Line-up sur cet Album
Guillaume Cazalet (Czlt) : Basse, guitare baryton, cordes frottées, sitar, flûte, trompette et voix Jean Jacques Duerinckx : Saxophone baryton et soprano Sebastien Schmit : Batterie, percussions, gongs, voix Pierre Arese : Batterie, percussions
Style:
Drone Metal Jazz PsychéDate de sortie:
26 juin 2020Label:
I, Voidhanger RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10
“Celui qui médite vit dans l’obscurité ; celui qui ne médite pas vit dans l’aveuglement. Nous n’avons que le choix du noir.” Victor Hugo
Alors là, les camarades, je me suis lancé dans un truc… Je ne vais pas refaire tout un paragraphe sur l’éternel moment de solitude que vivent les chroniqueur(e)s au moment d’aborder un album, quand ils écoutent les premières notes et tout de suite, se demande si la pharmacie du coin est encore ouverte, prêts à braver le tonnerre et la grêle pour une boite de Tranxène ou de la Citrate de Bétaïne. Bon après, il y a probablement d’autres molécules plus apaisantes mais on va rester sur du légal. Je ne vous ferai pas non plus de paragraphe sur le chroniqueur qui se dit « tiens, un style de musique bizarre… JE PRENDS! » (NdMetalfreak : Et pourtant, c’est bien de ça dont il s’agit aujourd’hui. Je ne balance pas, j’expose les faits), et qui se retrouve à ne plus savoir quoi écrire tant le style est perché au possible, où l’auditeur décolle littéralement du sol pour se retrouver tel la poupée extraterrestre dans Toy Story qui se fait soulever par le grappin en lâchant cette phrase mythique : « le grappin m’a choisi. Adieu mes amis! Je vous quitte pour un monde meilleur. » Eh bien non, je ne vous ferai pas non plus une diatribe monumentale sur le chroniqueur qui décompense en fait, tout simplement. Qui se fout à poil dans son salon, se déhanche avec une souplesse qu’il ne soupçonnait pas ou plus (n’est-ce-pas mes braves Jeanne-Calmentiens Metalfreak, Antirouille, M.L.A.M et Moky ?) (NdMetalfreak-encore : jaloux, on verra comment tu seras à mon âge), ou qui se retrouve à s’enduire le corps avec les serviettes hygiéniques souillées de sa femme en invoquant Dracula?
Ah ben… Si. En fait, je l’ai fait ce paragraphe polymorphe…
Tout ce qui a été cité ici a été vécu par moi. Tout… Ou presque. Je vous laisse deviner quelle anecdote est mauvaise (NdMetalfreak-toujours : je balance cette fois ci : il s’agit de la souplesse : on parlait des serviettes encore hier soir).
En tout cas, je peux vous assurer que vous ne ressortirez pas indemne de l’écoute de l’album Eons, du groupe Neptunian Maximalism.
Petite présentation du groupe originaire de Bruxelles, et non de Neptune comme on pourrait naïvement le penser. En fait, je pense que décrire Neptunian Maximalism comme étant un groupe est une fausse information, je dirais plutôt un collectif de musiciens tous d’horizons différents et le groupe mélange divers instruments comme deux batteries, guitares, synthétiseurs, basse, mais aussi saxophone, sitar, « paysages sonores », saz, et « black magic scenography » dont je pense qu’il s’agit d’une mise en scène pendant les concerts mais que je n’ai pas trouvé en farfouillant sur YouTube. Le collectif a été initié en 2018 sous l’impulsion d’un des musiciens, multi-instrumentalistes de surcroît qui se nomme Guillaume Cazalet, et qui a vu plusieurs changements dans son line up mais là, les informations sont plus floues. J’ai surtout remarqué que le groupe sortait cet album, qui est en fait le quatrième CD du groupe, sous le label I, Voidhanger Records, qui avait sorti Esoctrilihum que j’avais trouvé excellent mais extrêmement… délirant, ou perché.
Donc, je m’attends à une musique très expérimentale, difficile d’accès mais hyper riche.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’artwork ne va pas me contredire du tout! C’est une véritable explosion visuelle, pleine de couleurs vives avec néanmoins une tendance aux couleurs chaudes, des visages tous aussi effrayants les uns que les autres, torturés même, ce personnage central qui fait penser à une divinité typée dragon, bleue avec des dents noires et de grosses mains costaudes et qui portent un collier en têtes humaines miniaturisées, des serpents couleur rose fuchsia, etc. Je crois savoir qu’il y a des influences hindoues dans l’artwork, asiatiques certainement. Il faut savoir qu’il y a trois CDs dans l’album et que chaque CD a des motifs différents, deux avec un croissant de Lune, l’autre avec un Soleil. Il m’est difficile de tout décrire avec précision tant les références sont innombrables mais me sont également inconnues. Mais les images parlent d’elles-mêmes il me semble, il vous suffit d’aller sur leur Bandcamp pour vous en apercevoir : c’est sincèrement l’un des artworks les plus énigmatiques, mais aussi les plus beaux que j’ai eu à étudier. J’adore vraiment l’ensemble même si le devant de la jaquette n’est pas le plus joli mais bien l’intérieur du CD (vu sur Bandcamp) et qu’il ne faut pas être épileptique pour contempler ce dernier. Il y a un énorme travail qui a été fait en amont et je suis impressionné par le talent époustouflant de Tomiyuki Kaneko qui a fait cet artwork. Excellent boulot, vraiment! Et surtout, excellent choix de la part de Neptunian Maximalism.
