Line-up sur cet Album
- Xen – Chants saturés
- Tim Charles – Chants clairs, Violon, Alto, Claviers
- Benjamin Baret - Guitares Lead (puis Guitare acoustique)
- Matthew Klavins – Guitares Ryhtmiques
- Martino Garattoni – Basse
- Dan Presland – Batterie
- Guests : Emma Charles – Violon additionnel pistes 1, 2, 3 / Alana K Vocal - Chants additionnels piste 1 / Dalai Theofilopoulou Violoncelle sur pistes 1, 4
Style:
Black Metal Mélodique / ProgressifDate de sortie:
24 mars 2023Label:
Season Of MistNote de la SoilChroniqueuse (Migou) : 10/10
Les aventures de Mémé : « Mémé se fâche tout rouge »
Bah voilà ! Il fallait bien s’y attendre un jour ou l’autre. Combien de fois Mémé n’a-t-elle pas dit à ses p’tits copains : « Faut arrêter de mettre des 10 à tour de bras, les jeunots, là ! Après, comment être pris au sérieux ?! » D’accord, les notes et tout le tintouin, on s’en moque un peu, mais c’est tout de même l’entrée en matière de nos chroniques. Alors…
Alors, ne voilà t’il pas que ça lui tombe dessus, sans crier gare ! Un joli 10 ! L’oeuvre parfaite de bout en bout. Elle est là, sous son nez. Mémé, est bien obligée de lâcher sa note max ! Pas le choix. Quand ça vous arrive, vous ne pouvez pas vous planquer dans le déni.
Et qui c’est qui va avoir droit à son petit 10 de la part de notre Mémé ? (vous entendez la voix doucereuse, là?) C’est Ne Obliviscaris !
Il y a énormément de matière à raconter, à creuser, à malaxer, à étirer. Ça va être costaud de tenter la synthèse. Allez, plongeons dans la piscine des mots et des émotions :
Exul est le 4ème album des australiens. Après les déjà excellents Portal of I, Citadel et Urn, les 6 de Melbourne remettent le couvert. Non sans quelques heurts qui font l’heur de ce nouvel effort. Et en terme d’efforts et de MALheurs, il en est largement question.
Déjà écrits en grande partie sur les routes et les scènes des précédentes tournées, les titres sont prêts à être enregistrés quand un petit contretemps vient tout chambouler. Trois fois rien. Juste une minuscule pandémie… Si le batteur, Dan Presland, a pu rentrer juste à temps avant la fermeture des frontières, d’autres membres du groupe n’ont pas eu cette chance et ont été quelque peu obligés de rester de l’autre côté de l’Océan.
La pandémie a laissé son empreinte douloureuse : des morts, des relations effritées, des personnes esseulées… Comme en exil. Cet exil, cette dépression, on la ressent dans l’album qui porte son nom, Exul. En fil rouge, nous abordons toutes les formes de solitudes et donc d’exil auxquelles de bien nombreuses personnes ont dû faire face. Et Ne Obliviscaris a failli en faire les frais. D’ailleurs, après avoir enregistré les parties de batterie, Dan jette l’éponge, comme on jette un pavé dans la mare.
Mais si l’enfer est pavé de bonnes intentions, le BONheur peut être pavé des merdes qui vous tombent dessus, offrant la possibilité de faire ce fameux pas de côté permettant de voir les choses sous un nouvel angle et trouver des solutions atypiques.
Dans le cas de Ne Obliviscaris, c’est aussi le temps long du hiatus qui a permis de revisiter des titres écrits de longue date. Finalement, le désormais quintette l’admet : ce temps a permis de peaufiner cette pépite qu’ils nous offrent depuis la fin du mois de mars 2023.
On a, avec Exul, un album dans la lignée des précédents. Mais on creuse encore plus la mélancolie des mélodies, l’emploi des cordes, ce côté presque symphonique. Mémé se souvient de ses nombreuses années de conservatoire à travailler sur des partitions de musique classique. Parfois, des incursions de jazz venaient égayer ces pièces guindées. Ici, nous avons un album qui est la parfaite synthèse de toutes ces influences : une touche de classique, des breaks ou des ponts jazzy, et cette voix Death à se damner. S’ils se définissent comme faisant du Black Metal Mélodique, le titre de Metal Progressif leur va à ravir.
Ce parfait équilibre, on le retrouve également lorsque l’on regarde des lives du groupe : tout le monde est sur la même ligne (d’accord, le batteur est derrière…) Et leur façon de composer suit ce chemin. Certains titres sont composés par Benjamin et Martino, propulsant les Guitares – Basse au cœur du morceau (« Misericorde I ») , quand le morceau suivant fera la part belle aux cordes du violon et de l’alto (« Misericorde II »), Tim étant plus aux commandes. Et la perfection se retrouve jusqu’au visuel, entre un Tim au chant clair, le sourire aux lèvres dans les lives, blond façon romantique et un Xenoyr, aux harsch vocals, ses longs cheveux noiiiiiiirs lui conférant une touche sombre.
