(NO) Hope in Sight – Embrace

Le 14 juin 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Stéphane Pousse : chant
  • Pascal Autric : guitares
  • Thierry Bompard : basse
  • Fabien Giordani : batterie

Style:

Metal Gothique

Date de sortie:

30 janvier 2021

Label:

Autoproduction

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10

« Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon ;
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l’horizon.
Cependant, s’élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs :
Le voyageur s’arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts. » Alphonse de Lamartine

Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, encore faut-il être lu ce qui, dans le monde de la Chroniquie, est une denrée rare désormais, mais je ne fais presque jamais référence à des… Références. Pour une raison très évidente : j’ai toujours peur de faire des comparatifs foireux. Mes collègues chroniqueurs s’amusent à tartiner leurs monologues prosaïques avec leurs références, probablement très certains de leurs comparaisons et qui, pour les publier, sont plus que pertinentes. En ce qui me concerne, je n’ai pas du tout l’audace de faire cela. Autant me mettre à nu à un salon du livre pour présenter mes bouquins de poésie, si intimistes soient-ils, j’y arrive! Parler de certains de mes écrivains préférés en étant sûr de ma culture, j’y parviens. Pire encore : faire des comparaisons entre films, j’y arrive même si parfois je reconnais sans peine que mes assemblages d’extraits sont osés. Mais alors… Mettre dans une chronique qu’untel album ressemble à untel autre, qu’un groupe me fait penser à un autre, je n’y arrive pas. Enfin si! Dans la géométrie variable qui me sert de cerveau, j’y arrive sans difficulté, et je suis souvent presque fier de trouver des références! Mais les coucher par écrit sans me ridiculiser derrière mon écran de pc portable, ça, impossible! Il n’y a pas longtemps, je me suis risqué à l’exercice dans la chronique de Venin Carmin en mentionnant des références non seulement tellement commerciales que c’en est affligeant (Indochine, Marilyn Manson, etc.), mais en plus je suis convaincu que j’ai vexé les deux fifilles derrière ce projet musical avec mes pseudos-recommandations. Et pourtant, l’envie ne manque pas mais c’est un peu comme se retrouver le caleçon sur les chevilles, face à une fille, et ne pas savoir mettre en valeur… Non! J’arrête! Vous avez compris où je voulais en venir. Je suis de fait un peu arrangé par cette nouvelle chronique, qui concerne le groupe (NO) Hope in Sight et son album Embrace, parce que les références assumées du groupe, je ne les aime pas ou ne les ai jamais vraiment écoutées. On part donc sur de l’ingénu, du neuf, du prime time!

(NO) Hope in Sight est, si vous êtes initiés, un morceau du groupe Paradise Lost. Mais c’est aussi et surtout un groupe qui nous vient d’une ville que je connais bien puisque non loin de ma ville de toujours : Avignon! Le groupe s’est formé en 2017, jeune formation en perspective qui propose donc un premier album derrière le doux nom laconique d’Embrace. Voilà, c’est grosso modo ce que l’on peut dire de nos avignonnais qui fonctionnent comme un quatuor. Après, il y a simplement une petite chose qui me fait (toujours un peu) tiquer, c’est l’appellation de leur musique, le dark metal. Si j’en crois mes sources, le dark metal est un genre plutôt old school, qui a connu son heure de gloire – non avérée clairement au passage – avec des groupes comme Black Sabbath. En fait, c’est bien le souci de ce genre de metal : il n’y a pas vraiment de définition. Du coup, quand je vois dark metal quelque part, je ne sais pas si je dois penser à Triptykon qui se fait appeler ainsi, ou des groupes plus représentatifs selon moi comme le récent Death of a Dryad que j’ai eu le bonheur de faire en chronique. Ou encore, le groupe Ulvand, fait également. Mais le souci c’est que chaque groupe évolue dans un registre qui me semble bien établi et qui n’a aucun rapport avec les autres : doom metal, metal folklorique, ou encore death mélodique. Donc bon. A quoi m’attendre avec (NO) Hope in Sight?