PS : on me susurre à l’oreille que d’ordinaire je m’insurge contre les groupes qui utilisent des oeuvres déjà existantes pour leur pochette d’album. Comme mon grand Mamamouchi semble être perdu sans cela, je m’insurge donc en une phrase : le détournement c’est maaaaaaaaaaaaal! Voilà.
Je parlais de musique qui m’apparaissait, instinctivement, expérimentale mais dans un sens extrême. Et bien mesdames et messieurs je ne me suis rigoureusement pas trompé. C’est un mélange de… Allons voir : plein de choses improbables. Le metal s’apparente de près ou de loin à des influences très drone, avec des guitares et basses très distordues, comme si les cordes avaient cette capacité de ne jamais s’arrêter de vibrer puisque les parties sont souvent longues. Intervient dans cette configuration les fameux « paysages sonores » qui sont en fait les fameuses courbures que vous rencontrez dans les studios d’enregistrement et qui sont là pour amener un spectre sonore plus épaissi, comme si les parties longues, les clusters maintenus étaient englobés encore davantage. Cet ensemble laisse peu la place aux changements d’harmonies ce qui amène une base « rythmique » très minimaliste. Voilà pourquoi je pense que le metal se rapproche énormément du drone metal, à ceci près que la basse est parfois plus en adéquation avec des parties rythmiques et accompagne les batteries. Ensuite, le saxophone (baryton je crois) amène des parties très jazz, ponctuées par les batteries qui ont chacune non pas un rôle englobant, mais qui accompagne les différentes mélodies au bois et de la sitar, comme au jazz en fait, et donc nous avons par-là l’apport mélodique dans la musique de Neptunian Maximalism. Et enfin, les parties psyché qui sont là plus pour planter le décor, mettre des ambiances différentes. Il y a une forme très prononcée d’éclectisme dans les parties psyché, et le synthétiseur est polyvalent à l’extrême, ce qui fait que l’on se perd dans le concept de l’album, qui m’apparait assez chiadé. Nous avons donc, si l’on résume, une forme de « drone jazz psyché metal ». D’ordinaire, je n’aime pas les noms à rallonge qui encombrent la classification dans le metal, mais ici, pas vraiment le choix.
Avec tout ce boogie-boolga (NdMetalfreak-enfin : gloubi-boulga peut être ? Tant qu’on reste dans les extra-terrestrialités), j’aurais été en droit de craindre un travail autour du son raté, tant les éléments disparates qui composent cette oeuvre musicale complexe pouvaient laisser craindre le pire. Que nenni! L’ensemble sonore est impeccable, et je devine qu’il aura fallu faire un énorme travail en studio pour accoucher de trois CDs aussi réussis. Alors, une petite mise en garde tout de même : beaucoup de morceaux ressemblent à un début de cacophonie dans le sens où le spectre sonore est parfois noyé dans tous les instruments. Il faut donc apprécier les œuvres tellement complexes que parfois, le son fatigue vite pour aimer le rendu sonore. C’est un peu le risque bilame de mélanger des instruments aussi « éloignés » aussi bien dans l’intention musicale basique que dans le son qu’ils renvoient en eux-mêmes, mais à titre personnel j’aime beaucoup. J’ai eu le sentiment, en revanche, que le son variait entre les trois CDs, comme si l’univers musical était différent selon le CD que l’on écoute. Le premier a un son plus cacophonique justement, le deuxième est plus strident et renvoie même à une froideur que l’on peut retrouver un tantinet dans le black metal, et le troisième est plus épuré, on sent qu’il y a un peu moins d’instrument et donc le spectre sonore est plus agréable et ravira probablement plus les auditeurs habitués à un confort sonore plus commun. La richesse musicale ne s’arrête donc jamais dans cet album?
Je disais donc qu’il y avait trois CDs, les deux premiers ayant chacun six morceaux et le dernier n’en ayant que quatre. Cela fait un total de seize morceaux que, je préfère vous prévenir, vous allez avoir beaucoup de mal à vous enfiler d’une traite. De fait, cet album fonctionne un peu comme un roman : à moins d’avoir une suite logique dans le fil de l’histoire qui vous tient en haleine, vous allez le lire en plusieurs fois. L’album ressemble à un concept album en trois chapitres mais les morceaux sont tellement denses et longs que vous allez surement vous arrêter plusieurs fois en cours de route. J’ai le sentiment que le premier CD a une dimension très psychédélique mais avec une atmosphère positive, qui part dans la méditation transcendantale et dans l’optimisme, un peu comme chez les bouddhistes si on tomberait dans le cliché. Le deuxième CD est beaucoup plus sombre et torturé et me fait penser à cette divinité négative que l’on a sur la pochette. Et le dernier ressemble à une forme d’apaisement, ce qui me laisse penser qu’il y a une grande part de croyances et de psychologiques dans cet album, comme un cheminement personnel qui part d’un positivisme aveuglant, passant par le doute si perturbant et allant vers l’apaisement, la sérénité. Honnêtement, j’ai un sentiment très mitigé sur l’album, qui est certainement dû aux différents décors plantés en fonction des CDs entendus. Cette impression changeante est lié, selon moi, à ce travail de composition qui frôle nettement le trop-plein d’intention et qui noie l’auditeur littéralement. Fort heureusement ce constat ne prévaut pas pour tout l’album, mais je pense qu’il est quasiment impossible de sortir un constat final sur ce CD. J’y reviendrai plus tard.