Revenons un peu en arrière, nous avions sur les précédents albums le chant growlé bien grave pour amener une aura bien Dark. On passe constamment d’envolées lyriques au violon et au chant clair aux interventions Death/Black/Dark du chant de Xen. Dans Exul, j’aurais tendance à penser le contraire. Les cordes nous propulsent bien souvent dans la mélancolie, quand le growl est bien vénère !
D’ailleurs, il est remarquable que le chant ne se fasse pas à 2 voix (un peu plus si on tient compte des guests ), Harsch et clair…. Il y a le violon qui, surtout sur cet album, se fait voix supplémentaire. Ce sont de véritables lignes de chant, dont le violon fait preuve. Il nous narre sa version des faits sans paroles. Et il fait bien souvent mouche ! En cela, Tim va encore un peu plus loin dans l’utilisation de son instrument que dans les précédents efforts, explorant des techniques au service du propos.
Un exemple ? Le premier titre, celui qui ouvre de façon magistrale l’album, « Equus ». Ce titre est la perfection incarnée. Equus… Les chevaux sont lâchés ! La section rythmique est en plein essor. La tension va monter petit à petit pour ne plus revenir en arrière. Il y a une forme de cavalcade anxiogène dans le jeu de batterie, dans la ligne de basse qui perce le mix. Le son est ample. La production est excellente. Et quand le Growl entre en jeu, le violon vient lui donner la réplique. Là, on a cette impression d’un cheval qui hennit, piaffant d’impatience pour retrouver sa liberté tant attendue. Quand on se penche sur les paroles, on voit bien arriver ce cheval pâle, celui de la mort, des 4 cavaliers de l’Apocalypse. On voit aussi les flammes qui ravagent tout. Les roues karmiques… La Covid est passée par là, mais les grands incendies auxquels l’Australie a dû faire face également. Si on voit plus loin que le bout de son nez, c’est le retour de flammes d’une planète qui suffoque sous les coups de boutoir d’une société qui n’en a que faire. La roue tourne… De bout en bout, on sort de ce titre d’ouverture haletant, tendu, la gorge nouée.
Viennent alors deux morceaux d’une même suite, composés à la façon d’une uchronie, qui nous emmèneront de plus en plus vers la tristesse et la dépression. Les titres sont parlants « Anatomy of Quiescence ». Quiescence… que l’on peut traduire par tranquillité.. mais aussi par écodormance, une mise en sommeil dépendant du milieu dans lequel l’organisme vit. Vous le voyez, le parallèle avec la Covid Party ?! Ce titre fera la part belle aux cordes. Une véritable musique de chambre, sans pour autant sombrer dans le kitsch du Rondo Veneziano. Non ! Ici, tout est dans la justesse du propos. Ni trop, ni trop peu. Autre titre évocateur, « Anhedonia » viendra clore cet opus, sur une touche bien noire. Anhédonie, ou l’absence de plaisir, l’un des piliers de la dépression.
Pépé V ronchonnera sur le tempo souvent similaire. Mais à chaque fois qu’il revient après avoir quitté la pièce, il s’exclame : » oh ! Ça s’emballe là, c’est cool ». Eh ouais, la justesse fait tout couler de source, les différentes parties des morceaux s’articulent comme des rouages bien huilés.
Pour la petite histoire, Tim expliquera que Ne Obliviscaris a toujours, sur ses albums, développé des titres épiques, version épopée. Un premier morceau est composé, puis enfin revisité comme un récit d’uchronie, ainsi que j’ai pu le dire plus haut. Et si… Et si on avait pris cette option, cette direction ? Et si… Qu’est-ce que cela donnerait ? Un second titre répondant au premier, avec sa propre couleur, tout en gardant un fil rouge, tendu entre les deux ! La miséricorde est au menu. Nous reviennent en mémoire les « Miserere » classiques, ces pièces comme des prières lancées vers les cieux (chacun y verra ce qu’il a envie de voir, je suis athée, j’y vois une prière faite aux Humains pour une décroissance urgente et un besoin d’injecter une réelle humanité !)
Exul partira à fond la caisse avec un titre ample et anxiogène pour terminer sur une note mélancolique faisant la part belle aux mélodies, sur un titre exclusivement instrumental. Pour ses 20 ans, y’a pas à tortiller, le groupe, l’album, tout est juste… Parfait !
Tracklist :
1. Equus (12:13)
2. Misericorde I – As the Flesh Falls (7:33)
3. Misericorde II – Anatomy of Quiescence (9:22)
4. Suspyre (10:09)
5. Graal (8:53)
6. Anhedonia (3:43)
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