La pochette va quelque peu m’éclairer ma lanterne. En plus d’être absolument sublime, elle rassemble tout un amoncellement de symboles qui n’est pas sans rappeler un côté gothique. Bon, ce serait une entreprise un peu longue que de détailler avec moultes observations ce que je vois de la pochette, mais je vais m’attarder un peu sur quelques images. L’ensemble me fait penser à ces décors un peu d’époque victorienne, période sombre et un peu trop bigote, avec des représentations angéliques mêlées de noirceur, ce saint avec des ailes noires, ces fleurs qui font très romantiques mais morbides, les colombes pleines de symboles possibles mais avant tout de paix, cette fenêtre, etc. Tout cela me fait penser à une sorte de rédemption mais qui passerait probablement par la noirceur, ou quelque chose de l’ordre de la souffrance. C’est toute l’ambiguïté de ce gothisme, qui s’amuse à jongler sur les motifs religieux pour les détourner, et parfois sans faire exprès ou pas, encore plus les renforcer. Déjà que la religion catholique est un égrégore incroyable… En tout cas, la pochette plante, comme je disais, un décorum assez gothique, voire romantique. Je m’attends donc à un « dark metal » franchement pas agressif, plutôt calme et planant. Quoiqu’il en soit, la pochette est vraiment superbe, ce n’est pas mon genre de prédilection mais je reconnais sans problème que le choix de l’artwork et le travail qui a été fait pour aboutir à lui sont remarquables d’efficacité.

La musique est exactement ce à quoi je m’attendais en regardant la pochette! J’ai aussi été pas mal aidé par les références assumées du groupe (NO) Hope in Sight, et j’ai vu les noms de Katatonia et Paradise Lost circuler, j’ai compris instantanément que le metal proposé par nos amis du sud ne serait pas des plus agressifs du tout! On navigue plus sur un registre de metal gothique, voire même de metal progressif ou de doom metal mais en version plus rapide quand-même. Je reconnais d’ailleurs aussi quelques petits élans de Moonspell. Je me dois d’être objectif d’autant que pour être franc, si je m’étais fié à mon oreille plus personnelle, je n’aurais pas franchement accroché à Embrace. D’abord parce que les gros groupes cités en référence, je ne les aime pas plus que cela. Et ensuite, parce que les albums qui démarrent trop mollement à mon gout, comme ici, je décroche en principe très vite. Il faut un minimum d’ambiance ou que ça parte directement pour que je reste intéressé. Je reproche donc à cet album de partir un peu trop lentement. Pour le reste, la musique découverte en première écoute s’est avérée bien construite dans l’ensemble, dans un rôle plus apaisant qu’autre chose avec ces expressions romantico-dramatiques, ces morceaux qui se maintiennent dans une linéarité assez simple au final, mais propre et nette à la fois, avec un ou deux plus posés presque en ballade, on est en présence donc d’un album bien raccord avec ces inspirations, sans tomber non plus dans le plagiat, avec une identité certaine. (NO) Hope in Sight m’a donc offert ce qui ressemble bien après une seule écoute à une belle entrée en matière dans le monde du metal gothique. Pas fanatique du tout du style, l’écoute n’en a été pas moins agréable et plaisante.

La production est en tout cas bien propre, sans bavure particulière, du moins pas primesautière. Je dirais que l’on entend très bien l’ensemble, il y a une belle atmosphère qui est mise en avant et qui donne ce côté planant limite doom metal que je retrouve par exemple chez Eclipse of the Sun. Après, on est loin d’une vraie production metal dans le sens où il faut savoir corréler la musique saturée avec l’empreinte gothique qui se fait plus présente en format industrielle ou électro. Donc, je dirais que la grande réussite de ce son, c’est de réussir à créer un alliage solide de metal par la saturation et le côté un peu simpliste du metal brut (on est ni sur un son épais à la death metal, ni un son nasillard à la black metal par exemple), et les moments plus atmosphériques, plus instrumentaux de la partie gothique. Voilà en quoi je trouve la production fort belle et c’est bien cette dernière qui m’a permis de pousser mes investigations de manière lointaine.