Il y a parfois quelques lignes de chants qui sont là justement pour étayer la dimension méditative et qui sont trop peu nombreuses pour que j’y amène un intérêt sincère. Je ne pense pas qu’il y ait de textes, ou alors j’ai mal compris aux différentes écoutes que j’ai pu avoir. Vous me direz, lire le nom des morceaux suffit largement à se perdre dans les multiples sens que l’on peut y trouver, alors on va éviter d’imaginer qu’il y ait des textes, sinon on finira le cerveau liquéfié…
En fait, pour conclure cette chronique, j’ai l’impression de ne pas avoir été bon. C’est extrêmement frustrant. Cette chronique n’est clairement pas assez longue pour parler du CD et j’ai le sentiment d’un devoir bâclé. Mais en toute franchise, il ne pouvait pas en être autrement tant l’album Eons de Neptunian Maximalism est une oeuvre beaucoup (trop) complexe pour être expliquée en détail. L’écoute des trois CDs conduit vers un ascenseur émotionnel, psychologique et instinctif tellement variable que l’on ne peut pas mettre de mots rationnels pour parler de l’album. Et c’est un constat franchement dérangeant car je serais incapable de dire exactement si j’ai aimé ou non cet album. De même que je suis incapable de dire si cet album est bon ou non. De même également que je suis incapable d’émettre un avis objectif ou subjectif. Cet album m’a tout simplement mis en confusion mentale. Alors comme on dit dans la Justice, au bénéfice du doute et parce que sans apprécier assurément, l’on peut au moins reconnaître que la musique est issue d’un travail de composition exceptionnel, je mets une note positive car je suis intimement convaincu que l’objectif de cet album est justement de déranger, ou de perdre l’auditeur. Alors si les musiciens me le confirment, je me sentirais mieux. Retenez simplement que cet album est d’une extraordinaire complexité, et qu’il n’est surement pas à mettre dans les oreilles de tout le monde. Et que je comprends les différents changements de line up : il faut vraiment être balèze pour retranscrire l’immensité du pouvoir créatif de Guillaume Cazalet qui est soit un génie quasiment absolu de la musique et un musicien hors pair, soit l’esclave d’un cerveau en totale perte de contrôle et en free-lance depuis des années. Allez savoir!
Tracklist :
CD1:
1. To The Earth: Daiitoku-Myōō no ŌDAIKO 大威徳明王 鼓童 – L’Impact De Théia durant l’Éon Hadéen 06:13
2. To The Earth: NGANGA – Grand Guérisseur Magique de l’ère Probocène 08:35
3. To The Earth: LAMASTHU – Ensemenceuse du Reigne Fongique Primordial & Infanticides des Singes du Néogène 03:59
4. To The Earth: PTAH SOKAR OSIRIS – Rituel de l’Ouverture de la Bouche dans l’Éon Archéen 09:16
5. To The Earth: MAGICKÁ DŽUNGL’A – Carboniferous 02:20
6. To The Earth: ENŪMA ELIŠ – La Mondialisation ou la Création du Monde: Éon Protérozoïque 07:10
CD2 :
7. To The Moon: ZÂR – Empowering The Phurba / Éon Phanérozoïque 07:05
8. To The Moon: VAJRABHAIRAVA Part I – The Summoning (Nasatanada Zazas!) 06:03
9. To The Moon: VAJRABHAIRAVA Part II – The Rising 02:04
10. To The Moon: VAJRABHAIRAVA Part III – The Great Wars of Quaternary Era Against Ego 08:35
11. To The Moon: IADANAMADA! – Homo-sensibilis se Prosternant sous la Lumière Cryptique de Proboscidea-sapiens 05:37
12. To The Moon: Ol SONUF VAORESAJI! – La Sixième Extinction de Masse: Le Génocide Anthropocène 12:32
CD3 :
13. To The Sun: EÔS – Avènement de l’Éon Evaísthitozoïque Probocène Flamboyant 18:32
14. To The Sun: HEKA HOU SIA – Les Animaux Pensent-ils Comme on Pense qu’ils Pensent? 06:20
15. To The Sun: HELIOZOAPOLIS – Les Criosphinx Sacrés d’Amon-Rê, Protecteurs du Cogito Ergo Sum Animal 15:24
16. To The Sun: KHONSOU SOKARIS – We Are, We Were and We Will Have Been 08:36
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