est pas sur le même registre du tout que N.K.R.T. C’est ce que je voulais dire pour étayer mes arguments précédents. Le macabre oui ! Mais pas la même thématique. Ce bébé qui pleure en fond de son, ce n’est pas le même thème que les chants diphoniques et scaldiques de N.K.R.T. par exemple. Mais en tout cas, si l’on doit trouver un dénominateur commun aux deux projets, ce serait le lugubre. Incontestablement.

Et c’est là que l’étonnement est poussé à son paroxysme sur ce split ! Parce que les deux dernières pistes sont en fait… l’accouplement des deux groupes sur les deux pistes respectives ! Alors là, je dois reconnaître que c’est une grande première dans mon expérience à la fois d’auditeur, de collectionneur et de chroniqueur. Et le résultat est tout bonnement stupéfiant ! Voire même carrément bluffant. Parce que les deux pistes de chaque auteur se chevauchent parfaitement ! C’est même étrange, parce qu’on croirait presque que les deux formations ont fait exprès de, soit composer deux pistes ensemble pour les séparer ensuite, soit que l’un compose et l’autre a suivi, etc. Enfin, je ne sais pas ! C’est en plus de cela foncièrement délicieux. Les pistes se voient bonifiées mutuellement par les autres, donnant un résultat légèrement hasardeux sur le plan sonore parfois, mais dans l’écrasant ensemble, franchement bien réussi. L’association des deux est une belle trouvaille que je manque pas de souligner comme l’atout numéro un de ce « MMXXIII Prima Solstitium » !

En terme de production, il est toujours difficile d’évaluer celle de la musique dark ambient tant les possibilités sont infinies et le plus généralement, il faut contextualiser à mort la musique idoine pour comprendre. Comprendre pourquoi certaines productions sonores sont hyper crades, d’autres très propres. Je peux en revanche affirmer que dans le cas de N.K.R.T. et Temple, les productions sont différentes car les styles le sont radicalement. Je note que les sonorités sont sur un entre-deux dans le raw et la propreté à outrance. Un juste milieu judicieux et opportun pour planter ce fameux décorum macabre qui est cher au split ! Pour le reste, je manque un peu d’inspiration ce soir, mais s’il est compliqué de juger des productions de ces genres, je trouve néanmoins que le split s’écoute très bien, de manière fluide. Ce qui dénote donc une belle réussite sonore !

Pour conclure cette chronique, le label Black Shadow Legions revient enfin aux affaires, pour mon plus grand bonheur, avec ce split nommé « MMXXIII Prima Solstitium » et composé des deux one-man band Temple et N.K.R.T.. Split album étrange, qui sort des sentiers battus du label habitué aux sorties black metal, sur un registre totalement funèbre mais avec deux projets sur deux horizons musicaux que l’on pourrait qualifier presque d’antithétique ! Temple évoluant en effet sur une musique dark folklorique, N.K.R.T. plutôt sur une franche dark ambient ritualiste au possible, on pourrait se poser la question de la cohérence, et les doutes pourraient subsister. En vérité, aucun doute n’est possible tant la réussite de ce split est bluffante ! Malgré les deux univers musicaux, MMXXIII Prima Solstitium se veut être une expérience pleinement immersive, rude pour les psychés fragiles, mais en osmose totale, au point de faire fusionner les deux pistes de chaque groupe les unes sur les autres pour une sorte de finale en apothéose ! Un split qui fait du bien et qu’il faut immédiatement aller découvrir. Bravo !

Tracklist :

1. N.K.R.T. – I 09:02
2. N.K.R.T. – II 12:47
3. Temple – I 07:30
4. Temple – II 06:01
5. N.K.R.T. & Temple – I 09:21
6. N.K.R.T. & Temple – II 13:14

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