Pour les compositions, je vais être un peu moins apologétique que plus haut puisque plusieurs écoutes m’ont suffit pour déterminer un point essentiel à améliorer : la diversification. En fait, pour faire simple, les compositions se répètent un peu trop. Cela manque de conception. Je trouve que l’on joue trop la même carte entre les huit morceaux et les ajouts de piano par-ci, de moments en clean par-là, ne permettent pas de démarquer chaque piste. Sans exagérer ni parler de surcharge, mais j’aurais préféré largement qu’il y ait des variations supplémentaires. Après, la question est de savoir où. J’aurais vu au chant par exemple, varier un peu plus la technique vocale ou mettre des chœurs. Ou aussi jongler plus sur l’immense pouvoir du progressif, faire des montées en puissance ou simplement changer de structure ou d’accords, etc. En tout cas, je ne dirais pas non plus que l’on s’endort, mais cela manque déjà de base de punchy, de patate, alors si en plus on a des bases séculaires identiques ou très peu d’ingéniosité, disons que l’on va vite passer à autre chose selon moi. Je n’irai pas non plus jusqu’à affirmer que (NO) Hope in Sight fait exprès de se concentrer uniquement sur une même ligne de conduite et apporter de trop légers soubresauts. C’est ce qui ressemble un peu à ce qui se fait souvent sur un tout premier album comme Embrace : on ne prend pas de risque, ou très peu. Voilà donc ce qui selon moi mériterait que l’on améliore. Un album qui tourne un peu en rond, et qui devrait proposer autre chose, mais qui n’en demeure pas moins bon et attrape-oreille.

Il est de bon ton de souligner que les musiciens semblent très bons dans leurs instruments, et comme souvent je vais m’attarder sur le chant qui est selon moi le plus gros potentiel mais aussi le moins mis en avant à ce jour, pour Embrace. J’ai trouvé le vocaliste juste, bon techniquement, semblant même habité par ce qu’il déclame, et à ce titre j’ai été un peu déçu de constater que là encore, l’investissement en était au minimum syndical. Je suis convaincu qu’il peut faire mieux, beaucoup mieux que de rester sur la même tessiture tout l’album et variait que trop peu comme il a fait. Quand on a de la voix, du coffre et qu’en plus on est censé être motivé comme sur un premier album, on devrait envoyer le crachin! Mettre le feu, ou dans un registre metal gothique, monter un peu plus dans les aigus quoi. Là, on a l’impression que le type nous fait sa contrition… Limite on l’imagine les mains jointes en position de prière. Alors que par moment, rares de surcroit, il aurait fallu augmenter le volume et la volonté! Histoire de réveiller l’auditeur et de le transporter comme l’on pourrait dans un monde très empreint de foi comme chez (NO) Hope in Sight. C’est trop posé pour moi. J’avais prévenu que ce n’était pas mon style favori ceci dit…

Mais j’ai toutefois envie de faire un dernier paragraphe sur les textes que j’ai pu lire grâce à Bandcamp. Et je me suis aperçu que (NO) Hope in Sight jouait évidemment la carte romantique de fort belle manière, même si en anglais, mais aussi de quelques petites notions philosophiques, presque de l’art de vivre! Et ça, j’avoue que j’ai été surprise, agréablement il faut le dire, de voir qu’un groupe propose autre chose que les éternels onguents gnian-gnian. Bon, petite note : dommage que ce soit en anglais mais c’est purement mon point de vue.

Pour terminer ma chronique, j’essayerai de bien faire comprendre que ma démarche de ne pas citer de références m’a bien aidé ici. Je l’ai fait une fois, si l’on fait fi de celles de (NO) Hope in Sight. Et même celles-ci ne m’ont pas aidé puisque je ne connais pas assez. Simplement, j’ai pu émettre une opinion des plus objectifs pour un album comme Embrace qui, je l’ai dit, n’est pas du tout le genre que j’achèterais et… Que j’achèterai. Vraiment non, le metal gothique dans cette forme-ci très peu pour moi. MAIS! Il n’en demeure pas moins que l’album est très bien produit, qu’à part une redondance dans la base de composition, les morceaux sont bien faits également, et qu’en soi, je n’ai rien à reprocher de particulier à Embrace. Rien de rédhibitoire en tout cas, et je pense que le groupe a réussi à proposer un album très inspiré par ces sources, mais qui a su trouver son lit de rivière et ainsi ses courants convaincants et contraires, me permettant ainsi de donner un avis favorable et légèrement réservé, avec une note idoine. (NO) Hope in Sight signe donc un premier album intéressant, qui ravira les fanatiques du genre gothique à la Moonspell ou Paradise Lost, et qui mérite donc une mise en lumière.

Tracklist :

1. One Day 04:15
2. Inner Sanctum 04:11
3. Promises 05:22
4. Your True Character 04:49
5. Walking In My Shoes 05:39
6. Path 04:14
7. Dying To Live 05:17
8. In The Next Room 06:37

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